* Revoyure assez subjuguée des Lois de l'attraction hier soir, impossible d'avoir un avis tranché sur ce disons post-teen movie à nul autre pareil, un peu une sensation similaire qu'à ma dernière revoyure (qui date un peu maintenant) de Fight Club : film opiniâtre, tenace, qui ne lâche rien, se tient à ce qu'il est de bout en bout, pourri de surécriture et de surstylisation et en même temps très puissant comme en sous-main, parce que d'une énergie dévastatrice, qui tient bon, qui insiste... L'Avary est bien supérieur au Fincher (que je crois ne plus aimer, moi qui l'adulais évidemment étant ado), je pense, sans doute parce que plus aux corps, plus organique. L'organisme de Fight Club s'exprimait certes aussi, différemment, les dents qui sautent, le pourrissement, mais au final il niait le corps, c'était assez étrange d'ailleurs, que l'éprouvement des corps ne puisse tenir jusqu'au bout, qu'il soit épuisé, qu'il faille ramener le corporel à la seule dimension d'enveloppe, c'est un peu comme trahir le programme. Films agaçants, bien sûr, tous deux, films épuisants aussi, films de poseurs, et pourtant quelle puissance dans les premiers retours en arrière dans le film d'Avary, et cette séquence du suicide dans le bain, c'était quelque chose...
* Il y a aussi tout ce qui le mine, tout ce qui le grève, les dealers tarantiniens, c'était malvenu, la réplique du trou du cul dans le coude, on voyait bien le tarantinisme, le culte qui en ressortirait, mais personnellement je m'en serais passé, ça m'extrait, ça fait film, pour ainsi dire, le film fait régulièrement film, veut qu'on le regarde, qu'on l'admire, il y a ce split-screen qui se rejoint parfaitement, géométriquement, ce double-mouvement de caméra qui unit champ et contrechamp, c'est couillu et insupportable, ça épate et c'est de l'épate, ça soulève du plomb autant que c'est de la gonflette.
* Pareil pour le jukeboxisme, c'est énervant et c'est parfait, c'est appliqué mais c'est ce qui bouleverse, c'est systématique mais quel système...
* Cette dernière phrase, sur le systématisme, c'est sans doute par rapport à la discussion que j'ai eue avec Jiko hier après-midi, on causait des Fils de l'homme et d'Atonement, et il me disait quelque chose comme "il y a un système" et ça le gênait autant que ça l'avait séduit ; et je comprends bien ça, mais c'est encore une fois l'abnégation qui sur moi l'emporte, l'énergie, ce qui porte tout ça, difficile à expliquer, comme une force à l'œuvre, voilà, quelque chose d'inéluctable, qui pousse derrière, qui pousse un poids énorme, et qui l'amène à dévaler la pente, il faut l'oser il faut le faire, comme on pourrait dire d'un exploit, alors c'est beau et ça en jette comme tout exploit et c'est toujours un peu survendu, et ça ternit l'exploit quand on s'en targue, par avance ou par après.
* Mouais ce blog n'est pas très clair ces derniers temps.
* J'ai un peu bu aussi.
jeudi 16 octobre 2008
Sisyphe.
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3 commentaires:
"ça fait film, pour ainsi dire, le film fait régulièrement film, veut qu'on le regarde, qu'on l'admire"
Autant je suis très d'accord sur l'idée générale : en gros, redonner du mérite à l'emphase, à la surenchère, à l'application trop écrite, trop survendue, puisqu'y réside quelque chose dont le reste du cinéma est vide : l'énergie ;
autant sur CE film, cette volonté de faire film, ce premier degré cinéphilique que rien n'arrête, je la place pas plus haut (pas plus bas non plus) que le travail de Jan Kounen. On peut pas dire qu'on aime l'un et pas l'autre, à mon avis.
j'ai pas compris.
C'est parce que t'as bu.
Ceci dit j'aime bien le Avary et je ne supporte rien de Kounen.
Peut être parce qu'il y a du vulgaire chez Kounen, du vulgaire pas très intéressant. Lui aussi fait son malin mais comme un gosse capricieux avec la morve au nez, abruti par les bonbons haribos et les comics mal digérés. Chez avary ça se tient mieux. Plus sage peut être mais ça tape moins sur le système, ça cherche une élégance.
Et puis quelque part Avary a créé sa propre cinéphilie, quand GM dit que c'est plein de tatantinisme, ne pas oublier qu'Avary est à la source de ce truc, il en est le co-auteur. C'est pas loin d'un style. Kounen c'est de la cinéphilie pulp rabâchée, un peu de Caro, un peu de Fincher, un peu de Jodorowsky... Indigeste.
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