lundi 23 janvier 2012

Le Tempestaire

* Ce qui distingue la mer du reste des plans, c'est qu'elle est un espace continu, qui peut exister outre le cadre. Les autres espaces sont discontinus, cadres clos, disposés comme bords à bords : on entre dans un plan comme dans une pièce. La jeune fille à la fenêtre se téléporte dans la coupe sur la colline de son fiancé de marin, puis retourne dans la maison comme si l'espace entre les deux lieux n'existait pas, comme si la colline était le contre-champ direct de la maison. La maison est un poste de vigie, des fenêtres de laquelle le monde est partout en vue. Tout ce qui fait l'horizon fait le contre-champ direct des fenêtres de la maison - ainsi le phare, qui éclaire de plein fouet le visage de la jeune fille.

* La mer déborde et surclasse ce découpage : elle est le contre-champ de tout. Elle déborde de tout en permanence. Le montage la personnifie. La marée montera jusqu'à l'intérieur même des autres plans.

* La vague insistante, cut, cut, cut, attire le regard de la grand-mère au rouet, comme lorsqu'on se sent épié, alentour, mais par qui ? La vague insistante, cut, cut, cut, a un raccord regard avec la grand-mère. La vague regarde la grand-mère. La grand-mère regarde la vague. La vague reflue sans cesse, insistante, cut, cut, cut, elle veut toujours revenir. Même passé à l'envers, le mouvement de la vague va toujours vers le reflux. La mer ne se vide pas, elle enfle et souffle comme un poumon puissant.

* Pour que la figure humaine tienne face à l'horizon, il ne faut pas qu'elle coure sous sa ligne, ni au-dessus de sa ligne, de gauche à droite ni de droite à gauche, il ne faut pas qu'elle essaie de le fuir. La leçon du film, c'est de marcher à travers la ligne d'horizon et de s'enfoncer vers lui, d'aller à sa rencontre, de s'aller contenir dans ce contre-champ absolu.



* Bonus track :

2 commentaires:

Griffe a dit…

Eh merde, trop tard !

GM a dit…

C'est revenu (vive rutube !)