* Vous vous souvenez de ça?
* Ça ne s'est évidemment jamais amélioré, à chaque rencontre elle me haïssait un peu plus, idéologisait un peu plus, de son idéologie dégueulasse, j'ai eu droit aux pires, "je ne vous fais pas confiance parce que vous êtes chômeur", les mensonges, les manipulations, les insinuations sinueuses.
* Vendredi je décrochai le pompon, l'affreuse condamna tout d'un bloc, rien n'était défendable, tout devenait arme contre moi, mes démarches auprès des producteurs, mes écritures, mes travaux, mes projets, mes promesses, mes commissions en attente, devinrent sous sa langue chargée et sa plume injurieuse des "projets personnels m'empêchant de chercher un travail". J'ai eu beau refuser qu'elle inscrive ceci, ces propos déformés, rendus difformes, ces mensonges, dans mon dossier, elle n'a évidemment rien voulu entendre, il n'y avait pour elle que ça à comprendre : chercher du boulot dans ce pour quoi on a été formé, dans ce pour quoi on se bat, dans ce pour quoi on va à l'ANPE Spectacle justement, ce n'est pas chercher du boulot, je pouvais rationaliser autant que je supposais qu'elle voulait, elle s'en contrefoutait, "oh votre formation, hein, votre formation, j'ai regardé ce que c'était et, hein..." et hein quoi? "et hein vous savez bien, hein" non, non, je ne sais pas, dites-moi "oh oui oui oui oui, hein, vous savez très bien" donc non je n'ai pas su et tout fut ainsi, tout fut mépris et injures, tout fut dégoûtant, "vous savez les gens comme vous je les connais, eh bien ils travaillent, ils font des péages autoroutiers la nuit", et il aurait fallu que j'accepte ça, que je chante ces louanges-là, que je me réjouisse à l'idée de travailler de nuit dans un péage autoroutier, qu'ainsi je serais digne, digne de gagner mon argent, en somme à l'ANPE Spectacle on m'a pour l'instant proposé deux emplois, le McDo et les péages de nuit, et on veut me faire croire qu'en acceptant ces machins, j'aurais alors une meilleure image de moi, moi le "parasite" qui "vit sur le dos de la société", "vous n'êtes pas handicapé mental, alcoolique, dépressif, suicidaire, n'est-ce pas? Eh bien votre assistante sociale est une incompétente, puisqu'elle fait signer un contrat de RSA à des gens comme vous", voilà, c'était aussi brutal et bête et basique.
* Et comique aussi, ponctuellement : "Qu'auriez-vous dit si Orson Welles avait vécu du RMI?", mais que voulez-vous répondre à une telle ineptie? Si, j'aurais pu dire : ah, merci de me comparer à Orson Welles ; mais j'avoue que je n'avais alors pas beaucoup d'esprit, ma bouche était bée il n'en sortait pas grand chose, la consternation pure.
* "Je ne pense pas qu'on se reverra en Octobre, je vais vous faire radier pour insuffisance de recherche d'emploi."
* À tant de laideur, que voulez-vous répondre d'autre que ceci? (vimeo veut pas)
* Bon et sinon EMGC reloaded et bien reloaded. Pourquoi certains appartements sont plus apaisants que d'autres, alors qu'objectivement il n'y a pas de grosse différence?
* En sortant des Derniers jours du monde je me disais que ça me rendait fou de voir ça, de voir un film disons à ce point ambitieux sur le papier (dans son univers, I mean) être en réalité à ce point étroit dans son exécution, dans ses intentions, dans son rapport au monde et au cinéma. Aux USA quand on réfléchit à une fin du monde d'anticipation prochaine, on fait Les Fils de l'homme ; en France on fait ce machin-là, en France, le jour de la fin du monde, le petit monde du cinéma français en sera encore à s'attacher à ses inquiétudes bourgeoises, à ses adultères sans chair, à son sexe triste en coïtus interruptus, à ses compilations de casting, à ses récitatifs faussement bressoniens en vérité mal joués, à son refus de la dramaturgie, à ses bazineries mal digérées qui en viennent non pas à interdire le montage mais bien à interdire la mise en scène (je pense ici au plan-séquence du lance-roquette, qui voudrait être bazinien parce qu'il amène à la mort en plan-séquence, mais qui est tellement mal pensé qu'on voit exactement où s'est faite la supercherie, à quel moment le magicien a retiré le lapin du chapeau).
* Tout ce qu'on peut encore y voir, le seul intérêt des Derniers jours du monde, c'est d'y lister tous ces tics d'un certain cinéma d'art et essai devenu complètement routinier même quand il se trouve transposé dans autre chose que des deux pièces cuisine ; en somme tout ce qui aurait pu servir à faire réellement un film, ce que les Larrieu passent leur temps à refuser, complètement infoutus qu'ils sont de construire quoi que ce soit par leur mise en scène, ici simplement inexistante. Le film n'est pas fait, pas monté, il n'y a pas de découpage, pas de construction, pas d'idée, la caméra est posée là, neutralisée au possible, et l'on attend que ça se passe, rien ne se produit, de temps en temps il y a un vague effet de joliesse (le plan "vapeur" lors de l'annonce de la mort des parents) mais même là ce n'est pas un plan, c'est à la rigueur une image, au sens de carte postale.
* Enfin bref, il n'y a rien là-dedans que platitude, démission esthétique, et surtout fausse générosité, fausse audace, fausse liberté, au contraire vision fade et triste et sans chair du monde, l'idée du sexe dans ce film, présentée sur l'affiche comme s'il allait s'agir d'une libération sexuelle quasi-utopique, est en vérité très triste, très grise, très cynique et en somme puritaine, droitière.
* Vous avez remarqué comme les arrières-plans ne doivent jamais rester vides dans Hung? Comme le collège de Friday Night Lights, ces passages lumineux entre les lames des stores, entre les rideaux, mainstream surrealism, toujours, la base.
* C'est donc bien moi qui étais mal embouché : l'épisode 2 de la troisième saison de Mad Men est saisissant de neurasthénie, mise en scène cafardeuse au possible, CdZ en parle mieux que moi ici, en fin de post.
samedi 29 août 2009
Je t'en ficherai.
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5 commentaires:
Je vois pas trop à quoi tu fais référence dans Friday Night. La série ne fait que mettre en scène du vide, d'ailleurs, et n'hésite pas à placer ses personnages dans le néant (que ce soit à l'école, à la maison ou dehors, même sur le terrain de foot).
Tu peux expliquer?
Oui CdZ le raconte très bien : ce début de saison (Mad Men) est saisissant.
noony : je parle juste d'effets, des balayages lumineux des arrièrs-plans, comme des reflets de voitures au soleil, il y en a sans arrêt dans les intérieurs de friday night lights, et dans beaucoup de séries US en vérité, sans aucun souci de réalisme, uniquement pour que l'espace ne se vide jamais, modifications de lumière en temps réel, dans le plan, on croirait du Ruiz!
terrifiant le début de ton post...
c'est rien de le dire...
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