* C'est ça finalement le plus dur, comme dit le Noon', switcher "en mode Ardennes". Il faut dire que la transition, opérée hier après-midi immédiatement après le repas, à notre arrivée donc, n'est pas douce. Soleil d'hiver sur industries mourantes, dès le premier soir un type à l'épatante moustache, nous explique sur les cendres de son usine comme il serait prêt à buter son patron, à le buter sur place. C'est que le sort de la Sopal s'est réglé hier soir, définitivement, sept mois de reclassement, 15.000 euros, adopté à 21 voix contre 7. Rage de l'homme à la moustache, près de 40 ans de maison, tout près de la retraite. Le voilà qui, dans les volutes du feu mourant de rouleaux de papier d'emballage, parfois gonflées des explosions de bouteille de silicone, grimpe sur un chariot élévateur, et se met à bousiller la porte d'entrée, et puis les fenêtres de la façade de l'usine. Il chope une benne à ordures jaune-orange, la hisse au plus haut, et fonce l'encastrer dans une des fenêtres de l'étage (un bureau peut-être? désormais dévasté, donc).
* Bienvenue.
* On n'a évidemment pas filmé, on n'est pas là en mode gros crevards, on ne débarque pas à l'issue d'un conflit social la fleur au fusil pour filmer des types désespérés faire des gestes désespérés. On laisse ça aux journalistes - ceci dit, on n'en a pas croisé la queue d'un, et le journal local sous-traite l'événement comme de juste (et il n'y a semble-t-il tout bonnement pas de journal d'informations sur la radio locale).
* Petit détour, plus tard, par Cellatex, deux ans après les premières prises de vues. Je ne connais pas le gardien, mais je reconnais le chien. On n'a évidemment pas le droit de mettre un pied à l'intérieur. De toute façon, il n'y a apparemment plus rien à voir, les terrains sont désormais essentiellement vagues, en attente de dépollution des sols. Cette dépollution, ça fait huit ans qu'on en parle.
* Saut en Belgique le soir, il n'y avait presque personne à la friterie. Tout ça sent le sapin. On se les gèle. AM paraît le plus remué par ce qu'on a vécu en un après-midi. Lui, Noony et Monsieur Arnaud paraissent désormais pleinement convaincus de la validité de la démarche de coécriture in situ. Repérages actifs, si l'on veut.
* Aujourd'hui, petit matin, ça fume encore devant la Sopal, qui va repasser ce jour aux mains de ses patrons voyons. C'est, pour le court temps de la transition, une sorte de no man's land, de paysage de guerre révolue. Que cette fois l'on filme. Ce n'est pas la même chose.
* Après on est allés là :
vendredi 12 décembre 2008
Dernier maquis.
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