* "If that isn't love well I guess I'll just never know", c'est le choix de musique de fin qui peut-être surprend le plus, et la forme même de ce générique... Parvenir à transformer ce procédé de montage, qui sur l'ensemble des saisons propulsait chaque épisode avec violence, ce cut sauvage, le transformer en une sorte de ballade mélancolique, c'était quand même inattendu. Les derniers épisodes avaient déjà été l'occasion d'une transition, les écrans noirs d'ouverture ne prodiguaient plus ce punch, cette énergie dévastatrice, ce côté marmite en ébullition, qui habituellement enflammait chaque démarrage. On était déjà sur un mode d'éloge funèbre, ce montage dynamique-là imprimait un ralentissement, comme une lente agonie. Faire d'un procédé de vitesse un procédé de lenteur, c'était déjà un des micro-exploits des derniers épisodes de The Shield.
* Il faudrait prendre le temps de repenser à cette dernière saison, à ces deux derniers épisodes, à l'intelligence immense de ces deux derniers épisodes, tout ce qui passe dans le moindre de leurs silences, de leurs virgules, de leurs points de montage, de leurs décadrages, de leurs flous, ces deux derniers épisodes sont gorgés d'affects, et pourtant n'en dégoulinent jamais, tout ce qui s'y déroule est à mes yeux exemplaire, chaque plan, chaque idée, chaque idée excèdant le plan même, une façon de prendre en compte ce qui excède du seul film, ce que charrie l'idée sérielle même, ce qu'elle signifie pour la fiction.
* The Shield s'arrête parce que son héros est privé de fiction. C'est tout de même la plus incroyable des idées de scénario au monde, non? Cette cravate, cette chemise, ces murs, le son de la soufflerie et des néons, j'imagine le temps passé par le chef déco sur le choix de l'ordi de Vic à la fin, vous avez vu comme il est choisi, vous avez vu ce noir poussiéreux, ce plastoc hyper-fragile, vous ne pensez pas que les grosses paluches de Vic vont le démolir rien qu'en l'effleurant?
* Mille détails de mise en scène à commenter, c'est infini, faudra y revenir, c'est d'une richesse... Repensez aux gros plans dans la salle d'interrogatoire, entre Claudette et Vic, comment décide-t-on d'un cadre pareil, comment imagine-t-on qu'il suffira d'un peu de jaune et de gris flou, une fraction de seconde passé devant le cadre, pour que déjà l'on devine ce qu'il y a à voir sur ces photos? Imagine-t-on quelque série policière française réussir de tels plans? Ou plus simplement : même les tenter?
* Cette foi dans le plan, dans tout ce que peut dire un simple plan de quelques images, et qui était en germe depuis le premier plan de générique du premier épisode de la série, explose dans cet épisode (les plans de Lem et de Terry, presque subliminaux, à la fin, vous vous rendez compte du poids qu'ils ont pourtant?).
* La série a pris le luxe de finir deux fois, une fois pour achever le scénario, une fois pour achever la mise en scène.
* Ah c'est sûr qu'en face, 24 : Redemption, le vilain téléfilm de luxe tout mou censé faire patienter jusqu'à la prochaine saison de 24 heures chrono, fait bien pâle figure...
vendredi 28 novembre 2008
Levée de boucliers.
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