* J'ai l'impression de vieillir à vitesse grand V, à force de perdre le sommeil sur le montage de Passemerveille... Expérience douloureuse, encore : l'avoir montré à tous les gens dont l'avis m'importait, avoir reçu leurs retours sereinement (en gros : film confus et brouillon dans l'écriture, structure en dents de scie, mais potentiel visuel qui semble marquer) (ce qui reflète parfaitement le parcours de production : pas assez de travail d'écriture avant le film, pas assez de travail d'écriture après le tournage, mais vrai vrai plaisir au tournage, exactement le temps qu'il fallait, l'équipe qu'il fallait...) (et donc ça s'en ressent, clairement, c'est à ça qu'elle sert la production, c'est elle qui peut faire la différence), avoir écouté leurs retours, tenté de comprendre leurs points de vue, avoir tenté d'en tenir compte au mieux, sans me perdre moi-même, dans un remontage, une réécriture de fond, qui m'a enfin apaisé quant au film, qui m'a réconcilié avec lui, et qui semble avoir assez convaincu les personnes qui ont pu le revoir... Tout ça pour? Tout ça pour que la projection de demain soit annulée et qu'à la place je ne croise qu'un prof, qui, à mon grand abattement, m'avoue sans embage sa déception : la version d'avant, selon lui, était bien meilleure.
* Donc que faire? Moi je lui dis : c'est la version que j'aime, en tout cas la version que je préfère jusqu'à présent. Et je l'écoute et pour moi il délire, il me parle de trucs qui n'ont pas changé depuis la V1, la toute première version bordel, et qui soudain en fait seraient complètement ratés, pas lisibles, pas clairs, moches même... À croire qu'il les découvre là... Puis il crise sur une séquence disparue, une séquence qu'il m'a déjà coûté d'enlever, celle de Noony, que j'avais gardée jusqu'à présent, mais qui n'avait plus grand sens dans la continuité narrative ; eh bien il ne voit que l'absence du plan, il ne regarde pas ce que le film donne sans, il constate juste qu'il n'y est plus, ne veut pas savoir pourquoi il n'y est plus, veut que je l'ajoute au chausse-pied.
* Alors bien sûr, vous allez me dire, je peux pas à la fois regretter que l'implication des tierces personnes fût jusqu'à présent minuscule, et à la fois rejeter tout ce qu'on me dit. Même si bien sûr il y a le fait que c'est bien trop tard, que c'est facile d'arriver si tard pour dire que ça et ça et ça est raté. Bon mais je me raisonne, je me convaincs d'essayer, je sais que par exemple avec Kaherk, j'ai fonctionné au refus tout le long, je lui ai dit "non" à chaque proposition, toujours d'abord "non", il a vite compris que ça fonctionnait comme ça, qu'il fallait que je dise d'abord "non", que j'avais trop peur de mal faire, d'abîmer, si bien que j'étais dans un protectionnisme parfois aveugle. Mais une fois que j'ai amadoué la proposition, que je l'ai apprivoisée façon renard du Petit Prince, je peux l'aimer.
* Donc je soupèse. Bien sûr moi aussi je les aimais beaucoup ces plans de Noony, mais il y a un moment où si l'amputation est nécessaire, bah on ampute, là. Mais allons-y pour un contre-avis médical, je tente la greffe ailleurs, je sais bien que je vais encore y passer la nuit, si ça se trouve je m'apercevrai que c'était tout à fait jouable, sans abîmer le film. Et même j'en serai ravi! Mais merde, ce qu'ils s'y prennent tard! Et mal!
* N'empêche, hein, quand il me dit d'ajouter du "gag-esque" (sic) les bras m'en tombent...
mardi 22 juillet 2008
Passevermeil.
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2 commentaires:
Rah ça a l'air d'être la galère... Bon courage mec!
Je meurs... ce matin au téléphone : j'apprends qu'il trouve le passage de la foire mignon, rigolo, "les gens adorent ça, les enfants adorent ça", il tombe des nues quand j'essaie de lui dire les choses plus clairement, que je dis "cauchemardesque", par ex... bigre...
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