* Jiko/Watchmen, ça continue (les parties en italiques sont un résumé de mon cru, pour faciliter la lecture) :
"(...) on peut se demander si le ralenti, qui est souvent une attention supplémentaire au mouvement dans sa précision, est le meilleur moyen de reproduire le geste fixe du dessin. Le Hulk de Ang Lee fonctionne très bien pour ce qui est des mouvements du personnage, et je crois me souvenir qu'il n'y a aucun ralenti.* Au fait il semblerait que sur certains écrans d'ordi, la reproduction de "The craft" était coupée. J'ai donc appris à élargir les colonnes sur blogspot. Vous pouvez me dire, ceux qui étaient concernés, si c'est réglé maintenant? Ça déséquilibre un peu la mise en page, cet élargissement, mais bon, question d'habitude je suppose...
Mais je suis assez d'accord avec (l'idée que le ralenti est une façon de reproduire les poses des protagonistes dans les cases), surtout pour ce qui est de l'aspect iconique des comics. Je trouve quand même que ça ne s'applique qu'à un certain aspect des choses, par exemple pour la pleine page, plus proche de l'illustration que de la case. Parce que souvent, contrairement aux mangas par exemple, le comics est bavard, et si le dessin est effectivement figé, je ne dirais pas que la case est fixe. Il y a des temps et des espaces différents qui cohabitent souvent dans la même case.
Il y a typiquement une figure de style propre aux comics de Spiderman, qui marche très bien au ralenti dans les films :
Là, le mouvement est décomposé, le temps aussi (plusieurs bulles qui s'enchaînent dans des temps non simultanés), sa traduction en ralenti au cinéma est complètement justifiée, mais justement parce que la case n'est pas homogène dans l'espace-temps, qu'elle n'est pas réellement "fixe" narrativement, mais que l'unité est maintenue par l'attention au mouvement.
Souvent, par contre, les temps sont décomposés, pas synchros, et le temps du texte n'est pas réellement celui du dessin.
Là l'action se fait en ellipse et c'est le texte qui se charge de remplir les blancs. Et là encore, la case n'est pas fixe, du temps y passe, plusieurs temps différents se superposent (celui du texte et celui de l'image) et la seule homogénéité est celle de l'action, de la scène. Comme souvent dans les comics, on a le mouvement qui s'amorce, et le mouvement qui se termine. L'action est représentée mais pas entièrement dessinée, rien n'est figé, c'est un bloc d'espace-temps qui se déroule dans le temps de lecture, ça n'est pas "fixe".
Je sais bien que le dessin lui ne bouge pas, je ne cherche pas à jouer sur les mots, juste que l'iconisation d'une action en BD se fait beaucoup de cette manière-là, plus que dans une pleine page statique, une couverture (qui compte beaucoup dans l'imaginaire de la représentation des super-héros) ou une succession de cases muettes.
Et le mouvement en lui-même n'est pas représenté. En BD, c'est beaucoup plus efficace en terme de rythme, la lecture est beaucoup plus dynamique, et l'action y est mieux représentée dans le contexte d'une lecture. Là, si le réalisateur décide de représenter la scène au ralenti, c'est un choix de metteur en scène qui n'est pas du tout dicté par la nature et le langage du médium adapté.
(...) 300 fonctionne sur une mise en page dynamique, format à l'italienne qui se rapproche du cinémascope, et représentation de l'action presque picturale, avec des lignes de force et de mouvement, mais presque en image fixe.
Du coup, le ralenti (à la Snyder) semble cohérent, on se rapproche de la pose, on cherche à fixer le geste héroïque. Au delà de la question du goût (moi je trouve que le résultat est moche dans cet exemple-là chez Snyder), le parti pris peut effectivement se justifier par rapport aux origines comics de l'œuvre.
Chez Watchmen ça se passe autrement :
Je suis allé chercher une des rares scènes d'action (y'a bien la scène avec Ozymandias qui pète un peu plus mais bon c'est peut être spoiler). On voit bien que le découpage n'est pas du tout porté vers le dynamisme, on reste dans un gaufrier rigide, avec un dessin assez détaillé qui ne cherche pas à fluidifier spécialement la lecture de l'action. Rien n'est iconisé, le mouvement est simplement représenté par un mouvement de flamme, il y a beaucoup de texte, et à part les couleurs qui donnent un sentiment d'urgence et de danger, on ne peut pas vraiment parler d'esthétique du geste ou de la pose (et c'est cohérent dans une optique réaliste et humaine, voire banale, du super-héros).
Traiter les deux comics de la même manière, avec la même mise en scène, c'est un choix de metteur en scène qui n'a rien à voir avec l'origine comics des histoires. Dans le cas de Snyder, on peut y voir un tic ou une signature si on est gentil, mais certainement pas le résultat induit par une origine commune.
Tout ça pour dire que si le ralenti est certainement une figure de style qui se prête bien aux super-héros et leur iconisation, c'est plus dans une idée cinématographique (la puissance dans le ralenti, la contre-plongée, les dieux du stade quoi) que dans la nécessité d'adapter la case fixe du comics. Et même si ça marche parfois (Spiderman (...) Blade), ça marche pas partout, et surtout pas pour Watchmen.
Maintenant, Snyder, il fait ce qu'il veut, mais je maintiens que ses ralentis dans Watchmen c'est du gimmick."
* Avec tout ça, me voilà linké sur le blog d'Eddie Campbell!
1 commentaire:
Et avec tout ça te voilà aussi linké sur mon blog.
Au plaisir de faire ta connaissance un de ces quatre.
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