Je rentre plus tôt que prévu (ça va fais pas la gueule c'est moi le premier emmerdé dans l'affaire), la production me rameute à Paris, parce que soudain il faudrait changer la structure. Moi ça ne laisse pas de me surprendre, parce que c'est vraiment subit, cette envie, alors voilà ils veulent une nouvelle version pour le 22 (on enregistre toujours le 25, tu vois comme le calendrier est serré), je t'avoue que ça commence à m'épuiser cette histoire. Un jour faudra que je te raconte comment ça s'est passé, cette post-production (quoique que sur la pré-prod y'aurait déjà beaucoup à dire) (quant à la production pendant le tournage, il n'y en avait simplement pas, ils étaient "en déplacement"). Dans la nouvelle version, on ne sait pas bien ce qu'il doit y avoir, c'est bien le problème, puisque personne n'avait le droit d'assister à leur projo-test du 10, et que du coup on a des retours un peu heu imprécis, pour dire le moins. Ah si, on m'a parlé de botanique, je vois pas bien pourquoi, ou bien c'est qu'ils ont confondu zoologie avec botanique, tout est possible... Et si j'ai bien compris donc ils veulent que ce qui advient aux 3/4 du film soit la fin, mais ils n'ont pas vraiment de solution pour ce qui est du dernier quart, il faut le déplacer, changer l'image, changer le son, ils savent pas trop, du coup moi non plus, puisque le film a une structure qui selon moi fait sens et enlever le dernier chapitre, ou même le déplacer, ça me paraît louche... Bref, il faut que je leur écrive un mail, une nouvelle note d'intention si tu veux, leur réexpliquer, comme me disait T hier au téléphone, il faut que je fasse la moitié du chemin et ils feront l'autre, ce qui signifiera sans doute simplifier toujours et encore plus, expliciter, stabyloter. Téléviser. Eh oui. Le film y survivra comme possible, je t'avouerai que ça commence à me dépiter tout ça.
Donc je rate le bal du village du 13 au soir, à la place je serai dans le train, wagon-couchette (?), arrivée Gare de Lyon le 14 au matin pour être sur le pont dès le 15. Coïncidence : coup de fil ce matin de Simon Kansara (dont I wanna be your dog passera aussi à Lussas, dis, ça va bien pour lui, c'est chouette) qui voulait venir me visiter à Villeveyrac dimanche et rester quelques jours, avec Pablo en plus. C'est ballot, hein? Je les aurais emmenés à Balaruc-les-Bains, ville sublime, où je me suis perdu avant-hier avec joie, no man's land portuaire, cimetière de bâteaux en déshérance, hangars désaffectés bouffés par la rouille, Dancing Nostalgia en perdition, superbe, vraiment... Je m'y suis fait courser par un chien errant, grognant, aboyant, ce qui m'a conduit de l'autre côté de Balaruc, côté peuplé, côté balnéaire, où les curistes sexagénaires et plus bronzent sur la plage, on se serait cru au début de ce bouquin de Brussolo sur l'épidémie d'os de verre...
Ah oui, je suis en train de regarder les Depardon que m'a laissés Arnaud : Urgences, Faits Divers, Reporters... Je comprends ce qui l'y fascine, les systèmes esthétiques qui se mettent presque naturellement en place, le montage formidable (Arnaud est un monteur patient, j'imagine qu'il doit être ébloui par certaines séquences, les jump-cuts sur plusieurs jours dans le cabinet du psy, par exemple, avec la vieille dame qui se dégrade physiquement à mesure qu'elle se dégrade psychiquement), et puis cette dramaturgie de l'attente, du suspens de peu de choses, cette façon aussi de finir dans le feu de l'action, de "couper court", il y avait déjà ça dans 10è chambre. Je veux dire qu'il suffit de voir quelques minutes de ces Depardon-là pour comprendre que ce sont des Depardon, les panos brutaux, l'existence concrète du caméraman et de l'équipe, l'adresse à la caméra, et toutes ces séquences dans le noir et la confusion, confusion toujours d'une précision extrême, magnifique paradoxe, je sais pas si tu l'as vu, Mamie, Faits Divers, mais tu te souviens vers la fin, cette séquence de nuit dans la foule, le type en sang embarqué dans le panier à salade, et la femme qui reste accrochée à la porte et tombe violemment à terre quand le fourgon démarre? Cette impression d'abord que tout est trop noir, qu'on va n'y voir goutte, n'y entendre mot, et pourtant quelle tension, quelle évidence, ça t'a pas rappelé certains des plus brillants épisodes de The Shield?
Bon je te laisse, à 17h30 je vais boire du lait de chèvre frais.
XOXO
vendredi 11 juillet 2008
Mamie, en fait,
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5 commentaires:
C'est '33 ou Zohiloff que tu copies en tutoyant ton blog ?
En tout cas je trouve déjà ça ringard, désolé de te le dire. Et ça n'est pas toi.
(avec la lettre à Mamie, ça passait : il y avait un destinataire).
ma mamie n'est pas ringarde.
pis les mouches reviendront à paris, et redeviendront des mouches.
dis, t'as qu'à dire à la prod que t'es en vacances, que le bal c'est important pour toi, mais qu'après les vacances tu veux bien considérer leurs remarques... tu serais pas le premier...
j'aurais bien aimé pouvoir faire ça, s'il n'y avait pas eu l'impératif de l'enregistrement de la voix off le 25, je l'aurais fait.
quant à repartir le 13 plutôit que le 14, c'est la seule date où j'ai pu trouver un billet dans mes frais, sinon c'était du 100 euros et là c'est plus possible...
Ce film sera ton Apocalypse Now.
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