* L'ennui et la fatigue, puis l'accès à un téléviseur, la semaine dernière, m'ont donné à voir quelque chose que je n'avais jamais qu'imaginé ou disons entrevu : Derrick.
* Episode 3 saison 9, si j'en crois Télérama, j'en ai vu les 5 ou 10 ou 15 dernières minutes, impossible à dire, le temps y est hyper-dilaté, en tout cas je n'ai rien compris, rien du tout, mais j'étais dans un sacré état d'ahurissement, je crois bien que je n'avais jamais vu ça, un récit si lâche dans une série, le format sériel quand même, où tous les manuels de scénario à la con te disent bien qu'il faut raccrocher toutes les 2 minutes les wagons de l'intrigue, repréciser les enjeux et toutes ces sortes de choses, eh bien non, là il ne fallait rien comprendre, juste regarder le temps passer, chaque séquence ou presque n'étant qu'un plan, long de préférence, et même assez complexe, quelque chose qui se rapprochait de la politique de plateau à la Ruiz, c'est-à-dire quelque chose de très composé, mettons de très "chorégraphié" même si je n'aime pas trop ce mot, quelque chose d'assez drôle aussi, volontairement ou non je n'en sais rien, en tout cas la VF extrêmement Classe Américanisée me donnait l'impression que ce n'était pas dupe, il y avait un nombre considérable de gags sonores, mais des vrais, des hilarants, ce flash-back avec voix-off par exemple, long flash-back, ce plan-séquence interminable cadré très large au fin fond d'un salon, composé génialement, disposition du décor pensée comme un cadre Ruizien, avec ces gros canapés en amorce, etc, et les trois personnages en fond de plan, chacun dans son fond de plan, dans un surjeu de muet, et donc tous trois s'engueulent, ainsi qu'en renseigne à nouveau la voix-off, agitent les bras, tapent du poing, etc, sans aucun son in, et puis l'un d'eux jette des feuilles au sol et c'est le seul bruitage in qu'on aura, presque un bruit de pierre jeté sur le sol, incompréhensible choix sonore, mais magnifique en somme, quelque chose de strictement surréaliste, comme tout de toute façon, le montage improbable, la spatialisation complètement fausse, les plans outrés genre lent travelling jusqu'au témoin qui témoigne (bah oui) soudain en regard caméra, ou bien ces gags de dialogues/raccords, coup de téléphone : "Vite, il faut nous rendre à Zurich, très rapidement", et il faut quinze ans pour mettre un manteau, fermer la lumère, fermer la porte, descendre jusqu'à la voiture, la démarrer, et cut et plan d'une lenteur abominable sur Zurich vu par la fenêtre d'un hôtel, puis toujours en plan-séquence, la caméra pivote lentement, revient dans l'hôtel, enchaîne sur une discussion molle, un type rentre, ça blablate "ah vous êtes là? mais comment ça se fait?" -- "Oui et bien j'ai roulé jusqu'ici, allons nous promener maintenant" -- "Ah oui bonne idée"... Bonne idée vraiment? Mais alors quand vont-ils y aller? A la place on se rassoit, on se sert un verre, on poireaute, bon et on y va quand même? Allez, d'accord.
* Ceci sans arrêt, complètement irréel, jamais vu ça, ou alors si mais chez Ruiz ou chez Lynch ou chez Robbe-Grillet que sais-je.
* Ou bien ce raccord sans raison, dans une pièce impossible à identifier, comme un non-lieu du récit, trois personnages rentrent, suivis de Derrick et son acolyte, avec une lenteur épatante, et les gens se regardent alors sans trop savoir quoi faire, soudain Derrick, je vous promets, leur dit : "Bon, allez, je vous arrête", un peu comme on dirait : "Bon, allez, on fait quoi, les mecs, là, on s'emmerde ou bien?".
* Et d'autres gags, volontaires ou non, ce soudain champ contre-champ complètement bête, idiot, génial, ultra-découpé, dans la voiture, alors qu'on n'a eu que des longs plans-séquences qui n'en finissaient pas, là on alterne des champs/contre-champs d'une seconde, pour rien, pour une discussion super-banale, et de la même manière que le "Bon allez, je vous arrête", bon allez, un des mecs sort un flingue, toujours flegmatique (mais surjouant cependant, évidemment).
* Et cette fin aberrante, "Ce n'était pas si facile que ça" et l'écran se fige, ah bon vraiment c'est fini?
* Incroyable.
* Je pense que c'est la meilleure manière de voir Derrick, ne voir que la fin, ne pas connaître ni comprendre les enjeux, le voir dans un espèce d'état de demi-sommeil, de demi-raison. Mi-figue mi-raison comme dirait l'autre reloue de Varda.
dimanche 22 février 2009
Nachts in einem fremden Haus.
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2 commentaires:
Et pas de Little Rabbits pour finir ce post ?
J'ai failli intituler le post "On dirait un mort sur le banc", mais en fait la tonalité 70's du titre des Rabbits convient pas tellement à ce que j'ai vu.
Pis bon, tant que mon Mac ne remarche pas, faut bien se rendre compte que je suis sur une machine à écrire qui va sur le net, donc pas de vidéo, pas de son... :(
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