* Non mais, blague hein, dites voir, c'est une blague, non? Il a soudoyé qui, il est le fils de qui, Imbert, pour avoir la presse à ses pieds? Je me disais qu'à tout le moins il y aurait quelque chose à y prendre, un petit quelque chose, j'aurais été généreux, j'aurais même pris les miettes, mais il faudrait prendre quoi, chez Imbert? À quel moment ferait-il du cinéma, du documentaire qui plus est? C'est à peine du reportage, c'est même tout simplement insultant pour les reportages ; film de famille, si on veut, mais il y a de beaux films de famille, il y en a de beaux, de touchants, d'ailleurs, dans Sur la plage de Belfast, finalement, il n'y a bien que ce super-8 familial qui n'écorche pas les yeux ; non pas le super-8 vain qu'Imbert ajoute, pas ce super-8 scolaire qu'Imbert ajoute pour boucher les trous, ce super-8 qu'est-ce que ma texture est belle regardez je filme les flaques et les frondaisons mon cinéma est un cinéma de la matière et de la texture vous allez voir, c'est que je suis un artiste, moi, c'est que j'expérimente à fond, la preuve je fais des ralentis, c'est abstrait, nan? Du clicheton, donc.
* Bon, admettons (hypothèse de travail!) que la démarche originelle ait un léger intérêt, cette démarche d'aller à la recherche du passé (bien qu'ici ce soit la nostalgie la plus dégoulinante qui domine, le sentimentalisme Bontempi -- non mais qui peut la supporter, la musique de Sur la plage de Belfast?), qu'elle ait un intérêt, allez, romanesque, reportagesque, novellesque, soyons généreux, elle n'en a en tout cas, en l'état, aucun cinématographique (gros mot). Y a-t-il seulement un plan, seulement une image qui vaille dans Sur la plage de Belfast? Vous me direz, dans Doulaye, il y a allez le plan où l'on sert du thé, voilà, plan ethnographique, plan dû au hasard, bien, bien, admettons, admettons ce plan, même si pour cela il faut supporter l'enfilade de tous les plans qui l'encadrent, toutes ces tentatives ratées de trouver ce même type de plans, résultant en une infinité soporifique de plans-séquences "contemplatifs" (inter)minables, et la prière de 4 minutes en plan fixe cadré couilles-au-centre, c'est-à-dire pas cadré du tout, vidéo-surveillé si l'on veut, avec le tour de France en fond sonore, que c'est cocasse alors, et l'attente de la pluie sur le patio, et tous ces plans complètement vides de sens, complètement vides de forme.
* Le plan du karaté à la fin, avec l'enfant qui gambade parmi les haies de jambes levées, plan d'attendrissement navrant, souriez, souriez, spectateurs, les enfants sont mignons, quoi qu'il fassent ils sont drôles, qu'est-ce qu'ils sont comiques, qu'est-ce qu'ils sont cocasses (et ces Noirs alors!).
* J. se retournait à un moment de la projection de Sur la plage de Belfast, au milieu d'un de ces montages sans fin sur orgue Bontempi, et me disait : "On dirait une pub pour les produits laitiers", et c'était tout à fait ça, une espèce de mi-chemin entre les produits laitiers et les saucisses Herta, tartiné d'Auteuil-Neuilly-Passysme, cette voix de caricature, doucereuse et ridicule... Vous vous souvenez la conclusion hénaurme de la plage de Belfast? Le ridicule achevé de la voix-off qui, juchée sur son sérieux inébranlable nous balance, sans rire, qu'on filme ceux qu'on aime pour se souvenir d'eux ? Et que ça avait l'air tellement incroyable, qu'on aurait cru qu'il découvrait le fil à couper le beurre ; faire un film sur les films de famille pour en venir à la conclusion qu'on filme ceux qu'on aime pour s'en mieux souvenir, eurêka : l'eau tiède!
* "Sur la plage de Belfast primé dans cinq festivals", non mais je rêve.
* Je m'attends à ce qu'on me dise que je n'ai pas vu son meilleur, que oh si je voyais No Pasaran... Si je voyais No Pasaran? C'est que je n'aurais vraiment pas eu le choix.
* Lunacy, de Svankmajer. Mineur, assurément, JS s'en excuse presque, en personne, dans une intro face caméra assez amère. On est loin de son Alice, mais on l'y retrouve quand même : le cadre serré suffoquant, les carrés de viande Meat Love et leurs danses macabres, deux langues s'enculant, Sade et Poe... Mais un peu trop long (quoiqu'un peu court, dans un sens), un peu répétitif (m'a donné grande envie de revoir cette adaptation de Sade, Marquis, de Topor et Xhonneux, avec ce chien qui parle à sa bite).
* Le film de Serra ne résiste pas à l'épreuve de la lecture de Don Quichotte... D'ailleurs, vous avez vu les photos de son film sur les Rois Mages? Il va refaire le même film toute sa vie? Le récit du tournage dans les effarants Cahiers du mois ne donne pas vraiment confiance...
* Ah oui, bientôt ce blog changera de nom et d'adresse, afin d'éviter la confusion avec le film éponyme, qui se tourne à la fin du mois. Je préviendrai, évidemment (peut-être dès aujourd'hui, ou dès demain). [EDIT : Et ce fut donc fait aujourd'hui]
lundi 12 mai 2008
Imbert est vide.
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2 commentaires:
Cette revue de presse sur Allociné est glaçante... Vraiment, ça me dégoûterait presque de vouloir faire ce métier.
Le pire c'est que, tu l'as vu comme moi, le type lui-même a l'air de ne pas en revenir!
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