* Je me rendais compte de ceci, que les plus belles choses que j'aie pu voir cette année, pour l'instant, appartenaient essentiellement à la télévision américaine, je m'en rendais compte devant l'épisode de reprise de House, double-épisode, long métrage en vérité, plus beau mélo vu depuis une éternité, l'introduction m'avait déjà liquéfié, en larmes d'emblée, tout m'y prenait, l'attente du héros disparu en plan large en fin de saison 5, cette terreur puissante qui s'était emparée de lui, cette peur, cette angoisse, cette folie, cet aboutissement incroyable d'une série qui n'avait plus d'autres rails que la formidable densité, la formidable cohérence, la formidable humanité en crise de son personnage, personnage de télévision, personnage de fiction, personnage de cinéma le plus extraordinaire créé depuis une éternité, personnage sur qui tout repose, personnage à placer dans n'importe quel décor, n'importe où, personnage parfait, personnage scénariste et metteur en scène, rêve absolu de scénariste, vous avez remarqué la différence d'étalonnage entre l'introduction et le reste, et ces fondus par ajouts (je suis un vendu complet aux fondus par ajouts, un fondu de fondus par ajouts comme je pourrais dire à L. et ça la ferait rire) vous avez remarqué comme n'importe quel code peut s'appliquer à lui, même les pires choses, les plus appliquées, le smiley final, tout marche, tous les clichés, toutes les exagérations, comme si le scénario se devait d'avoir la main lourde, et comme cette mise en scène prouve sans cesse qu'il peut tout être, qu'il est un héros à part entière, un Héros complet, un Héros noble, donc un Héros dramatique, un Héros terrible, un Héros en échec permanent et pourtant toujours vainqueur même dans la pire des défaites, ça avait en somme à voir avec Vic McKey, il s'agissait en somme de dire que les Héros les plus embourbés sont les plus admirables, que dans leur faillibilité ils occupaient toujours l'écran, que la mise en scène ne pouvait qu'être à leur service, même si rien ne survenait, parce qu'eux-mêmes survenaient à l'écran, c'était en somme la même chose que les grosses paluches de McKey sur l'écran de plastique noir pourri du finale de The Shield, c'étaient les grosses paluches de Greg House sur sa propre vie, vous avez saisi comme finalement, dans toutes les séries américaines, même les plus ratées (la troisième saison de Gossip Girl, tiens, qui ne ressemble à rien, qui est nullissime), il s'agit toujours d'une course à la joie pure, que l'enjeu majeur est toujours là, est toujours ça, que sous-jacent c'est le bonheur qui tient, et que la mise en scène n'a pas de complexe pour ça, à cause de ça, regardez les arrières-plans des séries américaines, il s'y passe toujours quelque chose, un rai de lumière s'y promène, un détail s'y niche, vous avez vu le "let's prepare for success" du bus final dans cet épisode de relance? C'est exactement ça, tout dit "failure" mais tout crie "success", une vie réussie c'est une vie qui ne meurt pas, c'est aussi simple que ça, bonheur simple d'être en vie, de constater la lumière, la respiration, la peau, la beauté, la musique, le sourire, ça peut paraître neuneu et pourtant la série américaine propose un miroir permanent au pathétique, House le dit d'ailleurs ici, que le pathétique est ce qui est intéressant, beauté dans la tristesse, non pas beauté de la tristesse, soyons clair, pas de naturalisme crasseux, il s'agit d'espoir, de sublimation si l'on veut, de panthéisme, toujours, le cinéma est affaire de panthéisme, athée quand bien même, il s'agit de ça, de bonheur, jamais de mépris, humanisme complet de la série américaine, c'est un peu ce qui est dit dans le beau texte des Cahiers sur The Wire, malgré que je n'ai jamais accroché à la série, cette phrase sur le dernier plan, sur le "sauvetage" même du pire personnage, de la pire raclure, du plus irrattrapable, rattrapé parce qu'en vie, parce que palpitant, parce que là, parce qu'en présence, parce qu'en vie.
* Je ne crois pas avoir jamais autant été heureux qu'un héros fasse l'amour. Heureux pour lui. Ému. Bouleversé. Pourtant le cliché est là, les larmes, le pathos. Et pourtant que c'est beau...
* Vous vous rappelez l'épisode de F&G où Bill manque mourir de son allergie, vous vous souvenez du découpage, de l'enchaînement des plans, du plan final où le grand zigoto repart sur son vélo ridicule, sa selle trop basse, son cadre à l'arrière, cette façon de rebrousser chemin in extremis? Je disais récemment d'Import/Export à un ami que la mise en scène, sublime, disait régulièrement au scénario, discutable, "ça va aller, allez, ça va aller". Il n'est pas de meilleure intention de mise en scène.
mardi 22 septembre 2009
Ça va aller.
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5 commentaires:
Putain j'arrive pas à te mailer.
Tu vas finir par me mettre à DrHouse tu vas voir, tu l'auras bien mérité
Qu'il me tarde de voir cet épisode de reprise...
Bon ok je m'y mets aussi (à Dr House) dès que possible.
Pas encore regardé ce début de saison mais je n'aurais pas dit les choses autrement à propos de House. Ce qui à la longue est épuisant dans cette série(les événements finissent par tous se ressembler, plus aucun enjeu n'est digne d'être exploité, le personnage les ayant tous phagocytés) et aussi ce qui nous pousse paradoxalement à vouloir continuer, à espérer un développement impossible, un climax définitif(parce qu'on acquiert la certitude que House est un trou noir humain, et on désire secrètement assister à sa défaite finale, à sa destruction).
Ta comparaison avec Vic McKey est tout à fait pertinente.
Il y a beaucoup à dire sur ce personnage que je considère moi aussi comme un réel exploit scénaristique, quelque chose de jamais vu.
Mais à vrai dire je voulais juste réagir au titre de ton post. Il m'a renvoyé au beau texte que l'ami E.F., du temps de son blog défunt, avait écrit à propos de Blake Snake Moan. On le trouve encore ici. Voilà voilà...
mais tu m'avais pourtant prévenu, putain !
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