(* Morceaux de conversations avec L resamplés :)
* Vengo, de Tony Gatlif, film époustouflant, il y a vers le début un plan où Caco court le long du mur, remonte la pente le long de cette incroyable enceinte blanche, en fait ce sont deux plans, deux travellings extrêmement puissants, brefs, rapides, comme des chevaux au galop, pris en voiture depuis la route d'où ils téléphoneront plus tard, l'un s'éloigne de la muraille, l'autre s'en rapproche, il y a une énergie incroyable dans ce point de montage-là. Mise en scène bluffante, donc, où chaque plan est une surprise, chaque choix, à la limite, est pourrait-on dire outré, et pourtant toujours juste, car c'est un film crié, un film hurlé, où tout est mouvement, jusqu'à ce plan final, ce travelling nocturne sur une route de campagne, lancé à une vitesse époustouflante (je me répète), et pourtant même dans ce plan Gatlif coupe, même dans ce plan il monte alors qu'il pouvait laisser le plan-séquence, après tout, mais non même là on rogne sur la vitesse et sur le temps : c'est un film-cheval.
* J'ai pleuré au milieu, pas à la fin, lorsqu'on est dans le genre, le western, on est bouleversé, mais disons que c'est une convention, sans que ce soit négatif pour autant bien sûr, je veux dire que tout va vers cette fin, et que le plan du poignard est un vrai plan de genre, et qu'il est sublime.
* Ce qui me bouleverse aux larmes, c'est la relation avec le neveu. Il y a une scène très brève, d'amour complet, quand il explique qu'il aimait sa fille, c'est ici que je n'en pouvais plus.
* Vu le film par bout, ça me secouait trop.
* Songé à Dreyer, un peu, parfois, des plans de visages, oui, oui, j'exagère je m'en fous, lorsque le jeune avec plein de cheveux, là, comprend que Caco va en somme se suicider, ce plan-visage magnifique.
* Même le gag n'est jamais motivé par autre chose que l'amour, le gag du téléphone portable au milieu de la route par exemple, parce que c'est aussi un geste d'amour que d'arrêter ces voitures, avec tant de vigueur dans la course, et puis ce plan incroyable sur le portable brandi en l'air, cet insert grossier et sublime.
* Personne n'est à blâmer, en somme, c'est le genre qui veut ce qui se trame, ainsi malgré qu'on est au final au western, il n'y a pas de "bons" et de "méchants", parce qu'il y a la séquence du baptême, ne serait-ce qu'elle, parce qu'avant qu'ils arrivent au baptême, on est aussi au baptême, longtemps, et que tous sont aussi beaux qu'eux, dans leur douleur et dans leur joie et dans leur ivresse et dans leurs hurlements, ces chansons hurlées, on se dit que la séquence du restaurant avec les militaires, on n'a jamais vu un chant hurlé si juste, et puis qu'on ne peut pas davantage hurler en chantant, qu'on ne peut pas hurler plus fort, et pourtant au baptême, on hurle, on hurle, physiquement c'est presque insoutenable ; je veux dire ces cris, ce chant, ces mots qui sortent, c'est pire que cracher, que cracher un monstre ou un Alien (déglutition), c'est plus éprouvant physiquement encore qu'un accouchement.
* C'est fou parce qu'on se dit qu'on ne peut pas écrire un tel scénario, que c'est uniquement de la mise en scène, que les morceaux de scénario sont là pour tenir (et qu'encore une fois vive le cinéma de genre), qu'il s'agit donc là d'un vrai film d'amour, je n'ai l'impression de vivre qu'étant amoureux, on pourrait dire qu'être c'est être amoureux, vrai film d'amour, oui, d'où que c'est un fim hurlé, et d'impulsion (un film-cheval, je maintiens!).
* Le montage final sur les moteurs, est d'une sensualité...
(* Ah c'est autre chose que La Graine et le mulet quand même!)
* Il faut bien sûr lire ça.
jeudi 12 mars 2009
Naci del amor.
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3 commentaires:
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Conférence 'A la recherche du nouvel ennemi'
dimanche 8 mars 2009
Conférence-Débat organisée par Pièces et Main d’œuvre, le vendredi 27 mars à 19h30 à la Maison des Associations, avec Mathieu Rigouste, auteur de 'L’Ennemi intérieur – La généalogie coloniale et militaire de l’ordre sécuritaire dans la France contemporaine' (La Découverte, février 2009)
De 'Vigipirate' à la 'culture de la sécurité', l’Etat français déploie depuis les années 1970 un arsenal techno-sécuritaire censé protéger la population des 'nouvelles menaces' surgies en son sein – islamisme, immigration clandestine, terrorisme, violences urbaines, etc. On ignore le plus souvent que cette fabrique de nouveaux 'ennemis intérieurs' reconduit l’histoire coloniale et militaire française, et en particulier la 'doctrine de la guerre révolutionnaire' conçue par l’armée française durant les guerres d’Indochine et d’Algérie.
L’enquête de Mathieu Rigouste, notamment appuyée sur les archives de l’Ecole Militaire, retrace la généalogie de ces nouveaux boucs émissaires, des territoires colonisés d’hier aux quartiers populaires d’aujourd’hui. Découvrons, entre autres, comment en Indochine l’armée française s’est convertie en parti armé et a transformé ses soldats en partisans. Comment ses officiers ont théorisé l’'Organisation Politico-Administrative', les 'hiérarchies parallèles', les 'cinq phases', avec déjà le recours aux renseignements, tortures, contre-maquis, commandos mobiles. Comment Lacheroy, Trinquier, Massu, Bigeard, Aussaresses et compagnie ont reconduit la stratégie de la guerre révolutionnaire dans les départements français d’Algérie. Comment ils ont élaboré les 'Dispositifs de Protection Urbains' - recensement, tortures, quadrillage du territoire, maillage de la population, infiltrations et manipulations - et remporté la Bataille d’Alger contre 'l’ennemi intérieur'. Comment l’école française des 'escadrons de la mort' s’est imposée dans tous les états-majors du 'monde libre'. Comment furent inventés les '5e bureaux' d’action psychologique. Comment ces 5e bureaux organisèrent les coups d’Etats de l’armée d’Algérie et servirent de matrice à l’OAS. Comment la doctrine de la guerre révolutionnaire, si efficace encore lors du génocide rwandais, commande toujours plus l’organisation de la défense nationale contre les 'nouvelles menaces'. Comment, sous les auspices de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale, et de l’Institut des Hautes Etudes de Sécurité Intérieure, l’Etat a adopté la doctrine de la 'Sécurité nationale' qui depuis 1947 a couvert toutes les dictatures militaires de la zone d’influence américaine. Comment le 'sécuritaire' adapte et reconduit la doctrine de la guerre révolutionnaire dans la France actuelle avec de nouveaux apports législatifs, politiques, médiatiques, et technologiques. Et enfin, comment démonter ces politiques victimaires et résister à l’institution de nouveaux boucs émissaires.
certes oui, mais où est cette maison des associations?
Ah, certes...
Grenoble (6 rue Berthe de Boissieux).
(Bon, si vous n'êtes pas grenoblois, il y aura sûrement un compte-rendu...)
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