* Ça va faire Bisounours, mais j'ai vraiment beaucoup de respect pour ce que fait (ce qu'il fait, ceux qu'il rencontre, etc., malgré ses emmerdes avec C.A. et le reste) CdZ avec Ciudad del mar. Beaucoup.
* Je repensais à L'Incroyable Hulk, celui de Leterrier, en me disant que c'était peut-être, l'air de rien, une des adaptations les plus fidèles de comic-books super-héroïques. Je ne peux pas dire que ça en fait un gage de qualité, disons que le film est fidèle au tout-venant du comics, au vrai comics mainstream, celui qui se laisse lire tout seul, pas au comics d'auteur, celui qui se pense, pas au post-comics si vous me laissez écrire une aussi hénaurme énormité. Série B, donc, à plein, avec ce que ça suppose de 1er degré, de naïveté et donc de foi, de belle foi, de foi d'enfant concentré sur ses figurines, bruitant à la bouche et doublant tous les personnages, scénarisant pied-à-pied, relance en relance, objectif en objectif, avant que le bain refroidisse trop (si l'on pousse la métaphore, oui, Leterrier est à poil, et c'est pas si faux, le film s'inquiétant régulièrement, entre les "incidents" comme on pourrait dire entre les prises, de ce qu'Hulk reste décent une fois transformé). Scénarisant peu, du coup, l'action prévalant bien sûr. De fait, dès que ça parle ou presque, on est ras-des-pâquerettes ; c'est qu'Hulk est un film d'action, un drame d'action en fait, mais pas un mélo hein, on se contrefout de l'histoire d'amour (surtout que Liv Tyler est une catastrophe), on se contrefout des enjeux moraux, c'est un drame d'action point, la chose est physique : rien d'autre qu'une brute souffrant de n'avoir vocation qu'à en être une, parce que musculeuse, verte, monstrueuse, mastodontesque, parce qu'on la défie pour ça, parce qu'elle est taillée pour ça, parce que les SFX sont en place pour ça, parce que le film doit castagner charal, bourriner ; c'est un héros qui souffre de devoir accomplir le scénario. Disons qu'il y a ici conflit entre le texte et la forme, entre les nécessités d'une narration bourrine supposant d'impressionner dans la forme, et une violence tant laide et vulgaire que grâcieuse par souffrance, comme par accident (il y a ceci de plus, récemment, dans les SFX numériques, qu'on peut voir aussi dans la seule belle scène, celle des sauts désespérés pour fuir l'hôpital, du nul Hancock, ceci de plus donc qu'on semble avoir réintégré la gravité à la souplesse caoutchouteuse du numérique, la gravité, la maladresse, la pesanteur, l'inertie, il y avait un peu ça aussi dans Jumper, déjà des traces poussiéreuses de ceci, comme si de manière inattendue les SFX cheminaient enfin vers quelque chose de moins laid et propre qu'auparavant, mais que cet accouchement se fait dans la douleur, dans une sorte de lutte contre le cartoonesque PG-13, j'aime bien ce Hulk aux grosses paluches qui veut fuir et s'envoler et qu'on le laisse seul mais bousille toutes les corniches ; alors certes, c'est aller vers le réalisme, finalement, mais un réalisme assis sur du baroque, ce qui change tout, je veux dire ce n'est pas l'anti-maquillage des vilains des Batman de Nolan, par exemple), comme si le film luttait contre lui-même, contre sa laideur bas-du-front (nombreux plans de grue hideux, plans d'hélicoptères à la pelle, pour rien), contre sa laideur contrainte, dirais-je.
* Le film court deux actes durant, en somme, après son (sublime) premier acte (où Norton est bien davantage Hulk que le reste du film), qu'il regrette qu'il ait dû finir, et est beau pour ça, pour cet aveu de monstruosité soudaine, pour cette impuissance brutale, qui est aussi fondamentalement celle de Bruce Banner.
* Parlant d'hélicos, de grues, etc, ou de ce ridicule plan iconique, contre-plongée sous l'hélico et la flamme crachée au-dessus du méchant accusant son format minus, quid de l'empreinte écologique d'un tel film? Ca m'avait bien déjà choqué devant un Die Hard 4 par exemple, ou plus encore devant le tartufard et bête Into The Wild (calvaire hélicologiste), je prends cette fois l'exemple d'Hulk, que j'aime plutôt bien, pour qu'on ne m'accuse pas de partialité. Car c'est vrai que le cas de conscience se pose pour moi, qui me renvoie par exemple à ce que Straub ou Huillet, je ne sais plus lequel, les deux sans doute, disaient de Coppola cramant la forêt au napalm pour son film : quel besoin? Et au-delà : quelle légitimité? Quel abus de pouvoir, quelle inconscience, etc.
* Peut-être pas dans un bon jour, pas eu moyen d'entrer dans Rues rouges de Franju, vraiment pas réussi à me décoller de l'impression d'assister à un terrible nanar, musique hénaurme, acteurs nuls, textes lourds, costumes ratés, lumière atroce, mollesse généralisée, tunnels interminables... Bon, j'ai arrêté en cours de route, je me suis dit "plus tard", je réessairai à l'occasion, j'étais peut-être pas d'aplomb.
* Mods de Bozon en revanche, merveilleuse découverte, il faudrait écrire quelque chose rien que sur la photographie, encore faudrait-il que j'en sois capable. Je veux dire, tout le monde est capable de voir que chaque cadre ou presque, donc chaque photogramme ou presque, est une proposition de pochette de disque. Mais la photo de Céline Bozon à elle seule mériterait pourrait-on dire un coup de Devo, de mains expertes sous le capot, d'oeil de mécanicien, ce cireux magnifique, la texture des ombres, le grain des visages quand les lampes de chevet sont éteintes...
* Passemerveille est en quelque sorte achevé. Restent en gros les finitions : du montage son par-ci, du mixage par-là, de l'étalonnage (un peu) et puis le générique. Tout ça sera fini début septembre. Diffusion sur CinéCinéma Culte (ouais, ouais, c'est déjà culte, hum...) d'ici la fin de l'année si tout va bien. Ces dernières semaines d'effervescence et de réécritures sauvages ont porté leurs fruits : j'ai détesté le film un temps, en ai eu honte. En le déshabillant pour le resaper, je lui ai retrouvé du charme. Je n'aurai plus honte, donc.
lundi 28 juillet 2008
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1 commentaire:
Tu as raison de plus avoir honte. C'est vraiment bien comme ça.
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