* Très d'accord avec ce passage-là de la critique de Fromafog : "Si le grand thème qui traverse le scénario est la psychanalyse, la mise en scène épouse ce thème avec une intelligence folle, non par l’illustration, mais par l’interprétation, les contretemps et les détails. Le jeu des acteurs Fassbender et Mortensen est extrêmement distancié, et les scènes sont pleines de lapsus attirant notre attention, à la manière de la moustache de lait de Jung, ou du cigare de Freud pointant vers l’entrejambes de la statue de la Liberté. A dangerous method est un film à la mécanique apparente."
* En sortant je me disais "intelligence diabolique". Mécanique apparente, c'est bien ça. Lors de la première confrontation psychanalytique, quand Jung demande à Spielrein ce qui lui a coupé la parole, il est évident que c'est le changement brutal de plan qui est responsable, qui l'a laissée souffle court, sans voix, comme frappée au plexus. Pas une coïncidence qui ne soit voulue. L'effet spécial dégueulasse lors de la traversée vers l'Amérique, j'en suis gaga. Vous avez noté le moment où ce fond bleu qui pique les yeux apparaît ? Jung raconte son rêve, contre-champ sur Freud, Jung en off mentionne ce vieillard, peut-être un fantôme : c'est là que la mer numérique encadre Freud, dans toute sa laideur et son étrangeté numériques. De là, Cronenberg poussera l'effet jusqu'au bout : la fausse perspective hideuse du bateau, la statue de la liberté grossièrement ajoutée... Magnifique.
lundi 9 janvier 2012
Fond bleu
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2 commentaires:
Oh merde tu t'es réconcilié avec Cronenberg finalement ?
Ces lapsus, ils sont là pour faire joli, pour bien montrer que Cronenberg est "dans le sujet", pour souligner tout ce qu'il doit au freudisme. Chabrol s'est servi des mêmes moyens, en particulier dans ses derniers films, mais sans en faire des clins d'oeil, des coups de coude, des démonstrations de savoir-faire et d'intelligence. Il ne s'en servait, de ces dérapages en gros plan, ponctuellement, et comme éléments de rythme et de sens, jamais forcés, fétichisés, jamais arbitraires, toujours pris dans l'ensemble. Cronenberg, lui, incapable de penser un ensemble, fait de l'illustration, du roman-photo pour intellos (Borges et compagnie). A Dangerous Method est hyper-maîtrisé et fait mine de prendre pour sujet la perte de maîtrise (sur soi, sur l'Histoire), sans avoir rien à en dire que des banalités : regrets, nécrologie. Cronenberg n'a pas changé : quand bien même il dévoile ses coutures et relit Freud, il continue à faire son petit cinéma impersonnel.
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