* Chers freaks, chers geeks, va falloir surveiller ça.
lundi 31 août 2009
dimanche 30 août 2009
samedi 29 août 2009
Je t'en ficherai.
* Vous vous souvenez de ça?
* Ça ne s'est évidemment jamais amélioré, à chaque rencontre elle me haïssait un peu plus, idéologisait un peu plus, de son idéologie dégueulasse, j'ai eu droit aux pires, "je ne vous fais pas confiance parce que vous êtes chômeur", les mensonges, les manipulations, les insinuations sinueuses.
* Vendredi je décrochai le pompon, l'affreuse condamna tout d'un bloc, rien n'était défendable, tout devenait arme contre moi, mes démarches auprès des producteurs, mes écritures, mes travaux, mes projets, mes promesses, mes commissions en attente, devinrent sous sa langue chargée et sa plume injurieuse des "projets personnels m'empêchant de chercher un travail". J'ai eu beau refuser qu'elle inscrive ceci, ces propos déformés, rendus difformes, ces mensonges, dans mon dossier, elle n'a évidemment rien voulu entendre, il n'y avait pour elle que ça à comprendre : chercher du boulot dans ce pour quoi on a été formé, dans ce pour quoi on se bat, dans ce pour quoi on va à l'ANPE Spectacle justement, ce n'est pas chercher du boulot, je pouvais rationaliser autant que je supposais qu'elle voulait, elle s'en contrefoutait, "oh votre formation, hein, votre formation, j'ai regardé ce que c'était et, hein..." et hein quoi? "et hein vous savez bien, hein" non, non, je ne sais pas, dites-moi "oh oui oui oui oui, hein, vous savez très bien" donc non je n'ai pas su et tout fut ainsi, tout fut mépris et injures, tout fut dégoûtant, "vous savez les gens comme vous je les connais, eh bien ils travaillent, ils font des péages autoroutiers la nuit", et il aurait fallu que j'accepte ça, que je chante ces louanges-là, que je me réjouisse à l'idée de travailler de nuit dans un péage autoroutier, qu'ainsi je serais digne, digne de gagner mon argent, en somme à l'ANPE Spectacle on m'a pour l'instant proposé deux emplois, le McDo et les péages de nuit, et on veut me faire croire qu'en acceptant ces machins, j'aurais alors une meilleure image de moi, moi le "parasite" qui "vit sur le dos de la société", "vous n'êtes pas handicapé mental, alcoolique, dépressif, suicidaire, n'est-ce pas? Eh bien votre assistante sociale est une incompétente, puisqu'elle fait signer un contrat de RSA à des gens comme vous", voilà, c'était aussi brutal et bête et basique.
* Et comique aussi, ponctuellement : "Qu'auriez-vous dit si Orson Welles avait vécu du RMI?", mais que voulez-vous répondre à une telle ineptie? Si, j'aurais pu dire : ah, merci de me comparer à Orson Welles ; mais j'avoue que je n'avais alors pas beaucoup d'esprit, ma bouche était bée il n'en sortait pas grand chose, la consternation pure.
* "Je ne pense pas qu'on se reverra en Octobre, je vais vous faire radier pour insuffisance de recherche d'emploi."
* À tant de laideur, que voulez-vous répondre d'autre que ceci? (vimeo veut pas)
* Bon et sinon EMGC reloaded et bien reloaded. Pourquoi certains appartements sont plus apaisants que d'autres, alors qu'objectivement il n'y a pas de grosse différence?
* En sortant des Derniers jours du monde je me disais que ça me rendait fou de voir ça, de voir un film disons à ce point ambitieux sur le papier (dans son univers, I mean) être en réalité à ce point étroit dans son exécution, dans ses intentions, dans son rapport au monde et au cinéma. Aux USA quand on réfléchit à une fin du monde d'anticipation prochaine, on fait Les Fils de l'homme ; en France on fait ce machin-là, en France, le jour de la fin du monde, le petit monde du cinéma français en sera encore à s'attacher à ses inquiétudes bourgeoises, à ses adultères sans chair, à son sexe triste en coïtus interruptus, à ses compilations de casting, à ses récitatifs faussement bressoniens en vérité mal joués, à son refus de la dramaturgie, à ses bazineries mal digérées qui en viennent non pas à interdire le montage mais bien à interdire la mise en scène (je pense ici au plan-séquence du lance-roquette, qui voudrait être bazinien parce qu'il amène à la mort en plan-séquence, mais qui est tellement mal pensé qu'on voit exactement où s'est faite la supercherie, à quel moment le magicien a retiré le lapin du chapeau).
* Tout ce qu'on peut encore y voir, le seul intérêt des Derniers jours du monde, c'est d'y lister tous ces tics d'un certain cinéma d'art et essai devenu complètement routinier même quand il se trouve transposé dans autre chose que des deux pièces cuisine ; en somme tout ce qui aurait pu servir à faire réellement un film, ce que les Larrieu passent leur temps à refuser, complètement infoutus qu'ils sont de construire quoi que ce soit par leur mise en scène, ici simplement inexistante. Le film n'est pas fait, pas monté, il n'y a pas de découpage, pas de construction, pas d'idée, la caméra est posée là, neutralisée au possible, et l'on attend que ça se passe, rien ne se produit, de temps en temps il y a un vague effet de joliesse (le plan "vapeur" lors de l'annonce de la mort des parents) mais même là ce n'est pas un plan, c'est à la rigueur une image, au sens de carte postale.
* Enfin bref, il n'y a rien là-dedans que platitude, démission esthétique, et surtout fausse générosité, fausse audace, fausse liberté, au contraire vision fade et triste et sans chair du monde, l'idée du sexe dans ce film, présentée sur l'affiche comme s'il allait s'agir d'une libération sexuelle quasi-utopique, est en vérité très triste, très grise, très cynique et en somme puritaine, droitière.
* Vous avez remarqué comme les arrières-plans ne doivent jamais rester vides dans Hung? Comme le collège de Friday Night Lights, ces passages lumineux entre les lames des stores, entre les rideaux, mainstream surrealism, toujours, la base.
* C'est donc bien moi qui étais mal embouché : l'épisode 2 de la troisième saison de Mad Men est saisissant de neurasthénie, mise en scène cafardeuse au possible, CdZ en parle mieux que moi ici, en fin de post.
vendredi 28 août 2009
jeudi 27 août 2009
mercredi 26 août 2009
Ballo di Ferragosto.
* Photogramme tiré non pas d'un remake de Ce cher mois d'août mais d'un sublime film de vacances de l'ami Jiko. Je vous le montre pas, j'ai pas son copyright. Mais je vous fais baver dessus.
* Ceci, plus une conversation avec l'ami Jenkoe cet après-midi en terrasse, où l'on reparla d'EMGC et des Sbires, plus la vidéo de dimanche que je suppose peu ont regardé mais c'est pas bien grave, me confirmant qu'il est temps de refilmer, tout et n'importe quoi s'il le faut, mais refilmer, vite, vite. S'exercer, monter, monter même rien, même du rien, des photos, des bouts, des fragments, mais filmer vite, expérimenter en somme, compenser la rigidité des sessions d'écriture par le bonheur simple de filmer. CdZ me disait l'autre jour qu'il ne comprenait pas pourquoi les réalisateurs de courts métrages expérimentaux et documentaires ne faisaient pas plusieurs films par an. Il avait raison. Il ne s'agit pas de les réussir tous. Il s'agit d'expérimenter, d'essayer, de filmer, quoi, de filmer, d'en faire une activité principale, une extension de soi, une manière d'écrire. Expérimenter au sens propre aussi, c'est-à-dire se tromper et apprendre.
* Du coup puisque j'ai perdu le sabot de mon pied de caméra, je vais en profiter pour racheter un bon pied. Quelqu'un a un plan intelligent et pas cher?
* Enfin vu La Traversée du temps, anime nippon récupéré il y a un sacré bail sur Kühe. C'est un Groundhog Day teen drôle et romantique et triste et simple et humble et soucieux de sa lumière d'été et de la beauté calme de ses décors. Fait pour moi, en somme. C'est autre chose que... bah que rien, en fait, qu'est-ce que fait l'animation française aujourd'hui? (et me parlez pas de cette merde de Persepolis, hein) (bon, je n'ai pas vu Lascars, mais j'ai peine à supposer qu'on y trouve une telle poésie, une telle évidence...)
lundi 24 août 2009
dimanche 23 août 2009
Live at the Haçienda.
* En m'y baladant un peu, en survolant, je me disais que ce Live at the Haçienda allait profondément m'emmerder, du fait de son échelle de plans tellement resserrée qu'elle m'étouffait d'avance, et puis étonnamment, je trouve le film sublime, pour ses lumières, ses profils, la transparence/la nudité de sa technique rudimentaire (les mêmes plans, les mêmes cadres, qui reviennent sans esbroufe, on pourrait trouver ça plat, je ne sais pas, je trouve ça franc, honnête sur la captation), ses compositions, la belle durée de ses plans, c'est rare que j'aime les vidéos de live (le live à Madrid d'hier est assez laid, par exemple), disons qu'il y a bien sûr Stop making sense et puis il n'y a pas grand chose d'autre qui me plaise en la matière (si, il y a les belles répétitions de Balibar dans Ne change rien) (je déteste pas le DVD live de Dominique A, mais bon, je suis pas très clairvoyant sur Dominique A, Châtaigner est quand même un réalisateur pas terrible), mais là il y a ce côté rough, ce côté humble, le son même est magnifique, c'est quand même ça qui nous intéresse, mixé dans les aigus, un peu pourri, mais très beau en vérité, enfumé, très pur, très sec, et puis Gano est déchaîné, fond de gorge raclé, intensité, il n'y a pas ce 2nd degré un peu nul du live madrilène par exemple, c'est du rock, quoi, c'est intime, c'est bricolé, ça fait garage de répet', et c'est très bien comme ça, c'est encore ça le mieux. En fait je ne m'attendais pas à trouver les Violent Femmes si sérieux, j'ai plus l'habitude de leur album live Deluxe, que j'aime énormément, où le son est pas mal tourné vers la salle, avec interactions directes avec le public, blagues, beaux ratages, complicité. Là le public est assez en retrait, d'ordinaire c'est moins feutré. C'est étonnant et ça fait du bien d'écouter les VF comme ça, ce calme, presque solennel, disons qu'entre Deluxe et l'Haçienda, c'est la même différence qu'entre l'album New Times (j'en profite pour redire à quel point j'aime Rio de Janeiro, qui referme cet album souvent hilarant) et les superbes B-Sides de l'album Something's Wrong, ce même bel écart. Pour connaître les VF, il suffirait d'écouter ces quatre-là, et on connaîtrait tout, on pourrait se passer d'écouter le reste.
* Et écoutez vers 50:30, je ne connaissais pas, c'est très beau, très triste.
* Et sinon, on peut prendre 6 minutes pour regarder ceci, qui n'a pas tout à fait rien à voir (merci à Julie pour le son).
samedi 22 août 2009
Batman can just kiss off into the air.
* Extrait d'un étonnant live télévisé à Madrid, en 1985, qu'on peut trouver dans son intégralité là :
vendredi 21 août 2009
jeudi 20 août 2009
mercredi 19 août 2009
Chemin.
* Ah comment toi-même tu peux pas test. C'est la plus belle vidéo qu'on m'aie jamais envoyée. Mais il n'y a bien que Gwen et moi qui pouvons la comprendre, je suppose.
* Et c'est donc, évidemment, une vidéo de Gwen.
* Sublime.
* Il y a même O'Dukes bordel!
* Regarde la baie vitrée, sérieux, regarde!
mardi 18 août 2009
Deus ex machinalement.
* Pas complètement convaincu par la reprise de Mad Men. Je ne suis pas non plus horrifié, hein, comprenons-nous bien, mais ce season premiere ne m'a pas renversé. Pourtant le premier acte est de très haute tenue, splendeur et évidence de l'introduction notamment, très Sopranesque dans sa façon de funambuler au bord du surréalisme et de prendre le temps de la mise en scène, de l'affect esthétique pur (le tortillon rouge dans le noir, au tout début).
* C'est plutôt l'écriture de la suite qui me laisse sur ma faim, et notamment le deus ex machina de l'incendie à l'hôtel, pas terrible, trop facile je trouve, et le montage parallèle des deux chambres, téléphoné. Et puis voilà, on est dans du coïtus interruptus de petit feuilleton, on nous fait durer le déshabillage, on se roule des pelles, et dring finita la comedia. C'est pas vraiment digne de Mad Men, je trouve, dans Mad Men d'ordinaire, les deus ex machina sont de vrais paquets de tuiles tombées du toit, des trucs relevant de l'étrangeté, du coup du sort, presque de l'onirisme, pas des machins de boulevard, d'amants surpris par la fenêtre ; je veux dire : entre le deus ex machina arachnéen du malaise à la piscine bourgeoise de la saison 2 et cet incendie à peine crédible qui n'a même pas droit à son contrechamp pour le devenir, il n'y a pas photo, non?
* Et cette fin un peu expédiée, bon, c'est un peu dommage, non?
* Allez on y croit, c'est moi qui devais être mal embouché.
lundi 17 août 2009
Cuentos del mar.
* Ruiz qui refait du Ruiz en 2009? Assez dingue pour être signalé. Moi je croyais qu'il était foutu depuis qu'il a rencontré Margolin (La Maison Nucingen est tellement ratée...). Mais non, tout simplement, il est foutu ces dernières années quand il est produit en France, disons depuis 10 ans.
* Là on revient à ce qu'il faisait dans les années 80, et ce qui n'est pas une surprise c'est qu'il s'agit d'un feuilleton, évidemment, Ruiz devrait être reconnu comme le plus grand auteur de télévision non-américain.
* Si quelqu'un sait où télécharger la suite de Litoral, cuentos del mar, qu'il agite le bras frénétiquement.
* D'ailleurs, on trouve ici depuis quelques jours le rarissime Professeur Taranne, sur lequel il faut évidemment se précipiter avant que Rapidshare ne le dégage de sa base de données.
dimanche 16 août 2009
Ce cher week-end d'août.
* Rentré un chouïa plus tôt que prévu d'un week-end complètement improvisé mais formidable dans la Drôme -- notamment, mais je l'ignorais avant mon départ, pour assister au Festival des Airs de Rue de Saint-Nazaire Le Désert. J'ai longuement maudit Le Grabu de ne m'avoir pas prévenu par avance, et puis bon au final c'est surtout moi que j'ai maudit de n'avoir toujours pas le réflexe d'emmener ma caméra avec moi quand je pars. Le village est sublime, même si je ne trouve rien sur Google Images pour le prouver, croyez-moi sur parole, et le festival, qui envahit ses rues par vagues intermittentes toute une journée durant, comme une marée changeante, est hypnotisant, quand bien même tous les spectacles ne valent pas nécessairement grand chose. L'impression d'avoir traversé une espèce de Streamside Day provençal mâtiné de Ce cher mois d'août, passé beaucoup de temps à entretenir ma frustration de ne pouvoir filmer en prenant du recul sur ce qui se déroulait pour faire des exercices de cadre mental, à voir clairement que c'était un film de lieux, un film de village, de liesse, un grand elfe monté sur échasses laissait courir les trouées de soleil sur son maquillage et bondissait sur ses longs pieds au son d'un taraf infatigable, des grappes de mômes se demandaient s'il fallait entrer dans la masse ou reculer sur une colline pour voir l'ensemble, des vieux sur un banc parlaient de fusion et de soudure à l'arc, une trentenaire avancée et anorexique cherchait la fontaine et disait à qui ne savait l'orienter qu'il "ne servait à rien", un long morceau de bois nu aux allures de squelette d'animal chimérique se balançait en l'air au rythme des envies d'une belle acrobate blonde, et leur ombre commune projetée sur les arbres alentours était déjà du cinéma. Il faudrait pouvoir y retourner l'an prochain, mais j'ai bien peur que cette magie-là ne se représente plus de la même manière.
* Dormi à la belle étoile dans des hauteurs venteuses, protégé par les parois métalliques d'une sorte de grosse carriole sans toit posée là.
* Me suis amélioré au tarot, sans pour autant gagner.
* Pains, fromages, saucissons. Bières ambrées du cru. Pastis en bouteille de plastique, mouillé à même les fontaines du village.
* Des films passent comme ça, on les vit en souhaitant les filmer. Parfois on ne sait pas ce qui vaut le mieux. Dès que je m'ennuyais, je regrettais de n'avoir pas ma caméra. Mais dès que je ne m'ennuyais pas, je le regrettais aussi.
* Quel silence au retour à Paris! Silence radio général, d'ailleurs, des mails restés morts notamment (je sais la plupart dus aux vacances, mais certains silences, l'un en particulier, m'attristent).
* Étonnant comme je ne pensais pas partir en vacances de l'été faute d'amis dispos, et comme finalement ma petite escapade se fit avec un ami très récent et donc méconnu (Le Grabu, donc, que désormais je connais mieux) et deux chouettes zigotos, Re&Ra, que je ne connaissais ni d'Ève ni d'Adam (dormir sans toit rapproche assez pour que je suppose les revoir bientôt).
* On a été rejoints plus tard par la petite amie de Ra, A., passionnée d'éthologie, qui se trouve avoir été bénévole chez Takh, cette Association de sauvegarde et de réintroduction des Przewalski, au Villaret, où j'avais séjourné il y a deux ou trois étés. L'horrible petit film qui retraçait les activités de l'Asso et qui était projeté aux quelques visiteurs m'avait tellement écœuré par sa nullité malgré son sujet en or, que j'avais commencé à réfléchir à un documentaire. J'avais trouvé un angle à l'époque, qui malheureusement est mort avec Pamyre, l'un de ces chevaux qui était tenu à l'écart du groupe du fait d'un problème de consanguinité qui amenait les autres à le harglah sévère. Quelque chose qui avait en quelque sorte à voir avec le zébrule du magnifique Rêve de cheval d'Ariane Michel. Je l'avais d'ailleurs bizarrement pitché à Olivier Zabat, que j'avais rencontré pour son dur mais beau film Yves, je voyais en effet quelques correspondances avec ce projet de documentaire. Toujours est-il que de reparler de tout ça avec A. a fait revenir l'envie d'aller y filmer, mais y filmer quoi désormais? Il n'y a plus de réintroduction en Mongolie prévue, il ne s'agit plus que de maintenir un parc sur place, au cas où. Il faudrait savoir quoi faire. Ce sont tout de même les derniers chevaux sauvages au monde...
* Au début de cette belle vidéo du Causse Méjean, trouvée par hasard sur le net et réalisée par j'ignore qui, on les voit un peu, de loin :
* On les voit de plus près sur cette vidéo nulle :
* Résurgence, de fait, de mes autres envies animalières, les renards parisiens, notamment... Vivement la rentrée qu'on reparle de T.A.S avec Jiko et le producteur.
* Vous avez vu? La saison 3 de Mad Men commence ce soir.
mercredi 12 août 2009
mardi 11 août 2009
Ton temps et Milou.
* Merveilleux épisode final de la saison 2 de Dr House, auto-critique géniale des rouages narratifs de la série, notamment sublime contestation de l'ellipse-téletransportatrice dont j'avais parlé pour Gossip Girl à l'époque ce qui m'avait valu les moqueries répétées du Khan, "comment je me suis retrouvé dans l'escalier?", ben on n'en sait rien, on n'a pas l'habitude de se poser la question puisque c'est bien ainsi que ça marche d'ordinaire. Pas étonnant que Shore lui-même réalise cet épisode-clef. Étrangeté de tous les plans, mainstream surrealism comme je disais. Revoyez l'apparition de la femme du tueur, la première apparition, dans le reflet de la vitre, cet effet numérique volontairement foireux, bon ça y est je suis vraiment fan. Tous les plans devant le restaurant Mexican Food, comme tirés d'un Lynch. Grande série, en vérité.
* Que c'est dur d'écrire un synopsis de comédie! C'est beaucoup moins drôle à écrire que quand on se le raconte à l'oral...
* P(NC) a beaucoup de retours positifs dans sa forme V1, j'en suis ravi, je n'ai pas fait exprès, beaucoup de hasards bienvenus, de coïncidences bien tombées et c'est très bien comme ça, ça m'a paru tout simple, c'est pas l'accouchement long des Dragons. Pourtant, simple, si on y réfléchit, ça ne l'est pas : 4 ans de gestation, pire qu'un éléphant. Je n'y croyais même plus, à peine j'y pensais des fois (ceci dit j'en avais récemment rediscuté avec L., j'avais élaboré, improvisé à l'oral, un truc ampoulé, ça n'en finissait pas, je voulais retourner mille trucs, intégrer ça dans un projet plus ample, et puis j'avais fini en disant : non mais faut tout bazarder, il n'y a besoin de rien - et effectivement).
lundi 10 août 2009
Les actes manqués.
* Quel outil formidable ce doit être, n'empêche, pour un professeur de scénario, que Dr House! Quelle belle invention qu'un personnage qui prend un malin plaisir à rappeler les enjeux, à grossir tous les symboles, à faire tous les rapprochements, toutes les métaphores du monde. Et même à souligner les paradoxes, ou à désamorcer tout ce qui pourrait devenir meulant. On me disait dans les commentaires que la série ne tient que par son personnage principal, et c'est tout à fait vrai, dans tous les sens du terme, c'est le rouage principal, c'est le moteur narratif parfait, mais ce ne serait rien si l'affect n'allait pas avec. Vous avez remarqué, dans la saison 2, comme il a contaminé son équipe et que ça leur fait peur et nous fait peur (toujours au bord de la misogynie, du racisme, du cynisme absolu, et même, plus ça va, de la violence, comme dans cet épisode terrifiant qui conjugue tout ceci, avec la gamine black de son ami, à laquelle il casse un doigt parce qu'il la considère comme une menteuse/parce qu'il veut prouver que la douleur lui déclenche des hallucinations...), comme c'est ça l'enjeu majeur de cette saison 2? Ils se veulent tous trois tantôt copykitten de son mood, tantôt radicalement anti-lui, ils n'arrivent pas du tout à se définir eux-mêmes. Marrant d'ailleurs comme Chase est devenu passionnant car en retrait, à peine présent, comme lâché par le scénario (c'est l'évidence avec la surécriture : la rare chose qui y échappe accroche l'attention), la fragilité qu'il dévoile lors de l'épisode où il bosse à la maternité, qu'est-ce que ça signifiait?
* Idée géniale, n'empêche, j'insiste, que ce médecin qui a le virus du mauvais esprit et de la franchise à tout crin, ça me rappelle ce bel épisode de Fringe, avec ce type dont les émotions étaient un virus, qui pouvait amener quelqu'un de fragile à se suicider si lui-même allait mal, était un peu déprimé...
* À force que Gwen insiste, j'ai fini par ranger mon étagère, et du coup j'ai évidemment rangé plus loin, rangé globalement la pièce à vivre, passé l'aspi partout, réorganisé un peu, fait du nettoyage par le vide, du tri. Retombé sur de vieux cours de scénario, il faudra que je les relise et éventuellement les passe à L. si elle veut les lire, mais j'ai bien peur d'être le seul capable d'y comprendre encore quelque chose, tant ils sont bordéliques et surtout maculés de dessins dans tous les sens. Et trouvé des notes pas complètement idiotes sur le documentaire (merci aux cours de François Niney), et d'autres assez puantes sur la notion de plan (je me souviens pas du nom du prof). Toutes deux de la même époque, de Paris 3.
* Retrouvé un très beau carnet de dessin d'un moment où j'avais un très beau feutre noir, et je suis bluffé de certaines choses que j'y trouve, si bien que je me demande même une seconde si c'est bien moi qui les ai faites (mais oui, oui, c'est bien moi). J'ai vraiment envie que mon scanner remarche, j'aimerais bien les sauver de l'oubli. Des trucs très étonnants à mes yeux, des paysages qui n'ont pas voulu s'encombrer de perspective notamment, parce que je suis nul en lignes de fuite, et qui composent avec le plat et les matières et créent un truc étrange, disons d'épaisseurs et de layers, que j'aime beaucoup. Un trait que je n'ai jamais eu avant ni après, à ma connaissance, un moment où sans doute je me tordais la main pour ressembler à je ne sais qui (il y a quelque chose de familier dans la technique, mais aucun nom ne me vient, là, tout de suite).
* Je déteste jeter mes vieux dessins, et j'allais dire surtout les ratés. Je jette des dessins du jour sans problème, mais du moment où je ne les ai pas jetés le jour même, c'est qu'il ne fallait pas le faire et donc que quelque chose m'y retenait, quelque chose y avait été expérimenté, ou bien pas du tout, quelque chose de classique y avait peut-être été réussi, et dans les deux cas, étant complètement autodidacte, ça me retient. J'adore revoir des vieux dessins ratés et comprendre en quoi ils l'étaient et pourquoi aujourd'hui ils le seraient moins, ne le seraient plus ou le seraient toujours si je m'y attelais de nouveau. J'aime aussi beaucoup retrouver un dessin réussi, mais il y a toujours un deuil avec ceci : j'ai toujours l'impression que je ne serai jamais capable de le refaire, que c'était un bel hasard, une belle chance. C'est aussi parce que je pratique avec trop d'irrégularité. Ça fait longtemps que je me promets de m'offrir des cours. Mais non seulement c'est cher, mais en plus ça me fait très peur, je n'ai pas envie de dessiner des pommes avec un crayon de bois calibré. Je cherche un cours de dessin qui commencerait par regarder ce qu'on fait naturellement et broderait à partir de ça. Si vous connaissez, dites-moi.
* Souvent je me dis que je devrais acheter du matériel et chaque fois que je le fais, je me démerde pour le perdre.
* Ca vient aussi, psychologie de comptoir sans doute mais bon, de ce que c'est mon frère qui est censé être le dessinateur de la famille, moi je gribouille, on n'a jamais considéré que je dessinais, et il est vrai que je n'aurai jamais la maîtrise classique de mon frérot, qui touche sacrément sa bille (plus de 19/20 au concours d'entrée des Gobelins!) (et il n'y est pas entré finalement, par choix) (a préféré devenir instituteur) (c'est fou, non?). Je n'aurai jamais cette simplicité et cette évidence (cartoonesque notamment), moi je suis dans la maladresse et le trait bizarre et biscornu qui soudain fait sens. Je fais vingt dessins et l'un d'eux a soudain de la gueule, une gueule cassée mais de la gueule. Mon frère fait un dessin et tout le monde peut le lire immédiatement. Il a ce génie-là.
* Ah et tant qu'on parle de fouiller le passé, j'ai enfin trouvé comment monter P(NC), tourné il y a 4 ans et jamais achevé, le déclic m'ayant été donné par une commande très généreuse de N, qui j'espère fera parler d'elle. Le film devrait être montrable fin août, il fait un peu moins de 6 minutes. J'en suis très surpris, donc content. 4 ans de macération et soudain la naissance en un rien de temps. Drôle de phénomène.
dimanche 9 août 2009
samedi 8 août 2009
Sweet honey sugar, où en est l'art Edgar?
* Le débat avec Gorin, au FID, dont je vous parlais récemment, est en écoute ci-après. Merci à la Griffe de me l'avoir signalé.
* Rien à voir du tout, sans hésitation aucune, bien que j'adore l'originale des Crystals (Phil Spector, quoi), je préfère la reprise de Dom A (la seconde, s'il y avait besoin de préciser), mais je vous laisse seuls juges :
* Deux autres reprises de la même, par les Flying Lizards puis par Asobi Seksu, je n'en aime aucune, elles sont toutes les deux moqueuses, second degré, c'est une chanson à pleurer, à vivre, et Dominique a raison de dire "she kissed me", de fait.
* Je ne dessine plus depuis plusieurs jours et ça c'est vraiment mauvais signe (je dessine depuis longtemps mais je m'étais discipliné à dessiner vraiment chaque soir depuis un gros mois, de la BD, un peu pour moi, un peu comme un carnet intime, sans montrer à personne, le carnet va pourrir). Ceci dit on a écrit une belle scène dialoguée avec Gwen, elle est beaucoup trop longue, qu'est-ce qui se passe quand il y a montage de dialogues en jump-cut? Est-ce qu'on peut encore croire à la règle de toute façon complètement arbitraire des une page/une minute? Est-ce que montrer que des personnages qu'on aime peuvent être odieux quand ils veulent peut vraiment les rendre attachants? C'est le pari. Moi je le trouve réussi, même si c'est casse-gueule.
* Vu F&T, couple heureux, attendent un bébé, tout a l'air simple, achètent un appart', ont l'air heureux, font un boulot intelligent, l'abattent avec intelligence, ont de l'humour, de l'auto-critique, savent où ils vont, ce qu'ils font, se comprennent et s'entendent, ça a l'air d'aller de soi, évidemment je me doute bien que ça a pu ne pas toujours l'être, en tout cas c'est beau leur entente et leur simplicité et leur tolérance. C'est enviable. C'est inenvisageable, de fait.
* Je repense à ce que disait Jenkoe, sur le célibat à notre âge, sur ce que ça pouvait signifier, qu'il y avait nécessairement un truc qui clochait, qu'aujourd'hui si tu regardes bien si t'es pas casé vers 25 ans, puisque c'est devenu une norme, c'est que ça merde quelque part, et donc quand il me disait : "Pour preuve, toi t'es pas un cadeau", c'était une blague mais il avait raison.
* Et je pense à cet autre type, que je connais mal, qui insulte sa meuf partout mais qui reste avec elle va savoir pourquoi, par convention, par peur d'être seul. Qui semble très triste.
* Je sais après quoi je cours, non plutôt ce pourquoi je cours aussi vite que possible, pour essayer de n'être pas rattrapé par des pensées de timing, je n'ai pas été assez vite ou assez lentement ou assez bien, enfin j'en sais rien, j'ai des problèmes de rythme, un peu comme les Dragons revus hier soir, film dont je suis fier, mais je ne veux pas que dans quelques mois je me dise comme pour Passemerveille, ce plan est trop court, ce noir est ridiculement court, ce plan-ci est trop long, ce point de montage est raté. Qui décide et comment décider? En tout cas le montage du film est rattrapable, ce sont des ajustements minimes. Mais si je remonte mentalement les séquences des disons deux dernières années, j'avoue que je donnerais cher pour un director's cut.
* J'ai découvert en retravaillant mon CV pour le rendez-vous Pôle Emploi de l'autre jour que je suis resté 5 ans et pas 4 avec S. J'ai fait pire que je croyais. Fallait couper plus tôt, tu t'es cru dans À l'ouest des rails ou quoi?
vendredi 7 août 2009
jeudi 6 août 2009
Mais qu'est-ce qu'il y a des éléphant-z-ici!
* Oui ben quoi?
* Une discussion récente avec CdZ m'a amené à réfléchir sur la différence fondamentale entre ça, ça et ça. Ce qui fait que le premier me fascine, le second me séduit mais m'endort à la longue, le troisième me séduit sur le papier mais m'ennuie en somme. À vous, vous avez trois heures.
mercredi 5 août 2009
mardi 4 août 2009
Tisser dans un violon.
* Peut-être que la solution, alors, vient d'une hybridation culturelle. Je vois que j'en reviens aux schémas dramatiques, à la mise à plat quasi-mathématique de mes structures, que je reviens à la fiction par la porte du scénario, de la technique de scénario, que j'essaie de souffler sur les braises froides comme la mort de ce que j'avais brûlé rageusement. Mon espoir là-dedans, c'est d'y être revenu avec autre chose dans le ventre, avec quelque chose à dire au cinéma (oh c'est pompeux, mais il vaut encore mieux l'être, j'ai l'impression), avec une meilleure visibilité qu'à l'époque où l'on m'apprenait ces choses-là, et qu'on tentait de me faire tisser (dans un violon) ces cordes à nœuds dramatiques sur du rien, sur du rien du tout. Est-ce qu'avant de savoir écrire pour l'écran, il ne faut pas d'abord savoir (enfin, disons, avoir une idée de) ce qu'est la mise en scène? (Sinon, on finit par entendre des gens mettre l'affreux Family Man de Brett Ratner, parce que ses trois actes sont nets et clairement articulés, au même niveau qu'Un Jour sans fin et que voulez-vous répliquer à ça?) Plus ça va, plus je suis persuadé que c'est le cas, qu'il faut savoir ce qui se passe, qu'on ne sait pas à quoi sert un scénario si on ne l'a pas expérimenté. Qu'on ne saura vraiment que ce n'est qu'un mode d'emploi à la mise en scène qu'en l'ayant éprouvé concrètement. De fait, je suppose que j'ai encore besoin de grandir avant de le savoir vraiment. Mais je commence à voir, je crois. Je vous dirai si la bouture finit par prendre.
* D'ailleurs, tâté un peu hier du script-doctoring, comme L. m'y invite régulièrement. J'ai l'impression de ne pas être trop mauvais à cet exercice. Je sais que ça pourrait surprendre Guigui, qui pense toujours que je suis incapable de prendre des gants, que je suis un salopard qui ne sait pas être constructif avec le travail des autres, que je suis cassant. Moi je pense que je peux l'être, évidemment, on ne se refait pas, et puis que je suis buté. Mais que s'il s'agit de dire les choses, et si le projet me plaît, je sais réfléchir, être détaillé et précis. Après, oui, je vais pas circonvolutionner, ou tortiller du cul pour chier droit comme disait mon grand-père, pour complaire à l'Auteur (franco-francitude, une fois encore, de l'ultra-protection de l'Auteur, à qui il ne faudrait rien dire... respect à Liam, d'ailleurs, qui n'a jamais mal pris que je n'aime pas son film, qui a compris que j'étais sincère et que ça n'avait rien de personnel). Faudrait demander à L. comment elle le vit. Bien j'ai l'impression, mes conseils semblent la relancer à chaque fois -- et j'en suis le premier surpris, toujours inquiet de décourager. Mes vieux cours me servent bien en tout cas. Mais m'être englouti tout Seinfeld et autres, c'est peut-être encore ça qui m'aide le plus. Vraiment l'impression d'avoir ingéré une demi-douzaine d'encyclopédies du scénario, quand je fais le bilan de ce que j'ai regardé ces derniers mois. Embauchez-moi comme script-doctor! Ça fera plaisir, des fiches de paie, à mon abrutie de conseillère Pôle Emploi Spectacle, qui s'est encore amusée à me faire Kafka dessus hier. Je cherche une insulte pour achever ça en beauté, mais je ne trouve rien d'assez ordurier.
* Vous ne trouvez pas que le meilleur album de PJ Harvey, c'est son artisanal 4-Track Demos, enregistré chez elle entre 1991 et 1992? Plus on avance dans la chronologie de sa disco, plus sa musique m'ennuie... Là, au moins, ça sent la colle et la sueur domestique.
samedi 1 août 2009
O sole mio, la tête en bas, dans l'nez les doigts.
* Très pratique, dans Dr House, d'avoir un personnage principal tellement compendieux (mot compte triple au dictionnaire des synonymes de Caen) qu'il passe son temps, avant chaque coupure pub, à résumer les enjeux et relancer la machine narrative. Bizarrement, les coutures scénaristiques sont méchamment voyantes mais ça ne me gêne pas, ce n'est pas un problème, c'est une annotation de musique dirait-on, comme une dramatisation pointée sur une partoche, cette preuve de plus que dans l'ultra-contrainte télévisuelle, l'écriture américaine se faufile comme la souris farouche dans le bordel de mon appartement. D'où vient cela, que certaine lourdeur de dialogue, certains verrouillage thématique et convention d'écriture archétypique appuyée comme un tampon sur un document administratif, ne m'effarouchent pas plus qu'un moustique quand il s'agit de l'écriture américaine sérielle, standardisée dans sa rythmique et sa résolution en forme de garantie de bonne fin (remember this?) ? Alors que chez Amaouche, par exemple, au pif hein, l'écriture appliquée par exemple du dialogue final "le vilebrequin remarche", ce symbole lourd qui ploie les lignes de la portée et fait tout baisser d'au moins un octave (ouais, je file ma métaphore, t'as vu?), me plombe partiellement un film qui pourtant me touche? Comme je disais à L. pas plus tard que tout à l'heure avant qu'elle file à Ré (ouais, encore la métaphore musicale!!!), dans Adieu Gary, mieux vaut le dernier plan (bel au revoir accueillant, en sa Maison du peuple) que la dernière réplique, alors que dans Dr House, c'est bien souvent l'inverse, le dernier plan étant souvent meulant et au ralenti, dans une gerbe un peu dégoulinante de violons moralisants. Alors quoi? À quoi ça tient?
* Hypothèse de travail, puisqu'en attendant je flemmardise : en ce que les archétypes d'Amaouche sont des archétypes naturalistes (l'ado autiste à valise étant le pire), alors que ceux de Dr House n'ont aucun souci de l'être, ou plutôt aucune nécessité de l'être. J'extrapole et je m'en fous : c'est presque une question de culture, dans le sens d'héritage culturel. Amaouche doit s'extirper du naturalisme, d'une tradition franco-française, tandis que dans Dr House cette étape est inutile. Amaouche doit dire : d'accord, je viens (quand je dis "je", je pense surtout : les nécessités et arguements de "ma" mise en production, pas d'un "cogito ergo sum" d'Amaouche, hein) un peu de Kechiche (aka l'esclavagiste, je me comprends) et de Jaoui-Bacri, mais je vais à moi. Dr House vient de quoi? D'Urgences? Des Experts? Il vient de la télévision américaine, ça lui suffit. Amaouche, lui, passe du temps, bien contraint de le passer, à dire : je viens du cinéma français mais je peux aller ailleurs. C'est aussi ce qui rend son film beau comme in extremis, c'est aussi ce qui pèse sur sa mise en scène et l'oblige sans cesse à se délester, à s'adoucir, à se faire légère, à respirer à pleins poumons sous la belle lumière d'été de Collardey, et c'est aussi ce qui rend ses exploits réguliers d'autant plus remarquables.
* Après, on peut aussi se souvenir de Dernier Maquis et se dire que, décidément, RAZ n'est pas n'importe qui, qu'il ne faut pas oublier RAZ. Mais il ne faut pas négliger non plus le souvenir de Wesh, wesh, qui vient aussi du cinéma français, Wesh, wesh avait aussi à voir avec ce naturalisme dont Adieu Gary prévient qu'il veut s'arracher ; ce que RAZ a fait de sacrée manière. Allons-y, allons-y, la voie est ouverte! Vite.
* Amusant, parlant de ceci, ce que signifie, ici, en France, tenter d'écrire un sitcom (pensée au passage à Bob, Liam et Dan, sous la houlette du Guigui). Quand aux USA on a eu Seinfeld, quand on a connu une prise de la Bastille de cette envergure, on sait d'où on vient, et l'on fait 30 Rock sans avoir à prouver. Ici, quand avec Gwen on essaie d'écrire "ES,W." , "on" (un "on" indéfini pour l'instant, éprouvé l'autre soir à un repas, et tout à fait prévisible) nous demande, et notre propre écriture avec, d'où l'on vient. (J'ignore pourquoi, avec Simon, quand on écrivait Sirté-Baja (toi, producteur de TV ambitieux qui croit au format série, écris-moi, je te le fais lire quand tu veux) on n'avait pas eu à se le demander, on avait eu cette chance de réussir à ne se situer nulle part, donc strictement chez nous. Sans doute parce que Simon ne vient pas de là, qu'il vient de la littérature, et pas tellement de la littérature française si je ne m'abuse.)
* On combat donc la France qui vient dans notre plume, je crois que CdZ avait déjà écrit ça une fois, ou à peu près. De la même manière que certains dessinateurs BD, notamment un dont m'avaient parlé Simon et Pablo, tentent de combattre la France qui vient dans leur trait (en vain dans ledit exemple, pour l'instant, à mon avis). Vous vous souvenez de ce strip de James et la Tête X, tellement vrai? Eh bien ici c'est la même chose adapté à l'audiovisuel, sauf qu'il faudrait se retaper à nouveau sur les doigts ensuite, n'être ni dans la naphtaline, ni dans l'approximation tremblée (et je crois humblement qu'on peut commencer à en dire autant de la plus si nouvelle bande dessinée française). Américanisation à tout prix, gnagnagna? Évidemment non. J'ai envie de dire bien au contraire : renationalisation, réappropriation de l'outil de travail. Wéééé. Quoi l'expression est idiote? Peut-être... Elle est à penser, non? CdZ, je veux dire, a par exemple tout à fait raison dans ses vieux billets où il explique quels endroits, quelles choses proches de nous, il faudrait filmer, sont à filmer, sont à raconter, et ne le sont actuellement pas (le cinéma d'Amaouche commence par l'expression de ces lieux et c'est déjà remarquable). Et quand je lis ce que peut écrire L. en ce moment, 9RDP, je vois que c'est faisable, que c'est peut-être cela que je veux dire par renationalisation par la fiction, et que ça a à voir avec Adieu Gary en somme, que c'est possible. Mais que c'est très dur, par manque d'usage, par manque d'habitude, là aussi il faut se fracasser les mains et bien comprendre que c'est du boulot et que personne ici ne te pousse au cul pour ça, qu'il faut être ton propre script-doctor, qu'il faut constituer des micro-poules (c'est bien ça l'orthographe? ou alors c'est tricoter des pulls?) d'auteurs à deux, trois, ou quatre pas signés, pas payés. On court après le fonds d'inno, on le décroche en se persuadant qu'on n'est pas des mercenaires. Et faire mine de ne jamais se souvenir que le fonds d'inno est versé disons à perte, que rien de concret n'en sort pour le moment. Mais toujours y croire. Se dire qu'on est récompensés en effet pour l'innovation, vraiment pour ça, mais admettre qu'ensuite on est recruté pour ne pas innover (beaucoup de vieux camarades titulaires du fonds d'inno se sont faits remarquer de la sorte et bossent dans la tiédeur cadavérique de la TV française, sur des trucs dont on oubliera bientôt le nom, ou dont on connaît le nom pour les mauvaises raisons). Nous, avec Simon, on avait donc écarté le recrutement, à l'époque. Et ce serait à refaire, on en ferait autant.
* Des fois on peut se dire que c'est vain.
* Alors, en attendant, on peut faire des films.
* Ou se barrer, comme le fait Simon, comme le fait Pablo. Je sais qu'ils écriront.
* Mon laid ennui de Levallois, tu as vu comme je t'ai tué? Y'a plus qu'à étouffer la saudade avec. C'est moins facile.