samedi 13 décembre 2008

The earth stands still.

* Il faut préciser par rapport à hier que quand je parle de geste désespéré, il n'y a pas de jugement moral, je ne pense pas qu'il n'aurait pas dû le faire, et je ne pense pas qu'il était intenable et qu'il faisait n'importe quoi ; je veux dire que tout le monde était en sécurité, que c'était raisonné malgré tout, que les autres lui ont dit de repousser la benne plus loin à l'intérieur pour ne pas qu'elle tombe sur un passant au matin et qu'il l'a évidemment fait sans broncher dans l'instant.

* On tâtonne sur ce que sera le film, mélange de plans tournés il y a deux ans, actualisés, d'interviews ; et puis cet aspect documentaire de genre, dont on parlait.

* Comme on ne savait pas par quel bout prendre tout ça le premier jour, avant l'homme à moustache du premier soir, on a pris de la hauteur, on est montés là:


* De cette Tour Grégoire, vue sur tout Givet. Vue d'ensemble. Mais avant de tout voir on n'a vu que cette fumée noire devant la cheminée de la Sopal, cette cheminée qui est dans le décor depuis toujours, juste derrière chez moi, marqueur spatial invariant, et que je n'ai jamais vue fumer, elle ne servait plus depuis des années, l'usine ne s'en servait plus, mais elle était là comme un monument historique, comme une vigie.

* Pendant le conflit les ouvriers l'ont réaffectée à l'évacuation de fumée de pneus cramés, fumée noire dégueulasse qui a marqué les esprits les 7 semaines de conflit durant.


* Nous on n'en a rien vu, la fumée était devant la cheminée, pas à la sortie d'icelle.

* C'est parce qu'il y avait cette fumée qu'on a filmé le premier jour, on n'avait pas prévu de filmer. D'ailleurs on n'avait pas le matériel sur nous, on est donc partis le chercher et quand on est revenus, une fois encore, on a filmé après la "bataille", lorsque la fumée était devenue faible et comme agonisante. Alors on a pris le temps, le temps que le soleil recule et que l'ombre du Mont d'Haur engloutisse la cheminée de la Sopal.

* Le film s'annonce comme ça, ce n'est pas du feu de l'action, du spectaculaire au cœur du conflit ou dans l'œil du cyclone. On filme à l'heure des braises tièdes.

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