samedi 28 février 2009

Già vola il fiore magro.

Non saprò nulla della mia vita
oscuro monotono sangue.
Non saprò chi amavo, chi amo,
ora che qui stretto, ridotto alle mie
membra
nel guasto vento di marzo
enumero i mali dei giorni decifrati
Già vola il fiore magro
dai rami. E io attendo
la pazienza del suo volo irrevocabile.

mercredi 25 février 2009

Pas de merveille.

* Ah fallait bien chercher pour trouver "passemerveille" dans les sous-titres en ancien français des passages espagnols de La Chouette Aveugle, le 23 au Mk2 Quai-de-Loire. Et pour cause, l'affreux transfert numérique tiré exprès pour la programmation (rarement vu des noirs aussi gris pâles, et un 16mm au grain à ce point caché sous une épaisse couche de flou) avait été fait depuis une copie 16mm (qu'apparemment ils ont galéré à trouver)... sans sous-titre! (l'animatrice du débat expliqua par la suite que c'était très certainement voulu, que les acteurs n'étaient eux-mêmes pas hispanophones, et que l'espagnol, sous une forme vieillie qui plus est mais ça semblait pas la déranger, était dit avec un fort accent français) (par contre elle n'expliquait pas, bien qu'elle l'ait pourtant remarqué, que soit présent au générique le nom de la boîte responsable des sous-titres, pourtant bien absents) (bref, n'admettait pas d'avouer que le film avait été présenté dans une version disons incomplète) (alors qu'on était prêt à l'entendre, vu qu'on l'avait bien tous remarqué, ça crevait quand même pas mal les yeux) (mais apparemment la copie n'avait pas été visée par l'animatrice du débat qui avoua plus tard "redécouvrir" le film ce soir avec nous, "après toutes ces années")

* La programmatrice semblait tomber des nues quand je lui ai dit que le film avait été montré au Forum des Images il y a quelques années. Par contre elle a fait la sourde oreille quand je lui ai dit que d'après mes informations, qui sont pas inédites puisqu'il suffit d'aller sur leur moteur de recherche, même Lussas a une copie du film (j'ignore ce qu'elle vaut, et c'est peut-être la même, mais dans ce cas la galère n'aura été que de courte durée, hop deux clics et un coup de fil). Mais vraiment la sourde oreille, comme si j'avais rien dit. Je me demande pourquoi. C'est sans doute la même.

* Marrant d'ailleurs que le film soit projeté dans une programmation réservée aux documentaires, qu'il soit distribué par Documentaires sur grand écran, et que ce soit la Maison du Doc de Lussas qui en ait une copie (ça sent la très ancienne erreur de classification irrattrappable...). L'animatrice des débats s'en est tirée par une pirouette du style "c'est un documentaire sur les rêves", mais bien sûr. Et de dire ensuite que Ruiz avait bel et bien fait des documentaires dans sa carrière, citant pour illustrer cela Colloque de Chiens, qui n'en est évidemment pas un. Et Querelles de jardin qui en est éventuellement un (mouais, de loin alors). Elle parlait un peu au pif de toutes façons, sous-entendant que Ruiz avait pouvoir sur ses filmographies (je peux vous dire que Ruiz s'en fout, que tout simplement il ne connaît pas lui-même sa filmo, et c'est bien normal vu sa taille) et avait renié certains de ses films mais pas celui-ci (ah bon? lesquels?), et même qu'il avait pouvoir sur lecinemaderaoulruiz.com (ben voyons, genre culte de la personnalité, auto-entretien de son fan-club, mensongé éhonté bien sûr).

* Tout ça donnait d'ailleurs l'impression que Ruiz n'avait même pas été contacté, qu'on ne lui avait pas proposé d'être présent.

* L et K, qui n'avaient jamais vu le film, l'ont aimé quand même, comme quoi il en restait quand même bien quelque chose, malgré les conditions de projection (je n'ai par exemple pas parlé du son, qui se faisait parfois la malle, et qui de toute façon souffrait du volume sonore constamment faible, en mode protégeons les esgourdes fragiles des sorties culturelles vermeil au Quai de Loire...). C'est que le film reste sublime.

* Ayant vu hier Un Lac, vraie déception, je me demandais comment Ruiz faisait pour qu'on reconnaisse Guillard dès sa première apparition muette dans l'obscurité, une cagoule noire sur la tête, alors que les gros plans tremblés de Grandrieux empêchent la lisibilité de la répartition des rôles, on ne sait vite plus qui est qui. Alors que l'un pense à son spectateur, malgré le peu d'user-friendlisme, comme dirait Noony, de son scénario, l'autre ne pense qu'à sa note d'intention de mise en scène, fonctionne en vase clos, fait de l'expérimentation comme on constitue un herbier. Plus j'y repense, plus je trouve Un Lac raté, même pour tout dire : sans intérêt.

mardi 24 février 2009

Potentiels de la bande dessinée.

* C'est une lecture épuisante, dans le sens bonne fatigue du terme, dans le sens bonnes courbatures d'après un sport collectif, que l'Elektra de Frank Miller et Bill Sienkiewicz, il y a tellement, tellement à y prendre, à en dire, c'est d'une telle folie, d'une telle puissance, d'une telle cohérence dans l'excès... J'avoue que je me suis régulièrement demandé comment le travail de scénarisation s'était fait, comment le relais écrit/dessin avait pu être mené sur un tel livre, sans doute qu'il fallait bien un dessinateur au scénario pour que le livre ressemble à ça, il fallait quelqu'un qui savait parler du dessin, qui savait parler au dessin, qui savait parler en dessin, c'est en tout cas extraordinaire, à chaque relecture je me dis que c'est le Miller que je préfère, que c'est le personnage le plus puissant qu'il ait jamais eu à traiter, un personnage malade d'être de bande dessinée, plus précisément d'être un personnage de comic-book, un personnage malade de sa condition fantasmatique, un personnage malade d'être un monstre surpuissant, d'être beau dans sa violence, d'être gracieux suspendu tête à l'envers à un hélicoptère un lance-roquettes en main, drame magnifique (ce qui a à voir avec le Hulk de Leterrier, si on réfléchit bien), il faut relire le passage à l'hôtel, les douches d'Elektra et la frustration de l'alcoolo bionique, "j'ai déjà vu mieux", etc, il y a de ça dans son Sin City aussi, mais ça n'a jamais été aussi palpable qu'ici, aussi concret, aussi physique, alors même que le dessin de Sienkiewicz est très certainement moins charnel que le trait généreux et plein de Miller.

* Vous vous rendez compte que c'est sans doute le seul bouquin au monde où on peut lire "Là ! Un nain qui vole!" sans pouffer de rire?

* Ceci pour dire qu'avec tout ça, j'ai presque envie de voir son The Spirit, à Miller ("presque" envie, hein).

* Parlant BD, pendant cette semaine de désoeuvrement, pour m'occuper, j'ai acheté les deux derniers numéros de Fluide et le Hors-Série hivernal, ainsi que la dernière livraison du Psykopat (ah je m'emmerdais, je vous ai dit), ça faisait longtemps que je n'avais tâté ni de l'un ni de l'autre (sont chers, ces magazines...). Et ce qui se pressentait depuis un bail, à savoir que Fluide n'était plus que l'ombre de lui-même, s'est hélas confirmé. Larcenet il n'y a pas si longtemps prédisait que Fouloude Gloziol ressemblerait bientôt au Journal de Spirou avec des bites. Il était loin du compte : en vérité FG aujourd'hui, c'est la résurrection de BoDoï, des blagues navrantes façon Nicolas Poupon ou Claire de Nuit, ou ces bandes dessinées anonymes sur les blondes, les bébés ou les informaticiens... Le fond du fond étant bien entendu Sex Crimes de Thiriet (pourtant pas toujours manchot, Thiriet, qu'est-ce qu'il fout là?) et Thierry Robin (ouh que c'est laid), en fait toute la nouvelle collection Fluide Glamour, un truc de fond de chiottes, qui tient évidemment la tête des ventes grâce aux espèces de merdasses sous-Dany (c'est-à-dire vraiment pas bien haut) d'Arthur de Pins... T'as qu'à voir, BoDoï adore.

* La surprise c'est le plutôt bon niveau du Psyko, qui s'en fout, qui tient sa route, qui flanche pas, qui n'essaie pas la drague éhontée de Fouloude façon Bienvenue à BoboLand (je vomis pas tout FG, hein, y'a encore du Sattouf par moment, du Gaudelette, du Lindingre, etc., pis quelques trus de patrimoine pour se souvenir de ce que valait fut un temps la maison Audie, le génialissime Paracuellos est un bon exemple), qui se bariole pas de couleurs bonux, qui donne pas dans le clonage de trait assisté par ordinateur façon De Pins, mais n'hésite pas à donner dans le cracra, le jeté là, le dégueu, l'impulsif. Alors on y trouve aussi de la daube avariée, notamment l'autre espèce de Jacques Faizant centriste qu'est Schvartz (ils le virent quand, bordel?), mais aussi de petits miracles, comme l'increvable Phil (lui, là, je trouve pas ses dessins en ligne), cette anomalie géniale de la bande dessinée actuelle, sorte de chaînon manquant entre Reiser, Lelong (oui, feu Jean-Marc Lelong, qu'on oublie toujours, et plus encore depuis qu'il s'est fait sauter la gueule au fusil y'a cinq ans jour pour jour, R.I.P) et Machin-qui-griffone-au-bistrot-avec-un-stylo-pourri-sur-du-papier-sale, son "Histoire horrible de mon enfance" dans le dernier numéro, deux pages sans chute, sans histoire, juste deux pages bizarres comme tombées là, valent bien d'acheter la revue (4,50€, j'avoue c'est l'abus).

* Drôle de hasard, tiens, je déniche cet hommage improbable de Miller à Carmen Cru, dans un autre de ses Elektra, avec Lynn Varley cette fois, Elektra lives again :


* Malausa (qui fait son fanboy de Nispel alors même qu'il n'a apparemment jamais entendu parler de Pathfinder) devrait revoir Eden Lake : le Vendredi 13 de Marcus Nispel est un nanar en scope, un vrai. D'ailleurs, Vincent, les Jason, c'est des slashers, hein, pas des survivals. Mais oui, mais oui, on va dire que c'est quand même toi qui fais les films de genre à Chronic'Art, t'inquiètes.

lundi 23 février 2009

Rafles le front #5

COMMUNIQUE DES GREVISTES DU CRA DE PALAISEAU : URGENCE

NOUS VOUS TRANSMETTONS LEUR APPEL DU 20 FEVRIER 2009, après notre visite dans le CRA.

Ce vendredi 20 février, Nous, "retenus" de la prison pour étrangers de PALAISEAU, nous poursuivons depuis 10 jours la grève de la faim , et sommes tous déterminés dans notre lutte. Aujourd'hui Sissoko Modubo travaillant en France depuis 20 ans, a perdu 9 kg, il a été sorti du centre pour être expulsé de force pour Bamako.

Nous nous sommes faits arrêter sur convocation en préfectures ou lors de rafles ou, comme pour Sissoko, par des flics à l'entrée de son foyer.

Nous refusons d’être traités de façon indigne, et nous appelons à nous opposer à cette politique du profit et de la xénophobie.

A Palaiseau, les humiliation policières et les restrictions dans l’accès aux soins sont notre lot quotidien dans l’attente de notre expulsion, alors que la majorité d'entre nous sont présents depuis plus de 10 ans.

Nous ne pouvons pas prendre ni nos affaires ni notre argent ni dire adieu à notre famille et nos amis dont nous sommes arrachés.

La plupart d'entre nous avaient des cartes de séjour mais les autorités nous les ont reprises

Nous, "retenus" de Palaiseau appelons dès aujourd’hui à occuper les abords du CRA de PALAISEAU (13 rue Emile ZOLA 91120 Palaiseau) pour soutenir nos luttes.

Ne nous laissez pas isolés et dans le silence.

Nous demandons que ces prisons pour étrangers soient fermées.

Pour connaître la réalité de notre situation, appelez-nous à l’intérieur, afin que chacun entende ce que signifie vivre et travailler chez vous pour certains pendant 20 ans, puis jeté sans rien dans un avion.

Aux cabines téléphoniques.: 01 60 14 74 59 ou 01 60 14 99 77.

Apportez-nous pour ceux qui le peuvent des cartes téléphoniques, des cigarettes et tout votre soutien, nous ne voulons pas que notre grève de la faim soit étouffée dans le silence et les expulsions.

Les "retenus"de Palaiseau : 06 18 95 57 66.

L’association SôS soutien ô sans-papiers entend être un outil au service des sans-papiers enfermés, afin qu’ils puissent faire entendre leur voix. SôS appelle à la poursuite de la mobilisation dans tous les centres de rétention en France et en Europe.

Partout en Europe , révoltes et incendies pour dire non à cette politique européenne de l'immigration, non à Frontex , à la directive du retour, et de la délation.

Après Vincennes ,Bordeaux, Nantes, Mesnil Amelot, Londres, Bruxelles puis en ce moment Lampedusa, Milan, Turin : les incendies de la révoltes et de la dignité.

Palaiseau entre en lutte à son tour , et demande DU SOUTIEN.

Le ministre de la délation et de l'Identité nationale, réprime ce mouvement en expulsant immédiatement les grévistes les plus déterminés, tous vont suivre.

Fermeture immédiate des CRA

Des papiers pour tous,

Libre-circulation, libre-installation

Arrêt immédiat de toutes les expulsions et de la politique du chiffre

SOS soutien aux sans papiers.06 98 70 33 49/

dimanche 22 février 2009

Nachts in einem fremden Haus.

* L'ennui et la fatigue, puis l'accès à un téléviseur, la semaine dernière, m'ont donné à voir quelque chose que je n'avais jamais qu'imaginé ou disons entrevu : Derrick.

* Episode 3 saison 9, si j'en crois Télérama, j'en ai vu les 5 ou 10 ou 15 dernières minutes, impossible à dire, le temps y est hyper-dilaté, en tout cas je n'ai rien compris, rien du tout, mais j'étais dans un sacré état d'ahurissement, je crois bien que je n'avais jamais vu ça, un récit si lâche dans une série, le format sériel quand même, où tous les manuels de scénario à la con te disent bien qu'il faut raccrocher toutes les 2 minutes les wagons de l'intrigue, repréciser les enjeux et toutes ces sortes de choses, eh bien non, là il ne fallait rien comprendre, juste regarder le temps passer, chaque séquence ou presque n'étant qu'un plan, long de préférence, et même assez complexe, quelque chose qui se rapprochait de la politique de plateau à la Ruiz, c'est-à-dire quelque chose de très composé, mettons de très "chorégraphié" même si je n'aime pas trop ce mot, quelque chose d'assez drôle aussi, volontairement ou non je n'en sais rien, en tout cas la VF extrêmement Classe Américanisée me donnait l'impression que ce n'était pas dupe, il y avait un nombre considérable de gags sonores, mais des vrais, des hilarants, ce flash-back avec voix-off par exemple, long flash-back, ce plan-séquence interminable cadré très large au fin fond d'un salon, composé génialement, disposition du décor pensée comme un cadre Ruizien, avec ces gros canapés en amorce, etc, et les trois personnages en fond de plan, chacun dans son fond de plan, dans un surjeu de muet, et donc tous trois s'engueulent, ainsi qu'en renseigne à nouveau la voix-off, agitent les bras, tapent du poing, etc, sans aucun son in, et puis l'un d'eux jette des feuilles au sol et c'est le seul bruitage in qu'on aura, presque un bruit de pierre jeté sur le sol, incompréhensible choix sonore, mais magnifique en somme, quelque chose de strictement surréaliste, comme tout de toute façon, le montage improbable, la spatialisation complètement fausse, les plans outrés genre lent travelling jusqu'au témoin qui témoigne (bah oui) soudain en regard caméra, ou bien ces gags de dialogues/raccords, coup de téléphone : "Vite, il faut nous rendre à Zurich, très rapidement", et il faut quinze ans pour mettre un manteau, fermer la lumère, fermer la porte, descendre jusqu'à la voiture, la démarrer, et cut et plan d'une lenteur abominable sur Zurich vu par la fenêtre d'un hôtel, puis toujours en plan-séquence, la caméra pivote lentement, revient dans l'hôtel, enchaîne sur une discussion molle, un type rentre, ça blablate "ah vous êtes là? mais comment ça se fait?" -- "Oui et bien j'ai roulé jusqu'ici, allons nous promener maintenant" -- "Ah oui bonne idée"... Bonne idée vraiment? Mais alors quand vont-ils y aller? A la place on se rassoit, on se sert un verre, on poireaute, bon et on y va quand même? Allez, d'accord.

* Ceci sans arrêt, complètement irréel, jamais vu ça, ou alors si mais chez Ruiz ou chez Lynch ou chez Robbe-Grillet que sais-je.

* Ou bien ce raccord sans raison, dans une pièce impossible à identifier, comme un non-lieu du récit, trois personnages rentrent, suivis de Derrick et son acolyte, avec une lenteur épatante, et les gens se regardent alors sans trop savoir quoi faire, soudain Derrick, je vous promets, leur dit : "Bon, allez, je vous arrête", un peu comme on dirait : "Bon, allez, on fait quoi, les mecs, là, on s'emmerde ou bien?".

* Et d'autres gags, volontaires ou non, ce soudain champ contre-champ complètement bête, idiot, génial, ultra-découpé, dans la voiture, alors qu'on n'a eu que des longs plans-séquences qui n'en finissaient pas, là on alterne des champs/contre-champs d'une seconde, pour rien, pour une discussion super-banale, et de la même manière que le "Bon allez, je vous arrête", bon allez, un des mecs sort un flingue, toujours flegmatique (mais surjouant cependant, évidemment).

* Et cette fin aberrante, "Ce n'était pas si facile que ça" et l'écran se fige, ah bon vraiment c'est fini?

* Incroyable.

* Je pense que c'est la meilleure manière de voir Derrick, ne voir que la fin, ne pas connaître ni comprendre les enjeux, le voir dans un espèce d'état de demi-sommeil, de demi-raison. Mi-figue mi-raison comme dirait l'autre reloue de Varda.

samedi 21 février 2009

Vite èffe.

* Mon mac est h-s, moi aussi d'ailleurs, la semaine fut longue.

* Le journal quotidien des derniers jours n'existe qu'en version papier en un unique exemplaire, parti par la Poste vendredi matin. Tfaçons je vous manque pas.

* Je finirai bien par revenir, allez.

* A lire en attendant, malgré le style abominable de l'article...

jeudi 12 février 2009

À la poursuite du trivial.

* Demain folle journée. Le matin on drague, l'après-midi je me tire.

* On se reparle à mon retour, vers le 21.

mercredi 11 février 2009

Pushmen.

* Avec le sublime Miroir Magique d'Oliveira, Push de Paul McGuigan est bien évidemment le plus beau film depuis le début de l'année, rencontre improbable et enthousiasmante entre Alan Moore et Johnny To (présent, surprise!, au générique final). L'excellent public de l'Orient Express ne s'y est comme d'habitude pas trompé, puisque le film semble faire guichet plein : c'est la troisième tentative que je fais pour y aller et si je n'avais pas réservé je me serais encore retrouvé le bec dans l'eau face à une salle complète, comme les deux premières fois. Film sublime, brillant, exactement ce que ne sera pas Watchmen, léger comme l'air, génialement mis en scène, premier choc mainstream de l'année. Bien sûr la presse déteste et les distributeurs le gâchent dans une pincée de salles.

* De la même manière que les meilleurs super-héros de comic-books sont ceux qui utilisent leurs pouvoirs directement sur la BD (éclater les cadres, etc.), la meilleure idée pour de vrais super-héros de comic-books au cinéma, était qu'ils utilisent les leurs sur le cinéma. C'est un peu la même chose que pour Hyper Tension, où la recherche d'adrénaline bouleversait les schémas narratifs, là c'est la nécessité de perdre ceux qui prédisent l'avenir qui brouille les cartes scénaristiques. Les mensonges qui deviennent réalité (Rohmer?). Autre exemple : la séquence extraordinaire des aquariums, quand à la fin Evans éjecte Fanning de l'action comme son père l'avait fait avec lui quand il était enfant, on pourrait jurer qu'il l'a tout simplement extraite du montage. Si l'on ne considère pas qu'il a fait ça, alors le découpage n'a aucun sens : elle ne peut pas être à l'abri par ce simple geste, qui l'a seulement un peu éloignée ; elle a bel et bien été sauvée en étant propulsée dans un autre plan, à l'abri dans un autre plan.

mardi 10 février 2009

lundi 9 février 2009

Sbire.

* Vu Prysm, l'à peu près premier film de l'ami AM, qu'il voulait et en même temps redoutait de me montrer depuis assez longtemps. Film tourné à l'arrache absolue, à une époque où il n'avait pas en tête de vouloir "faire du cinéma", comme on dit, il n'imaginait pas en faire son activité principale (il était en Droit, à l'époque). Film annoncé donc avec des pincettes par AM, rappelant que le film fut fait un peu sans réfléchir, dans l'énergie du moment, écrit n'importe comment, pas vraiment écrit même, filmé avec vraiment les moyens du bord, improvisé pour grande part, avec le matos qui lâche à mi-parcours et le son caméra direct. La totale.

* Eh bien j'étais surpris, alors même que je n'entravais à peu près rien au scénario, de trouver le film au final plus spontané, plus vivant qu'Habité, son dernier en date (évidemment bien en-dessous du bon Sun Valley, film primé en festival, mine de rien quand on connaît sa genèse ça fait plaisir, j'ai toujours pas vu la version courte d'ailleurs, qui à ce que j'ai compris, et ça me paraît crédible, est meilleure), que j'avais trouvé un peu raide, un peu figé, et surtout coulé par l'aspect surexplicatif de son scénario surécrit et de sa mise en scène surappliquée. Un peu comme si, en voulant corriger les erreurs de Prysm, qu'on peut voir comme un brouillon à Habité, comme l'adolescence d'Habité si on veut, AM avait étouffé son univers. Je repensais alors, toutes proportions gardées, à la phrase de Godard dans le navet de Fleischer, sur les films qu'il disait être "aveugles", sur les intentions, sur les plans de voyant et les plans d'aveugle, que seuls les plans d'aveugle étaient à garder dans sa filmographie, qu'il y en avait certains dans Ici et ailleurs, que c'étaient des plans nés là, pas des plans morts là, ce qu'il disait de la première fois, de cette recherche de la première fois des plans. Est-ce que ça ne s'applique pas plus encore au cinéma de genre? N'est-ce pas la plus grande gageure, d'avoir cette sensation de "première fois" dans le contexte forcément tant soit peu balisé du genre? La difficulté majeure? Pourquoi les clichés hénaurmes de Prysm passent sans heurt quand ceux, comparables, d'Habité sautent aux yeux, par exemple? (hypothèse : le jeu d'acteurs, assez foireux dans Habité, n'y est peut-être pas étranger, mais n'explique pas tout)

* Bizarrement lors du premier plan à table avec l'horloge au centre et l'escalier au fond à droite, songé aux Ecureuils d'Emmanuel Vernières, qui a aussi, en plus pro, cette sorte de spontanéité de mise en scène, tandis que le scénario est parti cueillir des fraises dans une contrée inaccessible, qui le rend, in extremis, assez beau.

dimanche 8 février 2009

samedi 7 février 2009

Danse comme un cheval.

* Ahahaha alors comme ça AMIP trouve que Passemerveille c'était trop "risqué", une trop grande "prise de risque", ahahaha, ils ne le referont plus, promis juré!

* Non mais sérieux, Passemerveille, ce film, soyons honnête, inoffensif, trop "risqué"? On croit rêver... Ce sont bien les producteurs de Chantal Akerman et d'Où gît votre sourire enfoui? Le film de Pedro Costa avec les Straub? Vraiment?




* Une étudiante explique ainsi qu'on leur a "laissé entendre que le film était au final très abstrait dans la thématique de Paris et le Cinéma, et que du coup ils risquaient certainement de choisir des sujets plus balisés! Nous à la projection on l'a effectivement trouvé très perché (sans mauvais jeu de mot, rires), mais ça ne nous a pas empêché de l'aimer!".

* Mais vas-y ma couille, continue tes visites touristico-noeuds de la capitale, qu'on se marre.

* Comme dit L, vaut mieux "prendre ça pour un compliment".

* Pour les plus téméraires qui n'ont pas peur de prendre des risques mortels et qui se demanderaient d'où le mot "Passemerveille" m'est venu, ruez-vous au MK2 Quai de Loire le lundi 23 février à 20h30 pour voir la rarissime (et méchamment risquée, barely legal même tiens) Chouette Aveugle de Raoul Ruiz. Ouvrez bien l'œil, ça vient d'un des sous-titres. Je sais pas encore si je pourrai y aller. C'est pourtant pas l'envie de le revoir qui me manque.

* Le projet nom de code "Passemerveille 2" ou plus sérieusement D.A.M, avec Jiko, pourrait d'ailleurs bien se faire... Avec d'autres bien sûr.

vendredi 6 février 2009

Patate de forain.



* Je suis dans une pleine cure de rap français, comme ça m'arrive régulièrement. Sefyu me fascine. Vous avez entendu ce flow, sur Molotov 4?

* Vous avez des conseils en la matière?

* Dès que je récupère mon ordi, je vous scanne le réjouissant décorticage par Le Plan B de la couverture presse de Louise-Michel, vous savez, le navet du mois des Cahiers qui nous rappelle chaleureusement que les ouvriers sont des abrutis illettrés et dégénérés. Brrrr...

jeudi 5 février 2009

Moucherons boutons.

* A l'aune de l'interminable et curetonne et moralisatrice et chiante guimauve sage de Fincher, on mesure la réussite de Pushing Daisies.

* La différence entre le Fincher de Fight Club et celui de Benjamin Button, c'est que la séquence Ikéa n'est plus un passage ironique : c'est désormais tout le film qui fait catalogue.

* C'est peut-être le film que ferait Doisneau aujourd'hui, un film gâteux et publicitaire, où le chromo fait loi, où les lieux communs les plus rebattus cohabitent avec les clichés les plus glissants.

mercredi 4 février 2009

Le mépris.

* Je retrouve pas le numéro des Cahiers qui critique élogieusement le machin de Fleischer, j'avais envie de lire ce bidule j'imagine proche du papier de Chronic'Art, mais le reste de ce que j'ai pu lire ailleurs, sur le net, sous la plume des Tessé et autres, est évidemment consternant, pas un pour noter le scandale d'un tel mépris et de JLG et du spectateur, pas un pour noter le niveau technique affligeant, pas un pour parler du montage, du mixage hideux, du je-m'en-foutisme absolu de cette croûte.

* Par contre il n'en manque pas un pour relever les supposées larmes de Godard (vous les avez vues, vous? il n'y a aucune certitude, c'est juste un plan rapproché sur des yeux un peu rouges, un peu brillants si vous voulez, mais rien qui indique des larmes, "gorgé de sanglots" j'ai pu lire je crois, ce qu'on n'inventerait pas pour une belle conclusion d'article), ah ça évidemment ils l'ont tous relevé, il n'y a que ça qui les intéressait, il n'y a que ça qu'ils venaient chercher, peut-être espéraient-il aussi que Straub se mette à pleurer la mort de Huillet, en gros plan, et Fleischer aurait pu balancer par-dessus la musique du Mépris, continuer à dégueulasser tout ça. Vous avez vu? Vous avez vu? Godard pleure, vite, vite, il faut filmer, il faut le dire à tout le monde.

* En parlant des Cahiers, je me demandais qui allait se coller à l'hagiographie de Berri, et c'est évidemment Frodon, quelle question. Si minimiser le procès à Daney était une discipline olympique, Frodon décrocherait l'or ; c'est épatant de parvenir à en faire à ce point un petit accroc mineur et cocasse, limite à trouver que ça rend Berri plus attachant, disons gentil bougon, papy principes, rigolo bourru.

mardi 3 février 2009

Bon pas silence radio en fait.

* Évidemment ce sont ceux qui avaient survomi l'exposition Collage(s) de France qui encensent le navet de Fleischer, film nul, filmé avec des pieds de cul-de-jatte, on peut se demander comment le film de Fleischer peut être esthétiquement si laid, à ce point laid, à ce niveau-là c'est du sabotage, ça arrive à être plus amateur encore que ce film "pirate" que m'avait donné N où Godard expliquait la maquette de l'expo à l'aide d'un petit bâton de conférencier, vidéo souvent très belle alors que filmée à bout de bras au camescope pourri, disons caméra supportée comme on supporte un poids, c'était une vidéo qui existait comme par chance, par exploit, qui s'achevait comme en plein milieu, dans une énergie non-finie, ouverte, chez Fleischer il n'y a pas de mise en scène, il y a moins de mise en scène que dans un reportage sur France 5, on voudrait décrédibiliser, folkloriser Godard, on ne s'y prendrait pas autrement.

* Quelques mots sur la séquence des Straub : je cherche encore le mot pour qualifier les apparitions de Danièle Huillet, je ne sais pas si indécence suffirait, elle est montrée pour être montrée, comme dans un espèce de réflexe nécrophile, histoire de mettre une morte au générique, montrée avc insistance mais on ne la laisse pas parler, on la montre pour la montrer, on l'exhibe si vous voulez.

* J'en parle aussi un peu ici.

* Je n'arrive pas à me faire au fait que Che - Part 1 est un si beau film, ça me paraît vraiment incroyable. La deuxième partie est souvent belle aussi, je n'attendais pas Soderbergh là.

dimanche 1 février 2009

Bye.

* J'ai pas mon ordi jusqu'au 10 ou à peu près.

* Silence radio, donc, à bientôt.