mardi 30 septembre 2008

Danse et mets tes baskets.

* C'était assez frappant, en revoyant l'immense Breakfast Club avec l'ami TBA, cette très étonnante proximité du film de Hughes avec Mods. Ça ne m'était pas apparu en voyant le film de Bozon pour la première fois, mais à rebours, ça me paraît pas idiot. Je peux pas jurer que Bozon l'a vu, ni qu'il s'en est inspiré pour Mods, et pourtant la parenté des séquences de danse, par exemple, est tout à fait probable. Danses de non-danseurs, surgissant sans prévenir, d'un élan commun, d'une belle énergie maladroite, drôle et touchante, investissant géométriquement l'espace, et très rigoureusement découpées... Par hasard ou par volonté, ces séquences sont en tout cas sœurs.






* Ne m'avait jamais frappé non plus que le dernier acte de Breakfast Club n'a peut-être jamais eu lieu. En fait, plusieurs choses suggèrent que les conduits d'aération ne se sont jamais effondrés sous John Bender, qu'il n'a pas trouvé d'issue et qu'il est revenu dans le réduit où Vernon l'avait enfermé (c'est un détail de montage, un même plan de Bender à quatre pattes dans le conduit, répété inversé dans le même exact angle à un point de rupture clair du schéma actanciel, qui renseigne sur cette lecture possible) et que le troisième acte n'était que fantasme, ce qui expliquerait le dérèglement narratif (notamment) à l'œuvre par la suite, la contagion surréaliste.

* J'hésite à parler de Frownland, à la rigueur le mieux c'est peut-être encore de pas en parler, de pas faire comme s'il méritait qu'on en cause. Ou alors pour dire qu'il n'est en rien différent des moins bons films indépendants US, des plus clichés, des plus convenus, des plus insupportables, que ça a exactement à avoir, que c'est exactement la même chose, sauf qu'en plus de traîner ses personnages dans la boue, de les mépriser, le film écorche les yeux.

lundi 29 septembre 2008

Entre les murs, rien.

* Je n'avais pas répondu au commentaire de Yannick V.,parce que je ne pouvais le faire tant que je n'avais pas vu le film. Après visionnage, je ne crois pas que Meirieu ne parle pas du film, c'est le film qui ne parle pas de cinéma, qui ne laisse à voir que le débat social, pain pénit pour la presse, machin reportagesque vaguement exhaustif, quand Meirieu parle d' "une juxtaposition de tableaux plus ou moins exotiques", il parle vraiment du film, je cite à nouveau : "C’est une galerie de portraits complaisants. On met en scène des archétypes de professeurs et ­d’élèves, des morceaux de bravoure qui, certes, peuvent exister, mais qui ne permettent pas vraiment de comprendre ce que pourrait être une école démocratique et exigeante pour ces jeunes aujourd’hui… Et, pire, le film laisse entendre qu’il n’y a pas d’autre alternative pour l’école que ce que nous voyons là."

* Alors j'évacue immédiatement ce qu'on pourrait, à raison, me reprocher de subjectivité. Oui, l'éducation nationale, je ne la connais que trop bien, mon père, mon frère, ma soeur, mon beau-frère, ma belle-soeur, travaillent pour elle ; moi-même j'ai baigné dans la pédagogie, et ai mis la main à la pâte en tant qu'animateur de colos ou qu'assistant d'une prof de latin/français aveugle. Une classe, je sais très bien ce que c'est, l'enceinte d'un collège vue du côté du manche, je connais par coeur, les ambiances de salles des profs, de conseils de vie scolaire, etc, etc. Tant et si bien que depuis longtemps j'ambitionne d'écrire quelque chose sur l'école. Je l'ai fait, d'ailleurs, il y a quelques années, un scénario de court métrage intitulé La Cour, court métrage suivant les débats d'un pré-conseil de discipline. Projet déterré récemment et en phase de réécriture avec l'ami T. J'avais eu le sentiment, à la relecture, que La Cour n'avait jamais réussi à se concrétiser parce que le projet était trop neutre, trop naturaliste, alors que j'aspirais pourtant à me situer du côté du genre, du film de procès mêlé de teen movie, et que le résultat n'y était vraiment pas. C'est donc dans ce sens qu'avec T., on essaie de retravailler. Et c'est aussi pour cela que je ne pouvais pas faire l'impasse sur Entre les murs, ne serait-ce que pour avoir confirmation de ce qu'il ne faut pas faire.

* TBA, sur msn, me parlait de neutralité, je pense que c'est encore pire que ça. On est ici très clairement dans l'instrumentalisation, c'est "entre lémuriens" en fait, Cantet en dresseur de singes savants qu'il vidéosurveille, il n'y a pas d'autres mots. Trois caméras dans la salle de classe, on improvise, on lance des situations, on les pousse jusqu'à la rupture, ça fera du spectacle, il n'y aura pas de point de vue, mais ça fera des vignettes, et ce sera drôle, et cocasse, et sociétal pour autant, c'est ça la direction d'acteurs, non? le réalisme? le juste mot comme on dit le juste prix?

* À écouter les rires de la salle avant-hier soir, j'avais presque honte d'être là, c'est peut-être ça le pire, ce sont les rires, cette manière de susciter le rire, de mettre à distance, cet entomologisme tellement confortable, tellement répugnant, cette manière de conforter le spectateur dans l'idée qu'une classe estampillée ZEP, c'est le Jamel Comedy Club en permanence, ce qui vire en somme au racisme latent, "on aime les Noirs quand ils font rire" déglutit le psy de comptoir de Y'a qu'la vérité qui compte dans 20 minutes de bonheur, c'est un peu ça aussi ici, on ajoute peut-être on les aime aussi quand ils font pleurer, mais c'est pas pour autant qu'ils nous intéressent, on se souvient qu'ils sont là, on les aime comme objets de société, on s'en débarrasse ensuite.

* Le seul beau moment du film, pour moi, c'est très certainement cette gamine qui dit "je comprends pas ce qu'on fait", à la limite c'est "je comprends pas ce qu'on fait là", ce qu'on fait là, dans ce film. Mais c'est pas assez une question "de pétasse", alors le film s'en fout... Et qu'on ne me dise pas que je confonds le personnage de Bégaudeau et le film, le film se place clairement derrière Marin, c'est d'ailleurs en somme son seul choix de mise en scène (seul choix, oui, ne venez pas me citer les plans finaux des chaises vides, je me demande qui, écrivant quelque chose sur l'école, ne mettrait pas ou pour le moins n'aurait pas l'idée d'un tel plan, dans la V1 de son scénario), au tout début, lorsque la caméra le suit quittant le café, héroïsation évidente, preux chevalier à l'assaut de la poussiéreuse école... Si ce n'est pas préparer sa future soirée Théma, alors qu'est-ce que c'est?

* Très envie, du coup, de voir Manue Bolonaise.

dimanche 28 septembre 2008

samedi 27 septembre 2008

vendredi 26 septembre 2008

Térassé.

* Dites, vous saviez, vous, que Gossip Girl avait repris? Et vous attendiez quoi pour me prévenir?

* J'avais envie de faire une petite thématique véner cinéma français de genre et puis non, enchaîner Dante 01 et Chrysalis c'est trop douloureux, je ne conseille ça à personne, c'est déprimant, décourageant.

* Je vous laisse, comme promis tantôt, pour le week-end avec Sylvia. Je pense aller faire un tour par là, sous peu (pas au cocktail, hein, à l'expo), je verrai si j'en reparle.

jeudi 25 septembre 2008

La France.

* À force, j'accumule et je me demande ce qu'il faudrait pour que l'audiovisuel français, dominant essentiellement mais pas que, se botte un peu le cul. Je commence à connaître l'envers des décors, j'ai tâté du mainstream comme de l'art&essai, de l'UGC comme de la petite boîte obscure, j'ai dû toujours mal tomber.

* Plus ça va, plus la faute me semble incomber à la production, je n'arrive pas à voir les choses autrement, c'est tout de même le maillon décisif, celui qui décide de la potentielle mise en chantier, qui donne son feu vert, greenlightage qui sera suivi ensuite ou pas par le CNC, les chaînes, les Sofica et tout le tintouin, qui sont aussi coupables, bien sûr, puisqu'il arrive ce moment fatidique où ils valident et débloquent les fonds. Mais à la base, la force de proposition, elle vient des producteurs, qui portent leur projet donc doivent bien, d'une manière ou d'une autre, y croire.

* J'en discutais pas plus tard que tout à l'heure avec Jiko, moins au fait des mécanismes à l'oeuvre, et nous déprimions de conserve à feuilleter les potentielles cases dans lesquelles un de nos projets pourrait se faufiler. La grille des programmes, évidemment, nous est tombée des mains, il n'y avait rien à faire, rien à tenter, si on tentait ce truc, alors il faudrait s'adapter à cet autre truc, si on décidait de cette durée, alors on ne pourrait pas prétendre à... Et puis il y eut ce coup de fil à Noony, qui lui commence à être vacciné, ne s'effarouche plus, a compris, tente d'en faire son parti, et nous conseillait d'ajouter voix off ici, gimmicks là, noms connus partout. Il a raison, bien sûr, si on voulait que ledit projet soit viable, il fallait en passer par là, mais alors le projet n'était plus à nous, il se fondait dans la masse, se conformait, et l'envie d'en être de nous passer. Aucun producteur ne nous soutiendrait, ça ne vaudrait même pas la peine, pour aucun producteur, de perdre du temps à frapper aux portes avec un tel projet. Bien sûr, bien sûr, je le sais, commence à le savoir par cœur, m'y confronte sans cesse, voyez le post d'hier par exemple....

* Mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il faut bien un moment où les chaînes ont besoin d'alimenter leurs tuyaux, et que si le panel de choix était plus ambitieux que l'auto-censure des producteurs l'autorise... Rêve, doux rêve, bien sûr, Jiko me demandait ce qui empêchait l'un ou l'autre des décideurs de tenter un truc, de temps en temps, de lancer un ballon d'essai, à perte, un peu comme les danseuses en édition. On peut accuser le système entier, mais alors rien ne bouge. Si j'en veux de plus en plus à la production française, c'est que je la trouve simplement, majoritairement, sans couille. Sans ambition. Sans exigence.

* Je me souviens d'une discussion pas très vieille avec CdZ, qui m'expliquait son besoin de critiques pour son travail, et que ce besoin était rarement satisfait, et que c'était dommage, que ça ne permettait pas de prendre du recul ; nécessité d'être réveillé, secoué, de manière constructive s'entend, bien sûr, d'être accompagné, qu'on demande mieux, qu'on nous demande le meilleur, de nous surpasser, de remettre l'ouvrage sur le métier.

* Autant il ne m'est pas simple de percer à jour les raisons du refus d'un producteur, ou d'un éditeur, ou de quelque commission, qui en général s'expliquent tellement peu, qui en général disent non et n'encouragent en rien ni même ne découragent, n'affichent pas leurs goûts, leurs envies, leur ligne, autant les bras peuvent m'en tomber quand je vois ce qu'on signe.

* Prenez l'exemple, et tant pis qu'il s'agisse de tirer sur l'ambulance, l'exemple du cinéma de genre à la française, territoire sinistré s'il en est. Comment Richard Grandpierre peut-il donner son blanc-seing à des machins comme Martyrs ou Dante 01? Qui, honnêtement, n'aurait pas pu deviner que les 7 millions d'euros de Dante 01 seraient gâchés dès lecture du projet? Qui a pris la peine d'au moins lire les dialogues à voix haute? Si quelqu'un l'a fait, alors il faut qu'il change de métier, on ne peut pas valider un truc pareil. Et quand bien même, qui a pris la peine de regarder les premiers rushes et de tirer la sonnette d'alarme? Entre ceux qui jouent comme des cochons et ceux qui font ce qu'ils peuvent avec le texte merdique qui leur est donné à se mettre en bouche, comment le mur vers lequel les acteurs fonçaient à toute blinde n'a-t-il pu être évité? Et qui a pris la peine de discuter de son projet de mise en scène avec Caro? Pas de ses effets visuels, qu'on s'entende bien. Pas de son production design, pas de ses maquillages, mais bien de sa mise en scène. La gratuité phénoménale du moindre des effets du film (et il y en a un sacré paquet) crève les yeux de quiconque jette un œil à quelque séquence que ce soit. Où était alors la production? Qu'est-ce qu'elle foutait?

* Ou bien faut-il dès lors supposer que les scénaristes français n'ont que de la merde à proposer (ceci dit, ayant fait office de lecteur chez UGC un temps, je dois bien avouer n'avoir rien croisé de bon, de tout le temps où j'y pointais...), et que c'est la moins odorante qui, de fait, a les honneurs. À partir de quand considère-t-on qu'un projet est passable? Et, de là, depuis quand "passable" suffit à une mise en production?

* Je sais bien qu'il y a des impératifs, que certains films doivent vite se monter et se financer pour rembourser l'échec du précédent, que pas mal de boîtes vivotent de cette manière, sur respirateur artificiel... Mais quelle indulgence! Et j'en ai vu autant chez les "petits", les "modestes", j'y ai vu une même... fainéantise? lâcheté? indolence? Je ne sais plus comment appeler ça. Ce projet est en réécriture depuis six mois et il n'est toujours pas bon? Oui, mais ça fait six mois! Tant pis!

* Je parle des autres, mais je peux aussi bien parler de moi, je pense que Passemerveille, par exemple, est entré en production beaucoup trop tôt, que l'écriture n'était pas achevée, et qu'on avait de la veine qu'il s'agissait d'un documentaire, que le tournage a permis de rattraper le coup, que le montage a pu se permettre de prendre son temps. Mais continue à m'être avis qu'avec une phase d'écriture mieux concertée, plus approfondie, plus longue, pas plus longue pour être plus longue, entendons-nous bien, je n'ai pas de durée adéquate à indiquer, la bonne durée c'est la bonne durée, que donc avec ce travail supplémentaire, on aurait évidemment pu mieux faire.

* Évidemment il n'est pas dur d'imaginer l'excès inverse, un excès de frilosité, un surverrouillage, on est bien d'accord, je suis pas stupide à ce point, ce à quoi j'aspire est évidemment dans un entre-deux salutaire. Et il n'y a bien sûr pas de formule magique qui soudainement rendrait tous les films meilleurs, il y a bien sûr quantité d'exemples de films écrits, tournés, montés, produits en un mot, à l'arrache, et sublimes malgré tout. Mais le cinéma français, lorsqu'il n'agit pas qu'en fonction de ses futurs annonceurs TV, a cette prétention de croire à ce mythe que tout type armé d'une caméra et d'une vague envie en est capable. La facilité dans ce débat étant bien sûr toujours de chier au visage de la Nouvelle Vague, qu'on accable de tous ces maux par commodité, sans pour autant tenter de soigner le mal dont on l'accuse d'être à l'origine. Qu'y peut la Nouvelle Vague si on l'a surestimée jusqu'à assimiler son héritage de traviole?

* Oui, bon, vous me direz que je mélange encore un peu tout, hein, mais c'est ma spécialité, ça.

mercredi 24 septembre 2008

Tu risques de te faire pincer très fort.

* Le 6ème Gemütlich de Jiko est magnifique.

* Comme je racontais au Khan le grand classique du refus Sirté-Bajien (le résumé estampillé CNC de Sirté-Baja, cette grande série TV que tu verras jamais, et c'est bien normal étant donné qu'elle a reçu son sceau "Fonds d'aide à l'innovation audiovisuelle" et qu'il y a un mot dans cette proposition qui ne s'applique plus, depuis un bon paquet d'années maintenant, à ta petite chouette et francophone lucarne, la briotch, donc, de Sirté-Baja, est pour information lisible sur ce forum que je ne connais pas et où d'aucuns supposent qu'on va rien y comprendre, et d'autres que ça pourrait le faire, c'est beau Simon, on a eu un fan!), le grand classique, donc, c'était "une série TV avec plusieurs points de vues? on n'a jamais vu ça".

* Je vous ferai pas l'affront de démontrer ici le contraire, mais vous imaginez bien que j'avais, sur la question, un tant soit peu de répondant.

* En revanche, l'argument sur lequel j'avais plus de mal, c'était le coup de "deux points de vues à deux époques, qui influent l'un sur l'autre à plusieurs années de décalage? on n'a jamais vu ça". Il m'hallucinait quand même pas mal que, si on ne l'avait effectivement jamais vu (ce dont déjà je doutais), on n'ait pas l'envie de justement tenter le coup, de justement innover, de surprendre, de n'être pas, comme toujours, la dernière roue du carrosse en matière d'idées neuves de fiction TV. Alors, un peu découragé, je dégainais un Retour vers le futur de bon aloi, rappelant au passage que les paradoxes spatio-temporels ("mais c'est trop compliqué! les téléspectateurs ne peuvent pas comprendre les paradoxes spatio-temporels!") pouvaient fort bien faire un brouzouf monstre, et même voir leur succès perdurer par-delà les époques et les modes. Mais non, il leur fallait l'exemple-type, il fallait qu'on puisse leur dire "on a copié là-dessus", "on a fait un Film-Connu-like".

* Et le Khan, donc, de me répondre que j'aurais pu citer Fréquence Interdite, et de me sortir le DVD de derrière les fagots de figurines geekifiantes qui égayent son antre. Merci Video-Future de mon cœur, je ne connaissais pas la bête, et vint donc la séance de rattrapage.

* Déjà dans le métro, en lisant la briotch au dos de la jaquette du film de Gregory Hoblit, j'avais confié ma crainte au bon TBA, de passage par Balkanyville, que la chose soit pétrie d'augustinisme, de calvinisme, de luthéranisme que sais-je, ou au mieux de semi-pélagianisme, et qu'en tous les cas, contester les bonnes grâces de la prédestination méritât à coup sûr un grand coup de règle divine sur les moignons. Bah oui, c'était bien ça, fallait pas jouer avec le destin, si lou bon dieu l'a voulu de ton papa, comme dirait Chevènement, c'est qu'il avait ses raisons, impénétrables comme tu t'en doutes, mais ça va pas tarder, tu vas voir...

* Et pour voir, on voit, la leçon sera bien rabâchée, on sèchera plus le catéchisme, c'est promis, le grand must étant les entartinades finales, happy endantes malgré tout, mais tellement sublimement nœud que vous avez bien mérité que je vous les rippe (et si tu veux pas te faire spoiler, bah tu cliques pas) (anamorphosé par vimeo, je sais pas pourquoi).




* Nullité boréale, donc, 114 minutes qui n'en finissent pas, malgré soyons honnête quelques morceaux de mise en scène de-ci de-là (j'aime beaucoup deux idées de surimpressions, la première c'est la plongée sur le fils qui vient enfin d'apprendre à faire du biclou, et qui tourne autour de son père, tant et si bien que, la surimpression aidant, leurs deux ombres se font aiguilles d'horloge ; et la très belle séquence où père et fils, enfin convaincus qui ni l'autre ni l'autre ne sont un hoax, discutent à bâton rompus, jusqu'à ce que la surimpression les mette côte-à-côte, leurs bouches sont d'ailleurs tellement proches que je commençais à me demander s'ils allaient oser le palot Inuit - mais non), 114 minutes qui poussent le vice réac tant du côté de la peine de mort ("je veux te raccourcir la vie", au moins c'est clair - et ça change de "t'élargir le pénis") que de celui de la morale anti-clope (ou plus bêtement anti-mort : l'incendie n'a plus tué mon père, chouette, mais maintenant c'est le cancer, faut qu'il arrête de fumer - heureusement ensuite il survit, il a dû faire du sport et s'acheter un fusil).

* Du coup j'ignore si ça aurait servi Sirté, qui marchait sur, je vous rassure, d'autres chemins. Le retour dans le passé y était motivé par l'envie de changer radicalement, il y avait un projet derrière ce retour, un projet d'abord individuel certes, à la fois fuite du présent et nostalgie infondée d'un passé refoulé, redécouverte du pourquoi de ce refoulement ; pour en venir à une nécessité collective, à un chamboulement général, radical et risqué, utopique si l'on veut, couillu surtout ce me semble. John et Frank de Fréquence Interdite n'exploitent pas leur relation extra-temporelle (et quasi-incestueuse), ils n'en causent même pas à leurs proches, ne s'en servent pas, on n'est pas du tout dans l'uchronie indécidable, le fameux marronnier casse-gueule de la S-F façon "si l'on peut un jour retourner dans le passé, faudra-t-il tuer Hitler?", la seule prédiction-bonus que se permet John c'est, et je n'invente rien, de conseiller à son pote d'investir dans Yahoo, conseil de broker balancé comme un cadeau de Noël à un môme de cinq ans (conseil qui évidemment reste, lui, indolore pour la bonne marche du monde, on sait tous que le marché s'équilibre de lui-même, allons).

* Pour le reste, papa arrête de fumer, achète un fusil et surgit in extremis pour buter, façon Precog, mon futur meurtrier (ah ben je t'ai spoilé quand même, finalement). Faisons justice nous-mêmes, au moins comme ça, ça sortira pas de la famille.

mardi 23 septembre 2008

Ayé!

* Malgré ce que je vous disais hier, Internet m'est revenu à ma maison comme un boomerang en pleine face! Va comprendre.

lundi 22 septembre 2008

Entre les murges.

* Crémaillère n°1 pendue haut et court.

* Free m'informe après 1 mois à me faire croire au bon santa, que je n'aurai droit de commander ma freebox qu'au 1er octobre. L'essaim fait de moins en moins bzzzz, forcément...

* Pas encore vu le film, d'ailleurs pas envie mais j'irai, mais j'apprécie régulièrement Meirieu, et donc cette interview intéressante (in Politis de la semaine, quoi qu'on pense de Politis) :

« Cette école ne ressemble en rien à celle que je défends »

PAR Ingrid Merckx
jeudi 18 septembre 2008
Selon Philippe Meirieu*, le film de Laurent Cantet montre des comportements relevant d’une gauche compassionnelle, qui mise sur l’affectif et le subjectif au détriment de la véritable pédagogie.

Quel est votre sentiment général à propos du film Entre les murs ?

Philippe Meirieu : Je respecte le film en tant ­qu’œuvre cinématographique, mais je m’en inquiète en tant qu’objet de débat social… On dit que Sean Penn, président du jury à Cannes, a voulu donner la Palme d’or au film pour attirer l’attention des États-Unis sur l’état désastreux de l’école publique américaine. C’est une intention louable, mais, en France, le film est idéologiquement dangereux. Nous y voyons un professeur, François Marin, qui, avec les meilleurs sentiments du monde, met en œuvre une pédagogie calamiteuse. Ce personnage donne à penser que tous ceux qui refusent l’autoritarisme vivent dans la séduction-captation et l’amour-haine avec leurs élèves. Ils seraient englués dans l’affectif et incapables de tirer les jeunes vers le haut… Or, il faut, bien sûr, tirer les élèves vers le haut et croire toujours à leur éducabilité : tout le contraire de ce qu’on voit dans le film quand le professeur dit de Souleymane qu’il est « limité ». Il y a, à ce moment-là, un plan très fort sur le gamin : il entretenait une relation affective très forte avec ce professeur et, subitement, il se sent trahi. C’est là que la violence se déclenche. Il y a tout un enrobage avec la joute verbale sur les « pétasses » qui détourne l’attention de la vraie question : comment engager chacun dans une dynamique intellectuelle, l’aider à progresser, sans jamais désespérer de lui ?

En quoi ce film est-il « idéologiquement dangereux » ?

J’ai peur que l’on dise : « Voilà l’école de Meirieu ! Voilà où les pédagogues nous mènent. Ils sont en train d’écrabouiller la culture. Ils se mettent sur le terrain des jeunes, y compris en adoptant leur manière de se comporter. » Entre les murs est un boulevard ouvert aux antipédagogues. C’est aussi une bombe à retardement contre l’école publique. Je crains que des parents, effrayés par le tableau que l’on en donne, n’aient qu’une idée : préserver leurs enfants de cet univers en les mettant à l’école privée !

En quoi la pédagogie d’un François Marin est-elle différente de celle que vous défendez ?

Je ne laisserais jamais entrer des élèves en classe sans avoir installé les tables ni préparé le tableau. Je ne les laisserais jamais sortir n’importe comment, je n’admettrais jamais des prises de parole aussi anarchiques. Je m’efforce de structurer l’espace et le temps et, surtout, avec des contenus intellectuellement plus forts et mobilisateurs. La pédagogie pour laquelle je me bats est celle qui organise minutieusement la rencontre des élèves avec les questions fortes de notre culture et les amène, au coude à coude, vers une expression exigeante et le souci de la perfection… François Marin ne structure pas sa classe. Il ne fait pas de pédagogie : il fait faire, sans aucune précaution, des exercices discutables comme l’auto­portrait… Le vrai message, c’est que sans pédagogie, avec des gamins difficiles, on se casse la gueule. François Marin est bourré de « bonnes intentions de gauche » mais il met en place une pédagogie qui exclut : exclusion de cette partie de la classe qui n’entre pas dans la joute verbale avec lui, exclusion de Souleymane après un comportement violent qu’il a contribué lui-même à déclencher, exclusion de cette élève qui va le voir, à la fin, pour lui dire qu’elle n’a rien compris de toute l’année… Exclusions inévi­tables dès lors qu’on ne travaille pas plus rigoureusement ! Cela dit, je pense qu’il faut absolument sauver le soldat Marin : il faut lui donner, par une formation pédagogique, les moyens de ses ambitions.

Le film vous paraît-il servir une pédagogie de l’affect ?

La vraie pédagogie travaille sur la médiation des savoirs et la construction du cadre. Or, ici, elle disparaît dans une sorte de cocotte-minute affective prête à exploser à chaque instant. Le pédagogue doit ­mettre en place des dispositifs qui imposent le sursis : « Tu as le droit de parler… mais si tu prends le temps de penser un peu avant ! » Le sursis et la médiation de la culture… Pour reprendre l’expression d’un collègue, Jean-Luc Estellon, le film pourrait s’intituler : « L’imparfait du subjectif ». Bien sûr, je ne suis pas naïf au point de penser qu’on peut suspendre l’affectivité dans la classe. Mais elle doit être régulée, lestée, mise à distance. Il y avait cela dans le livre de Bégaudeau : un texte littéraire, avec un travail sur la langue, des notations très fines qui permettaient de mesurer la fragilité et les inquiétudes de l’enseignant. Le film a transformé cela en une juxtaposition de tableaux plus ou moins exotiques. C’est une galerie de portraits complaisants. On met en scène des archétypes de professeurs et ­d’élèves, des morceaux de bravoure qui, certes, peuvent exister, mais qui ne permettent pas vraiment de comprendre ce que pourrait être une école démocratique et exigeante pour ces jeunes aujourd’hui… Et, pire, le film laisse entendre qu’il n’y a pas d’autre alternative pour l’école que ce que nous voyons là.

Peut-on voir dans l’attitude de Marin une volonté de trancher avec certains comportements enseignants ?

François Marin tient un discours plutôt progressiste et refuse de recourir à l’autoritarisme. Mais, paradoxalement, ses pratiques peuvent ouvrir la voie à ce recours. Dans la mesure où il laisse fonctionner massivement le pulsionnel, il prend le risque que de bonnes âmes influentes se frottent les mains : « Je vous l’avais bien dit qu’on ne pouvait pas en tirer grand-chose de ces jeunes ! Il faut se résigner à la manière forte ! » De plus, il y a des scènes qui peuvent fonctionner à contresens : jamais, dans un conseil de classe bien mené, on ne devrait accepter le comportement des deux élèves déléguées que nous montre le film… Mais quelle conclusion en tirer ? Qu’il faut préparer et gérer avec bien plus de rigueur les conseils de classe… ou supprimer la présence des délégués d’élèves ?

Comment critiquer la pédagogie telle qu’elle apparaît dans le film sans être taxé d’autoritarisme ?

Entre les murs me met dans une situation difficile, mais que j’assume bien volontiers. Il est déjà très attaqué par mes adversaires. Selon les canons médiatiques, je devrais donc le défendre… Quand Alain Finkielkraut évoque « l’exhibition du parler jeune » et la « renonciation à instruire », ses arguments ne sont pas très éloignés des miens. Mais nos propositions pour l’école sont aux antipodes… Je revendique le droit de ne pas être d’accord avec la pédagogie que décrit le film et de ne pas être, pour autant, partisan de l’autoritarisme. Il y a une ligne de passage pour la gauche entre Marin et Finkielkraut. Il faut une critique de gauche sur ce film. Elle est possible, ne serait-ce qu’à partir des acquis formidables de ­l’Éducation populaire : on peut, à la fois, « tenir » des gamins et les tirer par le haut. Nous ne sommes pas condamnés à osciller entre une gauche compassionnelle et laxiste, d’un côté, et une droite, répressive et autoritariste, de l’autre. Entre les deux, il y a la pédagogie… malheureusement ringardisée, alors qu’on n’en a jamais eu tant besoin.

* Figure des pédagogies nouvelles et professeur à l’université Lyon-II, auteur de Pédagogie : le devoir de résister, ESF, 160 p., 9,90 euros.

mercredi 17 septembre 2008

Sur Xéno.

* Mail de AM, merci à elle de l'avoir regardé, d'avoir pris cette peine :

Pour votre film, il est effectivement relié à ce que je fais par son attention aux durées.. du vent, des oiseaux... C'est intriguant et assez touchant. Mais il y a d'autres choses dans ce que vous faites. Je ne saurai que trop vous encourager à préciser, dans votre sensibilité et dans votre expérience avec l'objet vidéo, ce qui fait la particularité, la singularité de votre regard. C'est en écoutant notre petite voix intérieure qu'on trouve son chemin, là où on ne ressemble à personne d'autre, alors on trouve notre nouveauté! C'est aussi dans la vie que l'inspiration doit venir il me semble, plus qu'au travers de films. Vivez beaucoup!

lundi 15 septembre 2008

Rendez-nous le chien!

* Champomy d'abord!

* L'étalonnage, le générique et le mixage de Passemerveille sont achevés. Voilà, voilà. Je me sens presque désoeuvré. Heureusement je commence un stage demain, un stage où on me privera pas de déjeuner si je fais une connerie.

* Pour la diffusion, j'en reparlerai quand j'en saurai plus. J'espère récupérer une copie finalisée bientôt, afin de la faire tourner à des-gens-biens. Ce que je sais c'est que les trois autres films (oui car c'est un des quatre vingt-six minutes d'une même collection) ont tous pris un retard plus important que le nôtre, qui était déjà sympa. Du coup on peut supposer qu'ils seront livrables à CinéCinéma d'ici fin décembre, ce qui signifie qu'une diffusion en 2008, comme espéré au départ, n'est plus très réaliste. Faut plutôt miser sur début 2009.

jeudi 11 septembre 2008

L'énigme.

* Je peux pas jurer avoir été attentif tout le long, et je déteste ce plan d'hélico à la fin, alors que le plan sur l'avion se suffisait (Christophe Colomb, l'énigme). Sinon, combien de mises en scène aussi sublimement simples en un an?

* Je suis assez d'accord avec '33 sur La Ciudad de la fille Sylvie, mais je reste d'accord avec moi aussi. Peut-on tant aimer que détester un film? Oui sans doute, cf. Indio Nacional par exemple.

* Le type me dit : "T'as bien choisi ton heure, t'es privé de déjeuner" et moi je réagis même pas. M'a fallu attendre le soir, le soir tard, 21h je sortais de sa baraque, là il m'a pas raccompagné en décapotable, à R-O, t'en as pas mille j'imagine des comme ça "Désolé j'ai rien de mieux à t'offrir qu'une décapotable" ça c'était au début de l'opération séduction, après hop, "t'as vu son cul à celle-là?", "t'es privé de déjeuner", la pause à 17h, quand il a fallu déménager des cartons lourds de sa cave et que j'ai senti que je tiendrais plus, "J. il n'y a pas une boulangerie pas loin quand même? j'ai vraiment faim", pourquoi j'ai attendu si longtemps pourquoi j'ai réagi avec un tel retard j'en sais foutre rien, enfin si j'ai analysé un peu, psy de comptoir, un truc de culpabilité, c'est oedipien pour sûr hein (je plaisante), "t'exagères pas un peu?" je l'entendais me dire ma mère, à l'oreille, comme la conscience, "dis tu crois pas que tu en fais un peu facilement un truc politique?" comme me dirait scythe-meister, "comment ça se fait que ça t'arrive toujours à toi des trucs pareils?" ça ce serait cosmo et dédé, comment ça se fait j'en sais rien, pourtant les prudhommes j'ai donné, je recommencerai pas, les directeurs alcoolos qui te virent et claquent deux mois après aussi, les démissionnaires, les incapables, alors quoi, je suis au jus, je lis gégé filoche dans le texte, et puis malgré tout je laisse ça arriver, je perds tous mes moyens, me laisse embobiner, le paternalisme chaud-froid, carotte-bâton, pourquoi j'y marche, pourquoi j'ai à peine communiqué avec P., je flippais ou quoi? bon je flippais, la crotte au cul...

* Et donc finalement j'arrive à joindre T. le soir en attendant le RER de retour je dis deux phrases il me dit "ok, bah il faut que tu te casses, Guillaume, c'est évident, ça se passe pas comme ça un stage", je le savais mais il fallait que quelqu'un me le dise, me déculpabilise. Oh, je le savais, hein.

* Je le savais?

dimanche 7 septembre 2008

La Rhodiaceta, tout ça, machin, ####

* SMS de Kaherk :

"Putain je suis passé au lac Daumesnil et le panneau Demi-Tour Ici a été remplacé par un super dessin de cheval. C'est dégueu."

* Et c'est ainsi que Passemerveille prend soudain une dimension neuve, de témoignage historique poignant.

vendredi 5 septembre 2008

Comme à la Rhodiaceta #4

* J'ai vu des trucs et des machins, des films et une expo, lu des livres, etc, etc.

* Mais surtout j'ai enfin acheté Baby Face Nelson was a French Cowboy et French Cowboy & Lisa Li-Lund Share Horses (oui je vous ai jamais dit mais je suis un peu un psychopathe des Little Rabbits, dont j'avais absolument tout jusqu'à ce qu'on me vole un poster dans un déménagement il y a qq années, et du coup j'ignore pourquoi j'avais tant retardé l'achat de ces deux albums, qui comptent 4 ex-Rabbits dans leurs formations, peut-être parce que Bang! s'était révélé un pétard mouillé, rigolo au début mais vite lassant). Le second est pas des plus confortables à la première écoute, ça fait un peu uniforme, un peu bouillie parfois, ce mélange d'expé, de son FM lo-fi et de vieux rock. A réécouter, je pense, mais ça vaut pas sa sublime jaquette rouge havalina. Le 1er par contre est assez formidable, bien meilleur que Bang! a priori, dont il reprend d'ailleurs certaines chansons sans cet artysme qui les plombait. On est à un mi-chemin entre La Grande Musique et Grand Public, les deux albums les plus périlleux de la discographie des Petits Lapins, et ce qui est beau, c'est qu'il me semble que BFNwaFC prend le meilleur des deux, laissant leurs moins bons réflexes au placard (notamment pour ce qui concerne La Grande Musique, c'est plus difficile de dire concernant Grand Public, qui était une tuerie mais manquait juste de titres en français, ici un aparté pour dire qu'à part Dominique A et Françoiz Breut, je n'écoute plus rien d'autre rayon rock français, tout le reste m'écorche les oreilles, y'a bien qu'Âné, Breut et les Lapins pour savoir encore écrire du rock francophone), ce qui fait que le gainsbourien "tu t'appelles comment? moi, c'est baby face... etc etc" s'auto-désartyse de mesure en mesure, évite la Katerinisation qui le guettait pourtant (oui, les Lapins ont joué avec Katerine récemment, alors même que Katerine était à mon sens dans la période la plus nulle de sa carrière), devient très simple, très beau, cris primitifs pas cris ironiques, imaginez chez Katerine un titre qui s'appellerait "Hymne à la baise" on s'attendrait à devoir rigoler, là ce n'est pas le cas, c'est pas jouisseur rigolo comme on pourrait le croire, c'est même apeuré et fragile.

* Souvenir extatique d'ailleurs du tout premier concert live des French Cowboy, bien avant Bang!, juste après la séparation des Rabbits en fait, je me souviens de Noguerra qui chantait faux sur scène avec son texte à la main, Katerine qui passait dans le public comme un con sans jeter le moindre le regard à personne, ça aurait pu être affreux, mais y'avait les courts métrages de Pellegrini en intro, qui étaient immensément drôles et touchants, et puis Noguerra n'est restée que deux chansons, après c'était Pelligrini et les autres, le guitariste blond à mèche, là, on aurait cru des quadras adolescents au meilleur sens du terme, c'était beau à pleurer.

* Oui et donc : NOW IS KANSARA!

lundi 1 septembre 2008

Comme à la Rhodiaceta #3

* Simon Kansara m'a dit qu'il avait "ouvert un myspace" et qu'on pouvait y voir I wanna be your dog et un autre truc. D'ailleurs on parle de Simon Kansara dans le nouveau numéro des Cahiers. Bigre.

* Oui mais moi j'ai beau chercher, je le trouve pas, ton myspace.