samedi 21 juin 2008

3PM, P2P, CQFD.

* Je néglige peut-être quelque chose, en regrettant la propension aux plans-visages chez Forestier, c'est qu'il faut préciser que ce n'est pas du plan-visage de télévision, je veux dire par là qu'on n'est pas dans ce cinéma français qui ne songe qu'à son pré-achat et décide en conséquence que ses acteurs n'ont pas de corps, n'ont pas de jambes. Le poids des corps, au contraire, est constant dans la Troisième partie du monde, même quand il est absent du cadre ; il y a, c'est remarquable, cet érotisme du visage reflétant le corps, du visage féminin surtout. Forestier filme des visages parce qu'il sait le faire, comment le faire, comment les éclairer, pour dire quelque chose en plus par leur seule appréhension.

* Ainsi cette lutte sourde qui oppose Emma et Chiara, et qui ne s'oralise quasiment pas, vous avez remarqué comme Poésy est soudainement moins belle lorsque sa rivale est là? Vous avez remarqué comme l'angle sous lequel Forestier filme son visage varie légèrement alors? Vous avez remarqué que l'érotisme est omniprésent, alors même qu'on ne voit pas l'ombre d'un téton ou d'un sexe ? (voilà aussi qui change du tout-venant hexagonal) Il me semble que Poésy est de trois quarts ou de profil quand elle doit plaire, quand elle doit séduire, quand elle doit mutiner et frayer un chemin à son regard coquet entre les mèches gamines qui lui glissent sur les joues. Mais lorsque l'œil noir de Maya Sansa la scrute, les beaux accidents du visage de Poésy deviennent autant de défauts, filmés de face sous un éclairage terne. Cette façon qu'a Forestier de, dans un sens, faire sentir les seins lourds de Sansa, sa stature mûre et fière, versus celle de Poésy, dans son seul visage, dans le seul trait mince et froncé de son sourcil, c'est aussi ça, cette subtilité physique, parfois chichiteuse bien sûr, je l'ai dit hier, mais souvent élégante, qui l'emporte, dans 3PM (contre la forêt des nullités nationales).

* Parce que ce n'est pas sur La Personne aux deux personnes qu'il faut compter, rayon subtilité. J'aimais pourtant bien Nicolas & Bruno au temps du Message à caractère informatif, mais P2P, c'est interdit. La bande-annonce avait ceci de bon qu'elle était fiable : on est vraiment au ras des pâquerettes. Jeu abominable, dialogues surécrits et nuls, fausse bonne idée de pitch, humour sinistre, et surtout mépris pour tous les personnages, détestés et moqués de bout en bout (comédie française, donc...). Vrai film de droite, songeais-je plus tard.

* Je ne sais plus qui de ma proche blogosphère (IU je crois?) inspectant avec circonspection la filmographie de Daniel Auteuil, se demandait comment, avec une telle collection de navetons, l'acteur pouvait être à ce point populaire. La question reste ouverte.

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