* C'est aujourd'hui la fin du tournage. On repart cet après-midi, en repassant une dernière fois par Gespunsart et la Scop Jayot. Ca fait bizarre, je vois pas comment dire mieux. On aurait pu continuer des mois durant, enfin à un rythme moindre dans ce cas car on est absolument crevés.
* L'autre truc crevant, ça va être l'étape dérushage/numérisation, ça va être très long, très laborieux, sachant qu'évidemment vu notre (absence d')économie on n'avait évidemment pas de scripte. Il faudra jusqu'au bout se souvenir que la majeure partie du tournage nous étions deux, donnée à ramener à la quantité de rushes, à leur qualité aussi, on a eu une veine de cocus, on a eu énormément de choses qu'on n'imaginait pas avoir, qu'on n'imaginait pas voir, qu'on n'imaginait pas vivre. On a eu énormément de bonnes surprises notamment techniques, hier encore par exemple un phénomène lumineux tout à fait inattendu, tout à fait dû au hasard, carrément impressionnant au final. Et bien sûr les "heureux" hasards de calendrier, les coïncidences presque trop parfaites, les trucs qui semblaient tomber du ciel. On a globalement fait ce qu'on voulait alors qu'avec le recul c'était parfois aberrant, et il nous a été donné de faire plus que ce qu'on supposait pouvoir faire. Le cul bordé de nouilles, souvent.
* Va rester à monter tout ça, c'est un travail de titan, là on va tirer la langue, tout va dépendre du budget à venir, des potentielles aides à tomber (donc de ce qu'on peut se permettre comme accompagnement en post-production, accompagnement indispensable, le boulot d'étalonnage à lui seul risque d'être une folie furieuse), du soutien des potes, de notre patience, de la réelle réussite de ce paquet de plans qu'on ramène et qui, sait-on jamais, par quelque malchance, ne voudraient pas, une fois sur les timelines de Final Cut, coller entre eux. Sans compter le sacrifice certain qu'impliquera le format que nous choisirons à l'arrivée. A priori on est partis sur du 52 minutes, mais c'est un pari, un ordre d'idée, après tout comme pour tout film, peut-être plus encore comme pour tout documentaire, il y a un grand nombre de films qui pourrait naître de ces rushes. Ce serait d'ailleurs peut-être une voie à creuser, ça, faire plusieurs films d'un tel tournage, peut-être même ne pas hésiter à reprendre dans ces différents films puisés à la même source des plans des autres films dérivés de ce tournage, oui pourquoi ne pas dire "dérivés"? Faire de ses propres rushes un support de found footage.
* Bon je raconte n'importe quoi, évidemment qu'on fera pas ça. Mais après tout pourquoi pas un dyptique, ou plus? Je suis sûr qu'avec tout ce qu'on a, Noony va hurler mais, même un long pourrait exister. Ce qui ne veut pas dire que le bon format pour le meilleur film à tirer de ces rushes est un long. Je n'en sais rien du tout. Mais je suis dans ce moment classique du "comment tout ça va bien pouvoir faire un tout?". Évidemment avec AM et Monsieur Arnaud on a écrit, on a un plan, un canevas "scénarisitiquement idéal", on pourrait s'y tenir sagement. On sait pertinemment qu'on en sortira -- et heureusement. Et évidemment, tout porte à croire qu'on fera un 52 minutes. Mais il y eut ce vertige aujourd'hui à Nouzonville, lors de cette journée au moins déroutante sur le site d'ex-Ardennes Forge/ex-Thomé Génot, ce moment où, bluffés par les événements, on se disait que la seule journée était à elle seule déjà un film à part entière. C'est aussi un vrai risque que court le film, qui est comme on dit "ambitieux" par l'ampleur des thématiques traitées : déliter tout, vouloir tout mettre, et donc survoler tout. C'est le risque, c'est ce qui va aussi rendre l'étape du montage laborieuse et passionnante. Mais disons simplement qu'assurément on va en chier.
vendredi 30 janvier 2009
Repos?
jeudi 29 janvier 2009
Ràf.
* Vous vous souvenez qu'après-demain, le 31, Passemerveille passe à midi au Cinéma des Cinéastes? Eh bien j'ai appris qu'Amip, mes producteurs, producteurs aussi des trois autres films qui seront projetés publiquement par la même occasion, et pour la première fois qui plus est, ne seront pas là. N'assisteront pas à cette projection. Tout simplement. Rien à foutre de la collection de courts métrages qu'ils ont eux-mêmes produite. Et qui n'apparaît pas sur leur site Internet, qui n'est pas annoncée dans leur actualité.
* Rien. À. Foutre.
* Sans doute pour la même raison que celle invoquée lorsqu'ils décidèrent de refuser d'accompagner nos films en festivals : "Soutenir ces films ce n'est pas sérieux, ce n'est pas pro".
* Non, effectivement, de leur part, ce n'est pas professionnel.
mercredi 28 janvier 2009
Filmer un lever de soleil dans le brouillard.
* Ces couleurs!
* Je m'étais planté de lien, ce n'était qu'un des articles : l'intégralité du dossier du Tigre sur les Rroms est ici.
mardi 27 janvier 2009
The boy from Mars.
* Exemplaire dossier du Tigre sur les Rroms. Merci à Jiko de m'avoir fait découvrir cette revue formidable. Il faut lire le dossier sur Coupat dans le dernier numéro.
* Sans lien aucun, The Boy from Mars de Philippe Pareno me revient souvent en mémoire ces jours-ci :
lundi 26 janvier 2009
Motus.
* Je n'ai pas le droit de parler de la journée.
* Mais je le prends quand même : en revenant de XXXXXXXXX on a tenté un travelling par un chemin à travers bois, on pensait que c'était pas jouable en caisse comme ça, du coup on ne l'a pas ultra-soigné, c'était juste pour voir. On a eu tort, car le plan n'a en gros le défaut que d'être "tordu", alors qu'on aurait pu le redresser si on en avait pris le temps. À retenter en tout cas, c'était étonnant, cette stabilité malgré les costauds nids-de-poules. Et c'est encore mieux en marche arrière (on a fait ça avec la Fiat Multipla de mon père) (une voiture laide, oui, mais qui doit avoir d'excellents amortisseurs, si j'en crois le dérushage).
* CdZ m'envoie ceci, qui en un sens est mille fois meilleur que Xénocristal, qui est exactement le plan manquant de Xénocristal, par conséquent le meilleur plan de ce qu'aurait pu/dû être Xénocristal. Plan excellemment cadré, un des plus beaux plans vus depuis longtemps.
* Par extension, quelques vidéos du même Richard Billingham, et toujours cette façon très juste de cadrer, je veux dire ce sont là de vrais plans, certains films n'en ont pas un comme ça.
dimanche 25 janvier 2009
À T-G.
* Journée pleine et forte auprès des Thomé-Génot à Nouzonville, on commence à être crevés du tournage, heureusement Monsieur Arnaud est enfin de retour, en renfort et en fanfare. Difficile de résumer en quelques phrases la journée (il faudra attendre que ça repose, qu'on ait dérushé, qu'on ait commencé à monter, ou tout simplement attendre de voir comment le film restituera cette journée), ou bien juste pour dire un grand, grand, grand merci à Charlie R.
* Le brouillard matinal s'est attardé jusqu'en début d'après-midi, on pourrait dérouler à l'envi toutes les métaphores empesées et cotonneuses sur l'imposante brume qui avançait son gros ventre sur la vallée de la Meuse. Je ne m'en lasse pas.
* Le film aura aussi le goût de son climat.
* Au retour, un peu au hasard, histoire de passer tout à fait à autre chose, on jette un œil aux dix premières minutes du documentaire American Teen, signalé récemment sur Kühe, on le lance sans subs, persuadés qu'ils n'existent pas encore. Je suis trop fatigué pour jurer de quoi que ce soit - je ne sais pas du tout ce qu'il y aura de toute façon à en dire au final. On pourrait sans doute déblatérer quant à la réelle dimension documentaire du film, tant tout semble sur rails, maquillé, préparé, etc., mais le jusqu'au-boutisme formel reste subjuguant, l'orientation fictionnelle de chaque plan, les passages animés juste pour le plaisir de pousser l'énergie esthétique des plans (le passage par chez Zelda, exemplairement...), etc, etc. La simple beauté plastique de la photo suffit à bluffer, à voir que les moyens y sont. Ne considérez rien que ça, un instant : la possibilité, aux États-Unis, de lever de tels moyens pour filmer la jeunesse (merde, on se croirait dans une MJC quand j'écris ça)... À voir certaines séquences je me demande encore combien de caméras sont réquisitionnées. Alors bien sûr en France Leccia peut faire Adolescences (qui n'est pas son meilleur film, quand même) pour une poignée d'euros et une mini-Dv, je sais bien que les moyens ne signifient rien isolément - mais quand même, c'est dire avec quel sérieux l'on peut prendre un projet de teen documentary aux États-Unis.
* Je ne prétends pas du tout que c'est un grand film, hein, que ce soit clair. Il faudrait d'abord que je le voie.
* Le montage, sinon, a l'air tantôt ultra-dynamique et clairement fictionnel, et tantôt très clip de promo, genre making-of de S Club Seven pour dire vite, donc très télé et, bon, dans ces cas-là pas folichon du tout.
* Bref on a découvert qu'il y a des subs français sur Frigorifix, on le regardera donc vraiment prochainement, ce soir peut-être.
vendredi 23 janvier 2009
Schnittstelle section.
* Rien à voir : AM, sur la bouse wasp Dan in real life/Coupe de foudre à Rhode Island, rom-com consternante et puritaine par tous ses pores, starring une Juliette Binoche qu'on rêverait de gifler jusqu'à l'os, eut cette phrase parfaite : "C'est le John Rambo des comédies romantiques".
jeudi 22 janvier 2009
Trop-plein.
* Lâché dans Givet avec une caméra je n'ai pas su filmer, quasiment tout à jeter, expérimentations idiotes sur l'objectif même, buée etc, j'ai complètement bâclé, je me suis pas appliqué comme dit AM et il a raison, complètement torché, qui plus est avec des erreurs techniques maousses. 58 minutes de nullité ou presque. Heureusement que ça tombe sur une "journée paysages" comme aujourd'hui, on peut pas se permettre ça tous les jours. Heureusement aussi qu'AM a travaillé posément et intelligemment pour compenser ma catastrophe.
* Je crois aussi décidément que je ne sais pas partir à l'aventure comme ça, j'ai toujours besoin d'avoir "filmé" virtuellement longuement, d'avoir visualisé mentalement les plans potentiels -- non même pas les plans potentiels : de visualiser en séquences potentielles. Je regardais hier avant de dormir Schnittstelle Section, dans lequel Harun Farocki dit qu'il ne sait plus écrire un film sans être à une table de montage ; moi je crois que je ne sais pas filmer un plan sans penser au montage (je ne sais pas encore?). Sinon je fais des conneries et les plans utilisables sont des accidents.
* Le dérushage fut un massacre.
* Sinon pour poursuivre là-dessus, on a dérushé aussi les plans au port enneigé, plusieurs plans sont sublimes, surtout ceux d'AM, réel sens de la composition, et je suis impressionné par ce qu'il arrive à faire sans pied. J'aime bien certains de mes plans d'ensemble, mais disons plus dans une optique picturale, et donc problème peut-être pas comme plans, parce qu'il sont extrêmement complexes, certains très compliqués à lire (c'est souvent un hasard, hein, le paysage faisait ça tout seul), on a envie d'y mettre le temps.
* Du coup j'avoue qu'en l'occurrence, dans l'immédiat, je n'arrive pas à les imaginer en séquences. Je les imaginais en séquences en les faisant, mais en les voyant il ne m'apparaît plus clairement où va quoi et comment. Ce que je veux dire c'est qu'il y a un montage avant le film, un montage pendant qu'on filme et un montage après le film et que ce n'est jamais le même. Et que le plus beau est sans doute celui pendant qu'on filme, celui qui arrive mentalement, seul moment où chaque plan est parfait, où chaque plan est lui-même vingt plans, vingt angles, intégrés allègrement dans un film de 6 heures qui laisserait bouche bée (j'exagère à peine, c'est bien ça qui se passe mentalement, cette effervescence-là, cette naïveté-là, cet émerveillement-là), qui est une projection idéalisée des plans qu'on croit faire dans le film qu'on croit voir venir, où le réel est magique (je parle bien là de documentaire) où le réel devient magique, où chaque événement physique, le plus minime, le plus trivial soit-il, est matière à émerveillement, ça relève à mon sens vraiment de la magie, les choses deviennent chimère, on panthéise si on peut dire, on ne fait jamais autant de fiction qu'au moment où on monte mentalement le plan documentaire qu'on est en train de prendre.
* Jiko, dont le blog est en grande forme, complète les correspondances d'hier :
"J'ai le sentiment moi aussi que les caravanes c'est un autre film.* C'est un bon résumé, et il est clair que le présent film est sur et avec et pour les ouvriers avant tout.
Bon je sais pas qui ils sont exactement, mais tu risques de te retrouver à les mettre en passant dans le film, en illustration d'un truc, ou alors de leur faire prendre toute la place (parce qu'on sent que c'est un truc qui demande beaucoup de place et de temps et d'energie si on s'y lance).
c'est à dire que ton sujet il faut décider aussi si c'est (vite fait) la paupérisation de la région ou le combat des ouvriers (ou la fin du travail, ou de la fin de l'industrie). Un peu comme si tu faisais un film sur les syndicalistes et tu te retrouves à filmer les SDF.
C'est pas exactement le même monde, le même "imaginaire" par rapport à ton film, on risque de se demander ce qu'elles font là les caravanes, si c'est pas juste pour faire un peu plus tragique comme portrait.
En fait par rapport à ce que dit CdZ, on sent bien que le problème pour toi c'est que tu vois qu'il y a quelque chose à filmer, tu sens que c'est lié un minimum à ton sujet, mais que c'est trop gros, que ça peut te bouffer ton film et le faire partir ailleurs (et puis t'as la trouille aussi et ça je comprends bien, se pointer chez les gens pour les filmer, quand t'as Marker qui te dis que ta caméra c'est un fusil, c'est pas simple comme démarche).
Je me dis qu'il faut aussi tenir sa ligne, que peut-être effectivement le mieux c'est de revenir plus tard. "
mercredi 21 janvier 2009
Correspondances.
* Bouts parfois un peu adaptés d'échanges de mails autour de ça et du post d'hier.
* Avec Simon et avec CdZ, mails comparables sur le même sujet, composite :
"Un peu douteux le truc du Monde, ce principe-là, enfin je sais pas si c'est le principe ou l'exemple qui me gêne, ce côté touristique en fait, mais d'un tourisme qui chercherait le trash, qui se dirait "chouette je vais dans les bidonvilles, chouette je suis surveillé par la police" exotisme/pittoresque de la dictature pour dire vite, monétiser la pauvreté comme dit CdZ, la misère. Donc il y aurait là un avenir du documentaire? Personnellement c'est quelque chose qui me gêne, qu'il faille rendre l'actualité sexy, fun, qu'il faille interagir, qu'il faille faire de la pauvreté un jeu, un point and click et pourquoi pas un doom like bientôt pendant qu'on y est? La Chine façon Fallout?* Avec CdZ :
faire du sound design là-dessus, en plus, tartiner ça, moi je suis sensible au sound design, je pense que c'est quelque chose de passionnant mais qu'alors il faut le peser, le doser, savoir pourquoi, et quand par ex Jian Zhang-Ke que je déteste balance ses belles boucles leslie schatziennes sur ses films arty, c'est un tel mensonge chic... là donc, à chaque lieu sa belle boucle de silence tellurique, etc, on peut trouver ça répugnant, la misère du monde en salon, on croirait un vernissage au tiers-monde, des petits fours au darfour.
Je sais pas si on voit ce que je veux dire, en gros c'est quelque chose qui disons menace la pratique du documentaire telle que je la conçois et ça m'inquiète un peu..."
"vous savez à propos des caravanes, en fait il faut pas se poser la question de savoir si vous pouvez filmer, vous leur demandez puis vous le faites, et ensuite vous voyez, faut pas trop se poser de questions avant je pense"
"mais j'ai l'impression que je suis pas légitime d'aller filmer comme ça, comme si de rien n'était, j'aurais l'impression de faire du journalisme, non?"
"non les journalistes cherchent le pathétique"
"le pathétique ou le spectaculaire (cf ce que je vous disais sur le truc chinois)
mais c'est pour ça que je me dis qu'il faut savoir ce qu'on va filmer, non?
comment voyez-vous les choses? vous pensez que j'y vais, je pose ma caméra quelque part et je laisse venir? je ne me pose pas la question par avance? mais alors quelle mise en scène? qui met en scène? ou bien je prends les choses dans le mauvais sens, vous croyez? j'ai trop d'appréhensions?"
"je pense que vous devriez par exemple y retourner, expliquer aux gens que vous faites un film sur la région, leur parler et leur demander de filmer en leur expliquant un peu, ensuite je sais pas ce qu'il y a à filmer, moi à l'hôtel Marceau j'ai eu de la chance qu'il y avait des couturières, des trucs comme ça, disons faut les filmer comme si c'était votre famille"
"oui, pour votre dernière phrase tout à fait, j'essaie de toute façon de faire comme ça... mais le souci c'est de n'y passer que furtivement, non? de ne faire que passer? de toute façon ils ne rentreraient pas je crois dans le film que je fais en ce moment, je préfèrerais revenir, ne pas tout mélanger, en savoir plus aussi, savoir à qui à quoi j'ai affaire, p-ê que je me trompe en plus, peut-être que mon impression n'est qu'une impression, c'est pour ça que je pensais à ciudad ou à evans, à se poser là, un vrai temps, être dedans."
"en fait là c'est à vous devoir, de voir comment ils sont, du contact que vous pouvez avoir avec eux"
"oui c'est pour ça que pour le contact, je veux pouvoir prendre le temps."
"disons il faut faire attention à ce que ça soit pas la peur qui vous motive à ne rien faire, profitez aussi que vous n'êtes pas seul là-bas"
"de toute façon si j'y reviens, je reviendrai pas seul.
le truc c'est que je veux pas risquer aussi d'empiéter, si vous voyez ce que je veux dire, sur mon tournage actuel, je ne peux pas me permettre, je suis engagé auprès des ouvriers à raconter leur histoire, je ne peux pas faire raccorder ces lieux et ces gens disons "au chausse-pied", uniquement parce qu'ils raccordent géographiquement, j'ai vraiment l'impression qu'il s'agit de deux films."
* Un article en partie sur Passemerveille, dans Bref de ce mois-ci.
mardi 20 janvier 2009
Modération.
* J'ai modéré les commentaires du fil "Les Jeans". Je voyais pas de raison pour les garder.
Louons maintenant les grands hommes.
* À Foisches on nous avait indiqué l'existence d'un petit chemin qui permet de contourner la carrière de pierres bleues pour l'observer de derrière, dans ses hauteurs. Je connais très peu Foisches, il paraît que quand j'étais petit nous y allions une fois l'an pour y cueillir des jonquilles en famille (si, si). Si on ne rate pas le panneau de sortie, le village surgit de nulle part, village fantomatique encore, toujours cette impression de blue-screen inversé. J'ai repensé un temps à Balaruc, au Dancing Nostalgia, plus encore quand les trois chiens derrière leur clôture nous ont aboyé dessus, AM et moi.
* Bref on nous avait dit : vous longez le camping, et vous atteindrez un petit chemin de terre, vous le suivez, première à gauche, première à droite, et vous longez le grillage, vous verrez la carrière en contrebas.
* Évidemment on se trompe et croyant longer le camping on y pénètre. Ce sont des mobilhomes, des caravanes rouillées, des tentes pieds dans la boue. J'ignore si des gens y vivent à l'année, j'ignore qui y vit, j'ignore comment on y vit. On n'y a pas vu grand monde, la silhouette d'un homme qu'on n'a pas revue ensuite, et par deux fois une femme poussant brouette chargée d'un récipient, je suppose pour amener de l'eau à sa caravane. Au bout du camping, des parcelles de champs, avec chèvres, brebis et oies. Personne pour nous dire qui vit là. L'impression concrète d'être quelque part qu'on ne comprenait pas. Et l'impression gênante d'y être en touristes. Cette sensation bizarre aussi que les ouvriers qu'on côtoie, qu'on interviewe, qu'on appelle, qu'on croise, avec qui on boit des bières, ces ouvriers qui se sont tapé des trois huit des années durant pour se faire sucrer leur emploi à l'arrivée, ces ouvriers qui pour la plupart ne retrouveront pas de travail, eh bien soudain donc, de ces ouvriers on se disait beaucoup possèdent leur maison, chez beaucoup on a vu des écrans de TV gigantesques, beaucoup ont leur voiture, leur téléphone portable, tous mangent à leur faim. Il y avait une seconde durant ce relativisme-là, qui n'a pas grand sens bien sûr, qui ne peut pas se suffire à lui-même, mais qui en tout cas nous faisait nous rendre compte que nous ne saurions sans doute pas poser notre caméra ici avec la même facilité qu'on le fait devant les usines, chez les ouvriers, etc. Ici ce qu'on a perçu avec malaise, parce qu'on y était propulsés sans l'avoir prévu, c'est une pauvreté extrême, un autre monde comme je disais, quelque chose d'inaccessible, d'incompréhensible ; à moins, sinon, de s'y plonger, longuement, de n'être plus touriste, ou bien le moins possible, d'être le plus loin possible du journalisme et du tourisme. Évidemment là j'ai pensé à Ciudad del mar, bizarrement je repensais spécifiquement à l'anecdote du type tombé du toit qui n'aurait pas survécu si un autre type n'était pas venu à son tour voler du cuivre, je crois, sur le même toit. C'est à cela précisément que j'ai alors pensé, j'ignore pourquoi.
* Et alors quoi, revenir, s'installer ici un, deux, trois, six mois? Dans une tente, une caravane, un mobilhome? Mais je ne suis pas de la trempe d'un Walker Evans : j'ai du bide, mon confort, mon ordi, etc, etc.
* Drôle d'impression, donc. Je vais y repenser, bien sûr, longuement, souvent.
* On a fini par trouver le chemin, vue extraordinaire sur la vallée, les deux cheminées de la centrale qui jaillissaient au détour du chemin, ceci dans le soleil pointu d'entre deux averses, délimitant au sol d'éphémères zones claires. Au bout du chemin, le grillage est défoncé. Si on en profite alors pour s'avancer un peu, on ramène une épaisse terre glaise plein ses semelles.
lundi 19 janvier 2009
dimanche 18 janvier 2009
Les cinéphiles #2
* C'est terrible pourquoi on n'arrive pas à trouver quoi choper pour le regarder sur le vidéo-proj? On cherche dans les sorties récentes ce qu'on n'a pas vu et qui "justifie le grand écran", et on n'a pas d'idée ; mais c'est ça notre connerie, tout "justifie le grand écran" en fait, mais non, on se dit allez un truc spectaculaire, tant pis si c'est con.
* Ainsi, on n'avait pas vu John Rambo.
* Maintenant qu'on a vu cette merde putride, c'est fini, moi je veux qu'on regarde au moins un bon film sur ce vidéo-proj, y'a pas moyen autrement.
samedi 17 janvier 2009
Les cinéphiles.
* Alors voilà on a accès pendant deux jours à un vidéo-projecteur, quand arrive le soir et qu'on en a marre de notre journée de travail, de plannings, de tests, de dérushage, on se dit bon et si on en profitait? Mais on n'a pas vraiment prévu de ramener une brouette de films, alors on se tâte : quoi voir? Qu'est-ce qui nous ferait plaisir sur grand écran? Allez, merde, quelque chose de spectaculaire, on est privés de cinéma en salles ici, alors faut profiter de l'opportunité!
* Eh bien vous le croirez ou non mais on n'avait pas d'idée, on est un peu crevés, tellement crevés qu'on savait pas quel titre télécharger, on s'est mis à écumer les sites de ddl, comme par hasard rlslog était down, et par hasard on tombe sur... Event Horizon, que personnellement j'avais pas vu, mais AM était partant pour se le refaire.
* Donc voilà, les mecs ils ont un vidéo-proj et tout ce qu'ils trouvent à mater c'est un sous-Alien/sous-Solaris sympatoche mais disons pour être aimable ultra-limité.
* Faudrait qu'on dorme un peu plus, je crois.
* Lawrence Fishburne est impressionnant de flegme et de sous-jeu, stoïque et creux à un point tel que ça en devient surréaliste sur la longueur.
vendredi 16 janvier 2009
Du gaffer gris à moins de 10€.
* Me plaît beaucoup aussi la dimension bricolo de notre tournage, des solutions techniques de bouts de ficelle. Trouver un spot à 4 euros, monter à la pince à linge trois couches de papier sulfurisé Grand Jury sur un gros spot de chantier jaune, eh dis papa tu n'avais pas un néon portatif (merci Jenkoe pour l'idée) quand tu bossais dans la fosse sous la voiture? Si, si, j'en ai même deux. Et allez.
* Du côté du CNC, pour PdlBD, qu'on co-écrit avec Jiko, des oreilles s'agitent. Il pourrait bien se passer un truc. 15% de chances pour mars 2009, dixit le courrier reçu hier.
* La saison 7 de 24 commence au ras des pâquerettes, la mise en scène est indigente, le scénario nul, le nouveau casting fadasse, on est dans le nanar d'action à plein. Qu'est devenue la géniale saison 5?
jeudi 15 janvier 2009
Les Jeans.
* À repenser à ce que TBA et Jiko m'en ont dit et redit, à lire Zohiloff qui s'enflamme comme rarement, je suppose que j'ai vraiment dû passer à côté de quelque chose quand j'ai tenté The Wire. J'y reviendrai en février, quand j'aurai du temps, je retenterai, j'ai peut-être pas assez donné de temps... Ceci dit je maintiens ce que je disais sur la scène tout en fuck, du coup je suis surpris quand même.
* Rencontré Jean-C, Jean-L et Jean-B, dans cet ordre, 39, 56, 18 ans, trois ex-Sopal, chacun à leur manière, père de famille en fin de trentaine, vieux de la vieille (alias l'homme à la moustache pour ceux qui ont suivi), et jeune CAP en poche mais sans emploi. Trois univers totalement différents, plus l'âge décroît plus ça rend pessimiste, qu'est-ce que va faire Jean-B coincé sur la Pointe, de son CAP? Où ça le mène? Pas moyen de trouver un contrat d'apprentissage, etc. Jean-C porte sur son CV Sopal comme une fierté certes, fierté de la lutte tenue, mais aussi comme un boulet face aux rares employeurs, comme une marque honteuse, on n'embauche pas qui pourrait faire des vagues. Jean-L ne retravaillera plus.
* P, la femme de Jean-L, nous a coupé la chique en sortant machinalement sa lettre de licenciement d'un tas de papiers qu'elle chipotait comme ça, et puis : "Tiens ben le timbre qui est collé là, celui avec les petits oiseaux jaunes en filigrane, c'est nous qui le fabriquions, à la Sopal".
mercredi 14 janvier 2009
Bicky.
* Je ne demande plus mon Bicky sans cornichons chez Laurette. Décidément j'ai changé.
* Remember the Daze, merci SR pour le conseil et puis merci Noony pour l'upload, et puis merci Jess Manafort pour le film, absolument sublime. 26 ans la fille, premier film, boum.
* Du coup je cherche son court métrage Liminality, si quelqu'un sait où trouver ça...
mardi 13 janvier 2009
Dominos.
* On rencontre Serge, ancien Cellatex, belle rencontre, il est malade mais il vient quand même, on discute très longtemps au local de la CGT, il parle posément et ouvertement, on se tutoie bientôt, c'est assez frappant le calme olympien avec lequel il dit que rien de positif n'est en vue, le calme olympien avec lequel il reconnaît qu'on espère, sûrement vainement, un troisième réacteur à Chooz alors même que l'on n'en a pas envie, qu'on a protesté au moment où la centrale s'est installée et qu'aujourd'hui on en vient à désirer son expansion. C'est vrai qu'objectivement il n'y a rien de réjouissant, il y a peu d'espoir, mais les paysages, mais les gens, mais la neige sont beaux. Oui mais les chiffres du recensement, alors, région la plus siphonnée de France ; d'ailleurs ce titre bizarre à propos de Charleville dans l'Ardennais/l'Union, journal local, récemment, qui disait un truc du genre "51300... quand même!", ce "quand même!" obscène, comme si de n'être pas passé sous la barre psychologique des 50000 permettait de se réjouir, c'est un peu la même chose que quand le maire de Givet, alors qu'on en est, ça y est, à moins de 7000 habitants, dit "je m'attendais à pire", ah bon? À pire? Combien selon les organisateurs? Combien selon la police?
* Ce sera pire en juillet, quand le Centre d'Entraînement Commando sera fermé et que les commerces tireront la langue petit à petit, les uns après les autres, bon la pointe des Ardennes va crever, qui s'en soucierait? Il faudrait compter les panneaux "À VENDRE" en devantures...
* Le port de Givet sous la neige est une vision extraordinaire, on y est restés longtemps, parmi les tas de charbon enneigé et les grues et les pelles et le cours d'eau gelé, on n'a pas croisé âme qui vive. Je redécouvre vraiment ma région, ma ville, depuis qu'on s'est lancés dans ce tournage ; et chaque jour, avec AM, on se dit "ici on pourrait faire tel film ; et ici tel film", que des décors, partout, qui parlent seuls, mais si on veut c'est une région-bluescreen inversé, des paysages sans acteurs, d'ailleurs sans rire, c'est une idée qu'on a eue, on s'est dit que c'était une région point-and-click, je crois pas qu'on ait tort.
lundi 12 janvier 2009
La pratique.
* On se remet sérieusement au travail depuis l'arrivée d'AM. Remontage des archives, notamment, pour la "séquence diapos". Et puis surtout essais caméras et micros, essais de mise en scène pour les interviews. Passionnant, pas facile. On tâtonne, c'est très bien. Vraiment l'impression d'apprendre, de découvrir des choses folles, alors qu'évidemment ce n'est que le fil à couper le beurre, je ne fais que me poser des questions qu'un milliard de cinéastes se sont posées avant moi, mais on s'en fout, c'est très grisant.
dimanche 11 janvier 2009
samedi 10 janvier 2009
Rafles le front #4
* Etc. tous les jours ou presque (hélas) ici :
http://www.educationsansfrontieres.org/?page=rubrique-25
Rafles le front #3
Monsieur Shisheng CHEN, en France depuis le 16 janvier 2000, a été interpellé le 6 janvier 2009 au 8e bureau de la Préfecture de police et embarqué ce même jour pour un vol Paris Pékin prévu à 19h.
Débarqué à 20h30, il se trouve depuis au CRA de Vincennes.
Marié (son mariage a été célébré en 2007 à la mairie du 2e), il est le père de deux enfants nés en 2003 et 2008 - Make scolarisé en grande section à l’école maternelle Saint-Denis, Paris 2 et Solène âgée de 10 mois.Son oncle et sa tante sont titulaires d’une carte de résident et ont deux enfants majeurs en situation régulière.
Menacé par une expulsion imminente, les parents d’élèves, les enseignants, les amis, les voisins et RESF demandent la libération de Monsieur CHEN (n° d’étranger : 7503421709).Soyons solidaires et signons la pétition de soutien à la famille afin qu’elle puisse continuer de vivre ici.
http://www.educationsansfrontieres.org/?page=article&id_article=17289
Rafles le front #2
Cette famille kurde a une histoire qui se résume en quelques mots : persécutions, fuite, camp de réfugiés… Quand nous écoutons le récit de leur vie on se perd dans l’histoire tumultueuse des persécutions interethniques.Certains membres de la famille sont reconnus syriens d’autres arméniens, reconduire cette famille impliquerait de la disperser. Les reconduire où puisqu’ils n’ont pas de nationalité ?Arrivés en France en 2004 pour demander l’asile, ils furent comme bien d’autres déboutés de tous les recours possibles, puisque aussi mal défendus.Le père de famille, Mourad, souffre des suites d’une blessure au ventre (éclat d’obus), le grand père et le beau père sont décédés et inhumés en France.En mars 2008 tous les membres de la famille sont frappés d’une OQTF, en juin la requête fut rejetée par le TA de Rennes, ce tribunal estima que l’état de santé du grand père n’empêchait pas une reconduite à la frontière, il est décédé le lendemain du jugement…Aujourd’hui restent à Saint-Brieuc : Noure, la grand-mère, Khatoum et Mourad, les parents et leurs 3 enfants, Nazeli, Sack, scolarisés à l’école Berthelot et David, 14 mois.Ils ont fait appel et attendent dans l’angoisse, la préfecture reconnaît qu’elle ne peut les reconduire, mais il ne faut surtout pas les régulariser !Nous signataires de cette pétition demandons que le calvaire de cette famille cesse, nous demandons leur régularisation dans les plus brefs délais.
Rafles le front #1
Une famille avec 3 enfants vivant à Avignon est menacée d’expulsion. Monsieur Slavko ADZOVIC, 29 ans, est un rom du Monténégro qui a quitté son pays il y a 10 ans pour ne pas être enrôlé dans l’armée serbe. Son épouse Branka a subi de graves exactions de la part de la police. Cependant toutes leurs demandes d’asile ont été rejetées en Belgique, en Suisse et de nouveau en Belgique. Depuis juillet 2008, ils vivent en France avec leurs 3 enfants, nés en Europe : Slavisa 8 ans, Linda 6 ans et Samuele 4 ans.Ils ont déposé à nouveau demandes d’asile et de séjour. En situation de non-droit, ils ont réussi à survivre, à élever leurs enfants et à les scolariser.
Les enfants sont heureux et épanouis. Slavko pourrait vivre de son travail (il est mécanicien) et Branka est prête à faire des ménages ou tout autre travail. Ils parlent correctement le français et ils ont noué très vite des relations chaleureuses avec de nombreux avignonnais.
Mais leur demande d’asile a de nouveau été rejetée. La préfecture leur a refusé le séjour et ordonné de quitter le territoire. Le tribunal administratif a confirmé. Ils ne peuvent donc pas rester en France. Mais pour aller où ? Ils n’ont pas de passeport. Le consulat du Monténégro refuse de les reconnaître.
Devant cette situation absurde et humainement insupportable, nous demandons à monsieur le Préfet de Vaucluse la régularisation de la famille Adzovic avec attribution d’un titre de séjour aux parents leur permettant de travailler.
Signez la pétition : http://www.educationsansfrontieres.org/?article17297
RESF 84 - Collectif de soutien à la famille ADZOVIC
C/O MRAP, 26 rue des teinturiers, 84000 AVIGNON 04 90 86 80 31
vendredi 9 janvier 2009
Je ne dors toujours pas.
* J'en chie avec cette histoire de sous-titres. C'est quand même dommage d'avoir un fichier .srt, de l'avoir converti en .txt comme nécessaire et de ne toujours rien comprendre au fonctionnement de DVD Studio Pro. Je dois être un peu limité...
* Du coup comme je veux faire un DVD st-a assez vite, Final Cut Pro mon amour, je la joue à l'ancienne, quand j'ai cinq minutes.
* C'est longuet.
* Ah oui, j'ai mis un teaser sur le blog de Passemerveille.
* Et j'ai essayé de regarder Peur(s) du noir hier, et Marseille d'Angela Shanelec aujourd'hui, incapable de les regarder en entier tant je m'y faisais chier. Peur(s) du noir est étonnamment hideux.
mercredi 7 janvier 2009
mardi 6 janvier 2009
Mortel.
* J'ai reçu ce même jour les nouveaux Cahiers (encore oublié de me désabonner, je le fais exprès) et le nouveau Mad (en bundle pour ce dernier avec Impact, qui donc reprend). Plouf plouf, ouvert les Cahiers en premier, refermé en une minute. Voilà. Ça sent la grosse branlette sur le dernier Albert Serra. C'en est inquiétant. Zohiloff va adorer toutes les pages sur l'éducation et l'action culturelle.
* Le nouveau Mad a plus de pages, on y reste plus longtemps. J'aime bien que la plupart soient restés tolérants, dans le tableau de notes, malgré la nulle critique de l'époque, avec Le Jour où la terre s'arrêta, film sans doute pas terrible mais qui est bien la seule chose, à part Eagle Eye, qui m'ait plu au cinéma récemment. J'aime vraiment beaucoup Keanu Reeves, j'ignore pourquoi, ce côté Tom Cruise de fin de série, peut-être, je ne sais pas, le masque de son visage...
* C'est que je m'étais promis, le temps que je serais à Paris, de passage pour le nouvel an, d'aller au cinéma ; et c'est quand même la plaie de savoir quoi aller voir, il n'y a rien, comme on dit. J'ai même fini par aboutir dans la salle du dernier Varda, film abominable, film d'embaumeuse, en le voyant je me disais les "Spectres du cinéma", du nom de cette revue, ont gagné : tout le monde fête ce film qui fleurit la tombe d'un cinéma qu'il a lui-même creusé. Varda en taxidermiste du cinéma, je trouve que Chauvin dit ça assez bien dans la deuxième partie de sa critique, à laquelle je n'adhère pas totalement, mais j'aime bien ce passage quand il dit : "Il y a pourtant quelque chose d'un peu malaisant ici : l'absence complète du cinéma d'aujourd'hui dans l'œil curieux de Varda. La jeunesse s'y résume aux assistants et à la famille. Nul jeune cinéaste, nul jeune acteur (hormis son fils, Mathieu Demy) ne viendra faire un tour de piste et égayer un peu ce sombre paysage. Agnès Varda a beau dire, in fine, que plus que le monde, c'est le cinéma qu'elle habite, on ne peut s'empêcher de penser que pour elle, rien n'existe d'autre que le cinéma qu'elle et ses pairs des années soixante ont inventé. Terrible non-dit, terrible impensé que cette non-présence. Au sortir du film, le spectateur reste anéanti par tant d'abandons à la mort, par tant de vieillissement, la cinéaste refusant tout héritier, toute passation. A ce titre, la maison cinéma qui clôt le film (Varda trônant au milieu d'une pièce entièrement constituée de rubans de pellicule lors de son exposition à la Fondation Cartier), apparaît moins comme une maison généreuse et ouverte aux quatre vents, que comme une sorte de tombeau qui engloutira le cinéma lui-même quand l'inéluctable finira par se poser sur la cinéaste."
* Tout ça pour dire que je repars ce midi dans les Ardennes, pour trois semaines, en tournage.
* Je suis très heureux d'écrire ça, en tournage. Vers la vie, donc.
* Le nouvel album de Françoiz Breut est absolument sublime. Ça ne surprendra personne.
* A plus.
lundi 5 janvier 2009
En ce moment je lis ça :
* Eh ben c'est vraiment pas mal du tout. J'avais un peu peur du truc de groupies, mais ça se permet d'être critique (heureusement!) et intelligemment fait. Quant aux documents à proprement parler, puisque c'est quand même l'intérêt premier du truc, c'est en la matière, comment dire, très généreux. Les reproductions des pages du bouquin de Marcel Sacotte, "La Prostitution", j'adore cette maquette de photos découpées, cette attention presque roman-photoesque pour illustrer cette espèce de Que sais-je? qui inspira Vivre sa vie...
* Le reproduction des pages "Que faire?" est assez fascinante et me fait réfléchir, notamment dans le cadre d'un projet que j'écris avec Jiko pour Jenkoe, pendant la pause des Dragons (mais aussi sur les Dragons). Et sans doute aussi le méconnu et polémique "manifeste" palestinien du groupe Dziga-Vertov, précisément le passage sur le montage, sur les trois plans possibles à monter, sur leur ordre de montage, sur quel ordre est celui de la télévision, quel ordre peut être celui du cinéma.
* Sur le DVD, pas encore regardé, il y a la Lettre à Freddy Buache (que j'ai vu étudiant sans y rien comprendre), Meeting Woody Allen, Closed Jeans - M+F Girbaud, Closed - M+F Girbaud, Metamorphojean - M+F Girbaud et On s'est tous défilé.
samedi 3 janvier 2009
vendredi 2 janvier 2009
T'es jamais rien qu'une pub #1
* Passemerveille sera projeté au Cinéma des Cinéastes le 31/01/09, à midi.
* Pour la peine, je remets en activité ce blog.