mercredi 24 septembre 2008

Tu risques de te faire pincer très fort.

* Le 6ème Gemütlich de Jiko est magnifique.

* Comme je racontais au Khan le grand classique du refus Sirté-Bajien (le résumé estampillé CNC de Sirté-Baja, cette grande série TV que tu verras jamais, et c'est bien normal étant donné qu'elle a reçu son sceau "Fonds d'aide à l'innovation audiovisuelle" et qu'il y a un mot dans cette proposition qui ne s'applique plus, depuis un bon paquet d'années maintenant, à ta petite chouette et francophone lucarne, la briotch, donc, de Sirté-Baja, est pour information lisible sur ce forum que je ne connais pas et où d'aucuns supposent qu'on va rien y comprendre, et d'autres que ça pourrait le faire, c'est beau Simon, on a eu un fan!), le grand classique, donc, c'était "une série TV avec plusieurs points de vues? on n'a jamais vu ça".

* Je vous ferai pas l'affront de démontrer ici le contraire, mais vous imaginez bien que j'avais, sur la question, un tant soit peu de répondant.

* En revanche, l'argument sur lequel j'avais plus de mal, c'était le coup de "deux points de vues à deux époques, qui influent l'un sur l'autre à plusieurs années de décalage? on n'a jamais vu ça". Il m'hallucinait quand même pas mal que, si on ne l'avait effectivement jamais vu (ce dont déjà je doutais), on n'ait pas l'envie de justement tenter le coup, de justement innover, de surprendre, de n'être pas, comme toujours, la dernière roue du carrosse en matière d'idées neuves de fiction TV. Alors, un peu découragé, je dégainais un Retour vers le futur de bon aloi, rappelant au passage que les paradoxes spatio-temporels ("mais c'est trop compliqué! les téléspectateurs ne peuvent pas comprendre les paradoxes spatio-temporels!") pouvaient fort bien faire un brouzouf monstre, et même voir leur succès perdurer par-delà les époques et les modes. Mais non, il leur fallait l'exemple-type, il fallait qu'on puisse leur dire "on a copié là-dessus", "on a fait un Film-Connu-like".

* Et le Khan, donc, de me répondre que j'aurais pu citer Fréquence Interdite, et de me sortir le DVD de derrière les fagots de figurines geekifiantes qui égayent son antre. Merci Video-Future de mon cœur, je ne connaissais pas la bête, et vint donc la séance de rattrapage.

* Déjà dans le métro, en lisant la briotch au dos de la jaquette du film de Gregory Hoblit, j'avais confié ma crainte au bon TBA, de passage par Balkanyville, que la chose soit pétrie d'augustinisme, de calvinisme, de luthéranisme que sais-je, ou au mieux de semi-pélagianisme, et qu'en tous les cas, contester les bonnes grâces de la prédestination méritât à coup sûr un grand coup de règle divine sur les moignons. Bah oui, c'était bien ça, fallait pas jouer avec le destin, si lou bon dieu l'a voulu de ton papa, comme dirait Chevènement, c'est qu'il avait ses raisons, impénétrables comme tu t'en doutes, mais ça va pas tarder, tu vas voir...

* Et pour voir, on voit, la leçon sera bien rabâchée, on sèchera plus le catéchisme, c'est promis, le grand must étant les entartinades finales, happy endantes malgré tout, mais tellement sublimement nœud que vous avez bien mérité que je vous les rippe (et si tu veux pas te faire spoiler, bah tu cliques pas) (anamorphosé par vimeo, je sais pas pourquoi).




* Nullité boréale, donc, 114 minutes qui n'en finissent pas, malgré soyons honnête quelques morceaux de mise en scène de-ci de-là (j'aime beaucoup deux idées de surimpressions, la première c'est la plongée sur le fils qui vient enfin d'apprendre à faire du biclou, et qui tourne autour de son père, tant et si bien que, la surimpression aidant, leurs deux ombres se font aiguilles d'horloge ; et la très belle séquence où père et fils, enfin convaincus qui ni l'autre ni l'autre ne sont un hoax, discutent à bâton rompus, jusqu'à ce que la surimpression les mette côte-à-côte, leurs bouches sont d'ailleurs tellement proches que je commençais à me demander s'ils allaient oser le palot Inuit - mais non), 114 minutes qui poussent le vice réac tant du côté de la peine de mort ("je veux te raccourcir la vie", au moins c'est clair - et ça change de "t'élargir le pénis") que de celui de la morale anti-clope (ou plus bêtement anti-mort : l'incendie n'a plus tué mon père, chouette, mais maintenant c'est le cancer, faut qu'il arrête de fumer - heureusement ensuite il survit, il a dû faire du sport et s'acheter un fusil).

* Du coup j'ignore si ça aurait servi Sirté, qui marchait sur, je vous rassure, d'autres chemins. Le retour dans le passé y était motivé par l'envie de changer radicalement, il y avait un projet derrière ce retour, un projet d'abord individuel certes, à la fois fuite du présent et nostalgie infondée d'un passé refoulé, redécouverte du pourquoi de ce refoulement ; pour en venir à une nécessité collective, à un chamboulement général, radical et risqué, utopique si l'on veut, couillu surtout ce me semble. John et Frank de Fréquence Interdite n'exploitent pas leur relation extra-temporelle (et quasi-incestueuse), ils n'en causent même pas à leurs proches, ne s'en servent pas, on n'est pas du tout dans l'uchronie indécidable, le fameux marronnier casse-gueule de la S-F façon "si l'on peut un jour retourner dans le passé, faudra-t-il tuer Hitler?", la seule prédiction-bonus que se permet John c'est, et je n'invente rien, de conseiller à son pote d'investir dans Yahoo, conseil de broker balancé comme un cadeau de Noël à un môme de cinq ans (conseil qui évidemment reste, lui, indolore pour la bonne marche du monde, on sait tous que le marché s'équilibre de lui-même, allons).

* Pour le reste, papa arrête de fumer, achète un fusil et surgit in extremis pour buter, façon Precog, mon futur meurtrier (ah ben je t'ai spoilé quand même, finalement). Faisons justice nous-mêmes, au moins comme ça, ça sortira pas de la famille.

5 commentaires:

Khan a dit…

C'est incroyable comme ta grille pré-établie de jugement, avec tout ce que ça comprend d'idées pré-conçues, toutes faites, appliquant politique et compagnie au plus inoffensif des films, parasite ta pensée et ton appréhension et appréciation des choses les plus simples, même quand elles sont bien faites.

Ce que j'adore, c'est que dans ton avis tu ne fais que parler de valeurs et finalement très peu de scénario, du film. A la base, je te l'ai prêté pour que tu y vois comment les mécanismes de tribulations temporelles y étaient exploitées mais bon...Si tu préfères faire ton show gauchiste, soit.
Au moins, tu reconnais la qualité de la plus belle scène du film, c'est déjà ça, un peu d'honnêteté ou plutôt de sincérité.

Ce qui est d'autant plus ironique, c'est que tu t'échines à épingler le moralisme d'une oeuvre, les clouant au pilori de tes croyances, mais au final, derrière tes apparats de femme libérée, affranchie de tout sens de la conformité, tu t'es toi aussi totalement conformé à un mode de pensée qui ne laisse plus aucune place à un véritable libre arbitre.

Enfin bref...

GM a dit…

Voilà autre chose...

Depuis quand verrait-on les films sans sa propre subjectivité, sans ses propres idées? Qu'elles soient esthétiques, politiques, etc.

Ou alors c'est plus un blog, on parle plus de rien, puisque tout passe par des prismes d'interprétation de perception variables, forcément variables, et c'est marre...

C'est pas ta "grille", tant pis tant mieux, c'est la mienne.

Je vois pas bien quoi te répondre d'autre, je te dis ce que j'ai ressenti, ce que le film a provoqué en moi, ce qu'il m'a fait éprouver, penser, etc. Un film n'est pas un objet froid et détaché du contexte de visionnage, du monde dans lequel il s'inscrit.

Fais-moi croire que tu t'abstrais de tout ce qui te fait, de tout ce que tu es, quand tu regardes un film...

Je me vois pas te dire que tu fais ton "show geek" sur ci ou ça, tu fais ton Khan, c'est l'essentiel.

Et je te souhaite bien du courage pour dessiner la "grille" qui fait se côtoyer Never Back Down et les Straub, elle n'a rien d'évident, elle est complexe et changeante et libre malgré ce que tu peux penser (ta phrase sur le libre-arbitre, pitié), comme ta propre "grille" peut l'être.

Ca s'appelle la personnalité, on en fait ce qu'on peut.

Sinon, les mécanismes temporels, je les ai vus, bien, ils sont pas non plus à se taper le cul par terre, mais ils sont rigolos, le coup de planquer le portefeuille quand on envoie un fax, c'est rigolo, mais faut pas non plus chier une pendule là-dessus, si tu veux que les deux temporalités soient perméables, il faut inventer ce genre de trucs narratifs, qui sont chouettes à faire, mais en l'occurrence, c'est un peu le fil à couper le beurre, non? Jiko, qui est passé cet aprèm, m'a raconté des épisodes de Dr Who qui m'ont foutu sur le cul rien qu'à l'évocation, voilà, c'est pas un trésor d'inventivité, Frequency, c'est ultra-balisé, ultra-prévisible, le pitch dit déjà tout, en somme, et 2h là-dessus, hein...

Bon, on va pas s'engueuler pour ça, tfaçons we both now qu'à l'écrit, toi et moi, on galère mille fois plus qu'en live, ça colle pas.

xoxo

Khan a dit…

Evidemment qu'on entre tous dans la salle (ou on entre le DVD dans le lecteur) avec notre bagage perso qui influe sur notre appréciation d'un film...le problème c'est quand on se met à prêter au film des dimensions qu'il n'a pas.

Quand tu clamais autrefois "pour moi, tout film est politique", je vois ce que tu veux dire mais je pense que dans l'absolu, tu te trompes...surtout quand tu appliques justement cet absolu dans la formulation à des films comme Frequency quoi...

Tartiner avec mépris pendant plusieurs paragraphes sur la teneur moralo-politico-religieuse du film, franchement...

Pour ce qui est des mécanismes scénaristiques du fiolm, je n'ai jamais prétendu qu'ils étaient réveolutionnaires, j'ai dit "bien fait" et si je te l'ai prêté c'est non pas parce que je songeais que tu pouvais aimer mais parce que tu étais curieux de voir des films ayant des points communs avec Sirté-Baja.
Je t'ai pas dit "téma ce film, c't'un truc de ouf malade!".

Quant à Never Back Down et tous tes délires de téléportation de Gossip Girl et autres espaces cinématographiques de barrière en bois floue à l'arrière-plan, je me suis justement retenu de les mentionner pour ne pas souligner davantage le ridicule dans la comparaison :-D

Et évidemment en live, je te retourne, j'arriverai même à te faire aimer The Island et Iron Man.

Noony a dit…

J'ai envie de dire qu'on donne à n'importe quel film la dimension qu'on a envie de lui donner. Partir uniquement d'une intention de réalisateur et dire que tout ce qui dépasse, c'est de la maladresse, bah ça limite grandement la chose.

C'est même l'essence de la discussion.

Khan a dit…

Mais on discute justement.