vendredi 2 mai 2008

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* [REC], donc, Balaguero assurément mineur, oui car il se trouve que, même s'il faudrait certainement que je les revoie avec le recul, j'aime jusqu'à présent beaucoup les films du cinéaste espagnol (voire je suis très/trop tolérant?) (peut-être parce que je me dis toujours en voyant ses films que les cinéastes français, avec des moyens comparables, sont incapables d'en faire autant), en particulier le dans mon souvenir très beau très rigoureux Darkness, qui me semble-t-il corrigeait pas mal des défauts de la puissante mais parfois maladroite Secte sans nom. Je me souviens que de Fragile, j'avais pensé que c'était un ratage et que ce ratage était d'abord dû au scénario, que derrière ce scénario lourdaud et bavard et trop long, il y avait toujours quand même un metteur en scène de talent, quelqu'un d'assez fort et subtil pour parvenir à conserver l'attention sur un machin si mal écrit... Et puis il y avait la Mechanic Girl, déjà fillette ayant grandi dans un corps de monstre, seins difformes, tronche en biais, horreur dès la monstration, présence marquante. Il y avait un peu de ça, aussi, dans son téléfilm À louer, une écriture pas toujours subtile (le flash-forward d'ouverture sans intérêt aucun, le flash-back, plus tard, franchement à l'ouest, le générique interminable, les dialogues ratés), mais une ambiance, une exploitation jusqu'au-boutiste d'une bonne idée de départ, film-pitch efficace pourra-t-on me rétorquer, et faisons ce qu'on peut d'une telle formule, pas nécessairement positive, voire péjorative c'est selon -- en tout cas moi ça ne m'avait pas déplu, ce survival en appartements.

* Et de survival en appartement il est une nouvelle fois question dans
[REC], tout comme il est question de fillettes monstrueuses aux seins difformes, d'efficacité film-pitchique, et tutti quanti. Tout comme il est question d'une écriture pas toujours soignée, de dialogues pas toujours réussis, de temps morts malvenus, de rythmique inégale, etc. Et pourtant, pourtant, quelque chose, encore, fonctionne, sourd derrière tout ça, chez Multa Paucis on écrit que la caméra "se branle", c'est possible, mais elle se contentait alors de juter dans ce cas, du côté de chez Cloverfield (oui, forcément, difficile de n'en pas parler), on était toujours en fin d'orgasme, c'était sans préliminaires, sans maladresses, l'image était claire, le son parfait, parce qu'il n'y avait pas grand chose à mettre en scène, tout était "préfabriqué", comment dire, c'étaient un peu des cinématiques, sur rails vidéoludiques, souvenez-vous de la séquence du pont, on la voyait venir, c'était comme dans un jeu de tir à la première personne, comme avant les très mauvais boss d'House of the dead (les boss étaient complètement nuls, vous vous souvenez?), on avait ce plan sur le pont, on savait ce qui allait survenir, il fallait juste se tenir prêt, doigt sur la gâchette, et la vue subjective s'agitait un petit peu de temps en temps pour rappeler qu'elle était censée être subjective, quand bien même ça n'avait pas d'importance, ce n'était qu'un jeu de tir au cadre mobile, comme les stands de tirs à la foire, et c'était bien tout l'intérêt, on était chez Sega donc on donnait dans l'arcade de fête foraine, l'envie de remettre un jeton (je précise que c'est bien pour ça que j'adorais Sega) (c'était l'essence même du jeu vidéo), et c'était tout l'enjeu de Cloverfield, quelque part, cette idée de remettre un jeton, il y avait toujours quelque chose à faire, un endroit où aller, une princesse à sauver ; dans [REC] non, ce plan sur la vieille plombée dans le couloir, sur son corps sans vie, ce plan qui continue de tourner, on s'attend tous à ce qu'elle se relève, la vieille, en beuglant, nous on a le doigt sur la gâchette, mais elle ne se relève pas, elle se relèvera hors champ, plus tard, quand on n'y pensait plus.

* La différence majeure se situe certainement là, dans l'existence d'un hors-champ qui n'existait pas dans Cloverfield, ce qui n'était pas filmé n'était tout simplement pas. Alors que dans
[REC], la caméra se doit de tourner pour donner témoignage, parce qu'on ne comprend pas ce qui se passe, parce qu'on n'y voit rien, parce qu'on ne sait d'ailleurs pas quoi filmer, on se dit même que l'émission serait inexploitable, on n'y voit goutte, on entend mal, on arrive presque toujours après la bataille, on est tenu à l'écart, le cadre n'est jamais assez grand pour tout comprendre.

* D'où certainement que le meilleur du film n'est pas dans le scénario, ni dans les personnages, mais bien dans cette course à l'image, comme on dit course à la mort (ou course à l'échalote?), dans Cloverfield on est des héros, on court vers le danger, dans
[REC] on a les foies, on veut se barrer...

* A
u-delà de ça, le scénario est assez nul, le ventre mou en clôture de premier acte, où chacun est interviewé face caméra, en témoigne assez bien, tout comme la fin bâclée, ce magnétophone de savant fou posé là, comme dans un survival-horror vidéoludique à l'ancienne, on est un peu navré qu'ils n'aient rien trouvé de mieux, qu'ils se soient empêtrés à vouloir expliciter de manière si balourde ; l'élégance en quelque sorte de Cloverfield, en face, était de ne rien expliquer, et c'était sans doute beaucoup mieux que d'expliquer si mal, de gâcher ainsi les choses, et puis il y avait cette dernière phrase ajoutée au montage, phrase débile, phrase à la con, et ce gros rock espagnol qui tachait à la fin, on ne voyait pas bien l'idée...

* Ah oui, Iron Man... D'abord, pire musique, très vulgaire, pour un blockbuster depuis un bon bail. Sinon, pour le reste, consternant, laid, tellement bavard que c'en était invraisemblable, long, long, long, pour rien de rien, ennui, ennui, désolé, hop.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

J'aimerais bien ton avis sur "Rome plutôt que vous", donc vas-y.

Comment as-tu réussi à mettre le point rouge de Rec dans ton texte ?

GM a dit…

En fait, je voudrais réessayer de le voir, car mon premier essai n'a pas été très concluant, maté le DVD presse peut-être pas dans les bonnes conditions, et donc ai arrêté au bout d'une demi-heure assez pénible, je trouve. On m'a dit plus tard que la première demi-heure n'était justement pas le fort du film, que la suite valait beaucoup mieux. Je retenterai donc, à l'occasion.

Tu as plutôt aimé, toi, non?

(le point, je l'ai copié-collé ailleurs)

Anonyme a dit…

"quand on ne s'y attendait plus", bah justement, le seul truc où, pour le coup, ça ne nous surgissait pas à la gueule - ce qui était, je l'ai dit, le seule type de peur là-dedans : la bête surprise - ne soyons pas naïf, enfin on se doutait bien que mémé nous reviendrait pour un prochain "level", j'avais perso pas oublié du tout.
et oui, même si "moins pire" que Cloverfield à ce niveau, y'avait de longs moments très pénibles pour les yeux


Sega... MasterSystem ? Megadrive ?

GM a dit…

Moi je me disais qu'ils avaient justement décidé de faire sans.

Sinon, je pensais plus aux bornes d'arcade, et sinon à la Dreamcast, House of dead 2, du coup.