* Échange de mails ces derniers jours avec C.Z. :
"- Hier soir, en sortant de Désengagement, j'ai par curiosité tapé Gitaï sur Kühe, je n'ai pas trouvé grand chose de concret, sinon ce paragraphe :
Je pensais aux films d'Amos Gitaï, je me disais, la belle image c'est quoi? C'est éventuellement vouloir nous faire oublier le scénario, presque le cacher, mais la belle image n'est que le scénario, c'est bêtement la réponse (réponse n'étant pas le mot adéquat) mécanique au scénario, quelques points sont à éclaircir, mais ce n'est que le scénario, c'est le prétexte, la belle image n'est que l'affirmation du moi dans un film, un excès d'amour propre, c'est la peur du scénario, la peur du film, la fuite en avant, la négation du film, s'il y a image belle, il n' y a plus projet du film, il y a juste coloriage, ambiance, une sorte de fond d'écran, c'est la déconnexion du film, (au début j'avais écrit, ce n'est pas), c'est quelque chose qui est ailleurs au film,Bon, je dois bien avouer que je connais très mal Gitaï, sauf erreur je n'ai vu que ses deux derniers films + le court métrage du film omnibus machin naze de Cannes. Je vois peut-être plus ou moins ce que vous voulez dire par rapport à Free Zone, il y avait certains plans de Free Zone, comme le plan-séquence d'ouverture par exemple, qui étaient vraiment des plans, je dirais, frodoniens (et moi aussi alors je tombais dans le panneau de ces plans avant tout people, en somme) (je dis frodoniens en songeant à la "critique" de frodon sur Désengagement, justement, un texte qui n'est en somme que name dropping, et du name dropping d'initié, qui dirait "je les connais, moi, les stars que je cite").
Pour Désengagement, en revanche, je ne sais pas, il ne me semble pas qu'il y ait déconnection fond/forme, si c'est bien de ça dont vous parlez dans ce paragraphe, il me semble vraiment qu'elles fonctionnent ensemble, qu'il se joue vraiment quelque chose en termes de mise en scène. Evidemment, c'est de la mise en scène ostensible, on ne peut pas la louper, les plans-séquences sont vraiment, d'un strict point de vue technique, impressionnants, et puis ils ont une vraie logique de construction, ils ne sont pas tout à fait gratuits, je trouve, ils s'ouvrent souvent sur une fausse piste, on jurerait un plan de coupe, on s'attend à ce qu'on passe à un autre plan, et en fait ce cadrage de plan de coupe est démenti par la composition qui se met progressivement en place, puis par les mouvements de caméras qui font varier l'échelle de plan à l'intérieur d'un même plan, en dévoilant un hors-champ souvent complexe dans sa composition et dans sa logistique.
Donc oui, bien sûr, Gitaï formaliste logisticien technicien.
Mais je n'ai pas eu hier l'impression d'une forme vide, beaucoup moins en tout cas que devant son court métrage. Et puis j'allais dire que le fait qu'il mette les mains dans le cambouis comme ça, qu'il travaille vraiment, le distingue au moins un peu des listes dans lesquelles vous l'incluez sur Kühe ("Chéreau Desplechin Lanzman Beauvois Doillon Trividic Guédiguian Luc Moullet Eugène Green Ozon Lowsky Larrieux Ramos Cantet Gitaï Tsaï Ming Liang Edward Yang Gus Van Sant Cédric Kahn Nicolas Klotz Rivette Kechiche Henri-François Imbert Lifechitz Fitoussi Shyamalan Moll Akerman Suleiman Dardennes Dumont Grandrieux etc...") (d'ailleurs n'aviez-vous pas écrit récemment que vous aimiez certains GVS?) (vous n'aimez aucun Rivette?) (aucun Dumont?) (c'est pas de la provoc, hein, c'est juste pour savoir) (vous écrivez aussi ironiquement : "La grandeur de films majeurs de cinéastes majeurs, Bergman Téchiné Desplechin Jacquot Gitaï Scorsese, et la nécessaire nécesité et vitalité de Xavier Durringer Mike Nichols Sergio Castellito David Gordon Green Sœurs fâchées André Valante Tenja Garçon stupide")
Bon je suis pas là non plus pour dire que c'est un génie, hein... Mais je ne trouve pas Désengagement honteux, voilà, pour dire les choses simplement.
- Disons Gitaï est de gauche mais ça suffit pas pour être un grand cinéaste, même pas un petit maitre, un instit peut-être, mais en fait pour moi ses films sont bidons, je n'en parle pas parce que je ne vais plus les voir depuis Kippour je crois, donc avant le blog, j'aime bien les premiers Van Sant, je déteste Gerry Elephant, j'aime bien ses deux films Hollywoddiens, je déteste ses deux derniers, je me fous de celui avec Kidman, Rivette peut-être Céline et Julie, mais je crois que je ne peux citer aucun films de lui qui me plaise, pour moi je vois pas Gitaï comme un formaliste ou un théoricien mais quelqu'un qui court après la théorie et qui copie la forme.
- Qui la copierait où, cette forme? Vous pensez qu'il est un plagiaire de qui?
- Un copiste, un suiveur.
- Oui mais copiste de qui?
- Bon de petit maître alors..."
* Copiste de petit maître, donc, ça ne fait plus grand chose, ça... Est-ce que la première partie de Désengagement est celle d'un copiste de Bunuel? Possible. C'est un petit maître, Bunuel?
* Binoche est insupportable et belle, alors qu'elle n'était qu'insupportable chez HHH, c'est un vrai mieux. Insupportable et belle, du coup bizarrement supportable. Je n'écris pas ça par machisme, hein (puisqu'il faut toujours préciser, puisqu'il y a toujours facilement soupçon) (vous savez qu'on m'a déjà balancé sur le forum des CDC que je regardais passer les films comme Papon regardait passer les trains?) (il y a des connards, c'est pour eux que je précise) j'écris ça parce que c'est bien ce qui arrive : elle devient touchante alors qu'on pourrait n'en plus pouvoir et c'est ainsi qu'on en arrive à être de son côté dans la deuxième partie, quand chez HHH il n'y avait pas moyen de s'émouvoir pour elle, elle passait pour une conne et c'était marre. Est-ce qu'elle nous concerne parce qu'on l'a vue nue et qu'on l'a trouvée belle, désirable, parce que l'actrice a montré qu'elle résistait au temps, parce qu'elle était bien ce qu'on attend d'elle, parce que ses seins sont toujours beaux et lourds? Et en même temps, à sa première apparition, la lumière n'est pas à son honneur, lumière crue, directe, soulignant les rides. Est-ce qu'il y a encore soupçon sur son corps parce qu'on l'a vu au contraire en plan large, éloigné, un peu dans l'ombre? Est-ce qu'il faut bien qu'on fantasme? Étrange climat d'inceste ; pas tant entre le frère et la sœur, en vérité, qu'entre les lignes de ce que dit Moreau plus tard : ai-je eu la berlue ou nous est-il dit, suggéré, que la fille de Binoche est aussi celle de son père?
* Hendricks, c'était une idée (pas très bien exploitée, hélas, juste posée là, en quelque sorte, comme si on attendait de pouvoir en tirer quelque chose de mieux plus tard, à l'occasion) (parmi les séquences ratées du film, l'espèce de jeu à chat entre Hendricks et Binoche).
* Le premier plan, son écriture du moins, mais un peu aussi son tempo, me rappelait de loin le plan d'ouverture du premier épisode de The Wire, dialogues géniaux (moins bien écrits dans le Gitaï, trop surlignés, trop tract pour la presse, mais logique un peu similaire d'ouverture à froid) (The Wire vieillit mal, d'ailleurs).
* Bionic Woman, mise à jour de l'oldie Super Jaimie, est complètement raté, risible, nul.
* Premier épisode de Gossip Girl. Effectivement, ça met en appétit.
* Sinon, comme quoi tout arrive, après avoir "pris sa défense" (guillemets de rigueur) (l'expression est forte, on a l'impression que j'ai surgi comme un chevalier blanc, alors que bon, j'ai juste suggéré à la vieille qui lui crachait dessus depuis 10 minutes de se la fermer) (mais je n'aurais pas nécessairement fait ça devant un autre de ses films) (je ne serais pas resté au débat, de toute façon, puisque j'aurais eu sans doute quitté la salle avant la fin du film, comme pour Là-bas) lors d'un débat stupide à la fin d'une projection du pas terrible État du monde (son court métrage, qui fermait le ban, relevait heureusement très largement le niveau) (je le dis d'autant mieux que les films que je connais d'elle en général m'ennuient) (mais là c'était sublime, peut-être d'autant plus sublime que le public venu faire sa b-a PS-C13 était vexé, fâché, avait envie, on le sentait, ça frémissait, de huer, alors que le téléfilm, Germano, de Vicente Ferraz, ahlala, ça, ma bonne Ségolène, c'était limpide comme du France 3), après cela, donc, me voici à vous enjoindre à apprécier ici un splendide court métrage de Chantal Akerman.
* Peut-être, me dis-je un instant, peut-être que je ne goûte Akerman que dans sa forme courte, peut-être que sa longueur ne me sied qu'au format court, peut-être que je ne suis pas assez courageux pour voir plus long? Peut-être que je suis trop fainéant, trop lâche pour affronter ses longueurs plus longtemps? (Ou peut-être, plus simplement, que ses films sont parfois chiants à mourir?)
* Mais ensuite je me reprends, je me dis : que je sois en cause une fois, deux fois à la rigueur, pourquoi pas. Mais systématiquement, non, et je repense alors à D'Est ou pire encore au fainéantissime Là-bas, à La Captive qui m'avait emmerdé comme pas permis, au gastéropode Demain on déménage... Et je me dis non, décidément non, Akerman ce n'est peut-être pas rien, mais ses longs métrages sont aussi chiants que La Chambre et Tombée de nuit sur Shanghaï sont beaux (c'est dire s'ils sont chiants).
* Nevers Back Down, comme dirait Sandrine. (pardon) (d'autant qu'elle a raison, le film est superbe) (il faudrait que j'arrive parfois à résister aux jeux de mots) (comme dans le titre à la con de ce post) (je perdrais toute dignité pour un jeu de mots, on va finir par me prendre pour Varda)
6 commentaires:
J'aurai jamais cru que tu materais Gossip Girl.
Copain de lose teensoapesque.
Héhéhé, c'est pas mal du tout, franchement, c'est même assez étonnant je trouve.
Ah ah ta dernière phrase sur les jeux de mots et Varda. love.
Sinon, merci pour le CM de Akerman, j'ai beaucoup aimé, dude.
C'est quoi ce CM de Akerman auquel je n'ai pas droit ?
Tu as vu qu'un seul épisode de The Wire ? si c'est le cas attends avant de dire que ça vieillit mal.
L'Akerman est là.
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