* Finalement, n’est-ce pas la destination "naturelle" des Cahiers de Frodon d’être vendus ? Est-ce que ce n’est pas pure logique ? À ne plus parler que d’économie, que d’argent, que d’exploitation, distribution, protectionnisme, investissements, retours sur investissements, les Cahiers du Cinéma, pour l’essentiel, sont devenus les Échos du Cinéma ; au milieu d’un numéro des Cahiers, il n’y a pas de films, il y a le milieu du cinéma (c’est fou d’ailleurs comme le Club des 13 a inventé l’expression-bâton pour se faire battre).
* FM, producteur, passant à la Sorbonne, ne venait pas parler de ses films, il venait parler de ses sous, de ses dettes, de ce qu’il s’endettait noblement, héroïquement (comme un cadavre sous l’escalier, évidemment, bien sûr qu’il en a parlé, bien sûr qu’il s’est comparé à lui, toute honte bue) pour produire des films d’A (désolé pour les initiales, j’attends la retranscription précise de son intervention pour écrire les noms entiers, je veux pas paraître diffamatoire, ce sera plus amusant de le citer textuellement) pour lesquels il ne rentrerait pas dans ses frais ; il venait se féliciter de l’existence du régime de l’intermittence, sur le mode « le régime de l’intermittence je suis tout à fait pour, ça permet d’écrire des scénarii à moindre frais » ; des scénarii payés par les Assedics, autant de blé à ne pas investir, autant d’absence de questionnement sur le fond, sur la forme, sur l’intérêt d’écrire pour le cinéma ; n’oublions pas qu’on n’écrit que pour les commissions, faire ses commissions, faire sa petite commission, comme on dit (vous pensez que je suis réac ?).
* FM, passant à la Sorbonne, se gargarisait de payer les techniciens sous le minimum syndical, annonçant haut et clair le salaire hebdomadaire qu’il verse à un cadreur, « 1 200 euros » ; fier de l’effet de la somme annoncée, il insistait sur ce que c’était « sous le minimum syndical », le ventre en avant, sur ce que franchement c’était déjà cher payé, comme si bien sûr les cadreurs travaillaient forcément toutes les semaines ; voilà, C.Z. le disait il me semble récemment, le milieu de ce cinéma français-là, c’est l’équivalent du PS aujourd’hui, en somme ; l’as-tu bien vu, mon pouvoir d’achat ? ; le mec le confirmait d’ailleurs ensuite, il disait crouler sous la réglementation du travail, main sur le cœur, proclamait qu’il faut dérèglementer pour les films d’auteurs, les films d’auteur sont hors-la-loi, c’est ce qui fait leur charme ; comme disait l’hypocrite Luc Besson, passant lui aussi à la Sorbonne : « J’ai fait mon premier film en volant de la pellicule, c’était cool, mais télécharger des films c’est du vol, c’est mal » ; pourtant FM détestait bien sûr Luc Besson, si un inspecteur du travail était passé sur le plateau d’Angel-A et avait relevé des irrégularités par rapport au code du travail, il aurait été le premier à applaudir, à hurler, à dire haro sur le fort pratique bouc émissaire ; mais il ne fallait surtout pas qu’un inspecteur du travail passe sur un de ses plateaux à lui, il en allait de la survie de sa boîte, il en allait de la survie des boîtes ; la commission qui avait voté la subvention n’avait de toute façon pas à savoir qu’elle avait voté pour le budget officiel, pas pour le budget officieux, quand bien même elle le savait malgré tout, quand bien même c’était bien comme ça que ça marchait, quand bien même dans le fond la commission le savait, on surévaluait le budget et on sous-payait, il fallait déréguler, assouplir, flexibiliser, payer les scénaristes avec les Assedics, sous-payer les techniciens de manière à les obliger à bosser ensuite sur de la merde, à les obliger à ne pas pouvoir choisir sur quoi travailler, à travailler sur tout et n’importe quoi, tout ce qui se subventionne, tout ce qui permet de faire ses commissions, sa petite commission ; votez PS, votez PS, votez Club des 13 (slogans éventuels d’une possible manif PS-C13 : « aide automatique, oui, pour tout le monde, non » / « l’automatique, c’est pas automatique » / « moi plutôt qu’eux ») (oui, oui, d’accord, mais pourquoi ?).
* Disons qu’au moins, quand Benoît Pooelvoorde passe à la Sorbonne, il est bourré et il encourage son chien à pisser dans les travées de l’amphi. Disons que la démarche est assumée.
* L’écriture de Bienvenue chez les Ch’tis, m’a-t-on appris avant-hier, a coûté 1 million cent mille euros à son producteur (cumul du blé touché par les trois scénaristes). Chiffre rarissime en France, non ? Succès « surprise », vous disiez ?
* Eh attention hein, moi aussi j’ai bien rit à la séquence de la tournée alcoolisée. Je ne suis pas en train de dire que le film devient mécaniquement mauvais dès lors qu’il y a tant d’argent en jeu ou dès lors qu’il a du succès. Non, là où je veux en venir (enfin, si ça peut nous mener quelque part), c’est : vous vous rendez compte que, si j’ai bien compris, avec Les Ch’tis et Astérix cumulés, Pathé va devoir réinvestir quelque chose comme davantage que le budget annuel de l’avance sur recette ? Les banquiers du cinéma, en 2009, ce sera d’un côté Pathé, de l’autre le CNC ? Et entre les deux ? (les films du milieu ahaha)
* Bon, j’ai pas retenu/pas voulu noter/pas voulu retenir le calcul précis de TR qui évaluait mathématiquement, sur la base des chiffres du contrat, le montant du chèque actuel de Dany Boon, puis les projections sur l’avenir. À la rigueur on s’en fout : chiffres indécents, surtout chiffres n’ayant plus de sens. Et on se demandait avec T ce que, de ce montant, Boon allait faire, ce que, de ce montant, d’aventure, nous on ferait. De ce montant, ce que FM ferait. Eh bien on en venait à s’apercevoir que seul Besson en ferait des films, que seul Besson en fait des films, seul Besson réinvestit dans les films. C’est con, hein ? Vous croyez qu’il deviendrait soudain plus fréquentable pour les cinéastes PS-C13 s’il gardait ses sous, s’il ne les renvoyait pas à leur ultra-individualisme mal assumé ? Vous croyez vraiment que ça les dérange que ses films ou que ceux qu’il produit soient mauvais ? De toutes façons ils ne les voient simplement pas, ils ne prennent pas le risque de devoir admettre quand, ça arrive, il y a des réussites. Vous croyez que le PS-C13 demande à mieux pouvoir faire les films, mieux pouvoir s’organiser, je sais pas moi, ouvrir des studios où travailler collectivement, par exemple, à ranimer l’envie de cinéma français ? Ou seulement à avoir plus d’argent pour continuer à faire la même chose ?
* Se souvenir toujours que le cinéma PS-C13 ne réclamera jamais moins de pub à la télévision, que fondamentalement il en veut davantage.
* Réclamer plus d’argent quand on tient déjà une double-comptabilité ? Utiliser des chiffres qu’on sait pertinemment être erronés, bidonnés, pour argumenter un rapport ? Votez PS-C13.
* Une espèce de Canard Enchaîné du cinéma ne mettrait-il pas les trois quarts des boîtes de production françaises en faillite ? Les boîtes dites « de gauche » essentiellement ? C’est emmerdant, hein, je passe pour un gros réac, hein ? (faudrait demander à Frodon)
* La première partie de Doomsday est magnifique, il faut bien le reconnaître, vous avez vu le découpage de la séquence de parlotte avec le président : qui monte comme ça, aujourd’hui ? Tout le monde parle, pour cette partie, de NY 97, etc. Est-ce qu’on ne devrait pas plutôt parler de Fortress ?
* Le reste va hélas s’empirant, jusqu’à une fin très mauvaise, une fin post-moderne ratée, d’une grande laideur, qui se voudrait Planète Terreur mais qui est juste navrante. Elle enlaidit le film, elle veut être plus maligne, elle minimise la naïveté qui présidait au film, la met comme en abyme (je sais pas si je suis clair) (post-moderne qui tache, quoi, méta-naïf) (faisant semblant d'être écervelé) ; on ne sait du coup plus quoi en penser, on ne sait du coup plus si le premier degré du départ est un second degré raté ; la séquence du concert notamment, on avait halluciné, on ne savait pas si c’était du génie ou de la bêtise ; mais on ne sait alors plus qu’en penser.
* En revanche, il n’y a rien du tout dans la partie médiévale, rien du tout du tout, platitude, c’est Xéna, mais pas Ladyhawke. Des breloques.
* Les breloques du western, dans 3h10 pour Yuma ; les breloques, les chapeaux, les chevaux, les flingues. Qu’est-ce qui différencie fondamentalement Mangold sur Yuma, de Claude Berri, sur Germinal par exemple ? Vous vous souvenez la scie sauteuse dans Walk the line ? Traumas, breloques.
* Mais Ben Foster. Disons que Claude Berri n’a même pas pour lui, au moins, la direction d’acteurs (ou même, la direction d’un seul acteur). Syndrome scie sauteuse : ce qui est beau dans le personnage de Foster, ce n’est pas la lourdaude symbolique narrative de l’homosexualité refoulée, c’est le jeu, le seul jeu, tant rentré qu’excessif, de Foster, qui est là tout sauf Jack Sparrow, en somme. Ce qui beau, ce n’est pas que Foster crie « Boss ! Boss ! », c’est l’aigu soudain de sa voix. Ce qui est beau, ce n’est pas que Foster s’aperçoive une seconde trop tard que Russel Crowe va lui décharger dessus, c’est cette fraction de seconde où son œil change, comme d’excitation.
* Ce plan, dans le ralenti où Brody dépasse Murray qui rate son train dans The Darjeeling Limited ; pas tant le plan où il le dépasse, mais celui où il grimpe dans le wagon, avant le contrechamp sur Murray ; ce plan-là est hilarant, davantage pour son ralenti que pour son motif, somme toute couru d’avance.
* Le maquillage d'Owen Wilson quand il enlève ses bandages, la sobriété de ce plan, me laissent meurtri.
* C’est peut-être, malheureusement, ces deux plans, à peu près tout ce qu’il m’en restera (disons que Hôtel Chevalier suffirait presque, on pourrait presque sortir de la salle là, même si du coup on raterait les deux plans cités ci-dessus ; Hôtel Chevalier est avant le systématisme, avant que la mise en scène trahisse qu’elle n’avait pas les moyens d’excéder le cadre du court, comme si elle n’arrivait pas à grandir) (SR dit tout ça bien mieux chez IU-crp).
* Les Hommes d’Ariane Michel sort le 11 juin. L’affiche, si c'est celle du carton presse, sera moche, mais on s’en fout, le film est (très) beau.
* (oui, oui, on est encore jeudi et alors?)
vendredi 11 avril 2008
Maximum syndical.
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